La Lumière contre l'Ombre

Ruby apparut à l’ombre du Manoir Blake du Coudray, un regard plus que furieux. Marchant d’un pas décidé, elle alla vers les grandes portes et entra, ne manquant pas de le faire claquer derrière elle. Sous les regards ahuris et apeurés des serviteurs, la commandante barra la porte. Comment avait-il put lui faire une telle chose? Comment avait-il put aller dire qu’il voulait quitter l’armée sans lui en parler en premier? Elle pivota sur ses talons et monta quatre à quatre les marches du grand escalier principale. Un homme représentant important les seigneurs des terres de la baronnie, qui venait lui parler de sujet important, l’attendait dans le haut de l’escalier.

« Ah!! Mademoiselle Blake, je vous attendais. Je doit vous parler au sujet de… » mais à peine eut-il le temps de commencer à parler que la jeune femme posa sur lui son regard rougeâtre et le poussa par dessus la balustrade du couloir qui donnait une vue sur l’entrée. L’homme tomba, mais fut rattraper par les domestiques. La femme continua son chemin, sans aucun réaction envers l’homme ayant chuté d’un étage. Elle ouvrit la porte de son bureau et la claqua derrière elle à son tour. Les serviteurs gémirent doucement, conscient que de la menace de l’ombrageuse lorsqu’elle était dans un tel état, et fuirent au leur cartier à l’exception du portier.

Dans son bureau, Ruby bouillait à l’intérieur en faisant les cents pas de la porte au bureau. Finalement, elle s’arrêta à son bureau, ferma les yeux et posa les mains a plat sur le bois du bois. Soudainement, elle saisit un vase et le lança contre la porte du bureau derrière elle. Le bouquet de rose rouge s’écrasa en premier contre la porte avant de tomber au sol dans un bruit sourd avec les morceaux du vase brisé. Elle pouvait entendre cogné sur les grandes portes du Manoir. Elle marcha d’un pas rapide vers la porte, l’ouvrit et cria au portier :

« Ose ouvrir cette porte et tu connaitras le force de ma fureur. »

L’homme regarda la porte, puis la commandante, et à nouveau la porte. Devait-il ouvrir au conseiller de la Dame Blake, Lysandre d’Asthalith, ou obéir les ordres de cette dernière? Dans sa main tremblante se trouvait le trousseau de clé, mais n’étant pas décidé, il ne bougea pas. Il regarda la Barone une dernière fois qui le foudroyait de son regard rubis. Elle l’effrayait, comme elle effrayait tous les autres, car il savait qu’elle mettrait en pratique ses menaces. Il déglutit et la femme tourna les talons pour retourner vers le bureau en claquant la porte. On aurait presque put dire que les murs avaient tremblés lorsqu’elle avait fermé la porte.

À nouveau dans le bureau, l’ombrageuse marcha jusqu'à la fenêtre et ferma les rideaux puis retourna pour verrouillé la porte de la pièce. Elle se dirigea vers l’ombre au coin de la pièce et se téléporta dans leur chambre où elle s’empressa de fermer les rideaux aussi. Dans la chambre se trouvait un petit bureau et la jeune femme s’y dirigea. Un beau vase y était posé avec un autre bouquet de rose rouge. Des pétales décollèrent des tatouages de la femme et coupèrent les fleurs de leurs tiges pour les faire tomber au sol. Elle saisit les tiges, ignorant les ronces qui lui perçaient la peau de la main, d’une main et le pot de l’autre. Son regard se posa sur la porte. Elle ne l’avait pas verrouillé et elle voyait déjà la poignée tournée. La porte s’ouvrit lentement et la femme serra ses doigts autour des objets qu’elle tenait, enfonçant un peu plus profondément les ronces des tiges de rose.

Elle était plus que furieuse, elle était enragé, ou du moins ce fut ce que pensait d’elle les domestiques. Ce n’était pas le fait qu’il veuille quitter l’empire qui l’avait mit dans cet état, mais plutôt qu’il ne lui en avait pas parlé. Elle était sa supérieur, ou du moins l’avait été. Comment avait-il put aller voir quelqu’un d’autre pour démissionner? Elle se sentait exclu. Elle qui l’avait inviter à venir rester avec elle à la Baronnie, elle qui était prête à tout risquer pour lui. Avec la Victoire d'Aile Ténébreuse contre Galaad et les rebelles, elle s'était douté qu'il quitterait l'empire. Elle comprenait aussi pourquoi. Elle restait avec l'empire pour d'autres raisons.

La Lumière contre l'Ombre. L'Ombre contre la Lumière. Alliance impossible ou éternel combat ? Le doute n'avait jamais été aussi immense dans le cœur de l'un ou de l'autre. Union, rapprochement, sentiments naissants à la base d'une rencontre au pied d'un cerisier entre un subordonné et sa supérieure hiérarchique direct. En ce temps-là, le Lion d'Or avait encore foi en sa capacité de protéger le peuple depuis sa place dans l'Armée d'Aile Ténébreuse. Le protéger ? C'était un vaste idéal. Finalement, la Rébellion elle-même lança l'assaut final sur la Capitale de Sen'tsura. Pourquoi ? Était-ce la faute de Galaad, d'Issendra ou encore Albar ? Le Lion d'Or aurait payé cher pour connaître l'identité du coupable. Une bataille sans merci opposa les deux camps. Il n'était pas question de prôner le Bien ou le Mal mais plutôt un combat entre deux idéaux différents. Finalement, Galaad mourut et tandis que quatre êtres démoniaques héritèrent d'une réputation sans précédent, le Lion d'Or pensa tomber en enfer. Le Roi-Démon avait gagné une nouvelle guerre et l'oppression devint encore plus grande. Les Rebelles l'avaient prouvé eux-mêmes, ils n'étaient pas la solution pour mettre à terre le courroux d'un tel monstre presque divin. Le développement du Culte de Zelphos l'horrifiait et de plus en plus de citoyens commençaient à y prendre part, considérant ce dernier comme étant une valeur sûre pour vivre plus longtemps dans ce monde devenu dangereux et incertain.

De là naquit la décision de Lysandre d'Astalith de quitter l'Empire d'Aile Ténébreuse. Il n'avait plus rien à faire dans une institutions dans laquelle il ne pouvait de toute façon plus lutter. Il avait tenté de se rabattre sur le problème des Adorateurs de Nayris mais les diverses tentatives de découvrir un remède échouèrent sous l'égide d'Antripus qui finit même par disparaître dans des circonstances inconnues. Plusieurs fois, la situation lui avait échappé d'un cheveux et son cœur encaissait de plus en plus difficilement tout cela. Comme lorsqu'Aile Ténébreuse conquit le trône de Sen'tsura quelques années auparavant, le Lion d'Or ressentit un besoin de tout quitter et de se réfugier dans Drayame. Bien sûr, sans en toucher un seul mot à la Commandante de la Cavalerie de l'Armée d'Aile Ténébreuse, Ruby Blake, qui était également sa compagne. Il n'avait pas eut le courage d'aborder le sujet avec elle, craignait principalement qu'elle se fasse une joie de la victoire de l'Empire du Roi-Démon.

Mais cette fois-ci... Même Drayame n'était plus un refuge sûr pour lui. En effet, le Conseiller Noir Saeros Yggdrasil commandita l'assassinat de la Reine des Elfes et fit tomber la région sous le joug démoniaque de son Roi. Où se cacher ? Où retrouver des forces ? Il parvint à rejoindre désespérément ce lointain endroit dans Drayame où reposaient les tombes de ses anciens compagnons de l'Ordre de la Rose Blanche. Ce sanctuaire fut son seul lieu de repos durant plusieurs jours et lorsqu'il se sentit de retourner sur ses pas, Lysandre fit l'étrange rencontre d'Alyna Minali. Quelques jours plus tard, soit un mois après son départ des forces du Mal grandissants, le Lion d'Or revint au Manoir de Ruby Blake du Coudray. Cette fois-ci, il se sentait capable d'affronter son regard et de lui expliquer sa situation ainsi que ses choix pour le futur.

Et c'était malgré les avertissements et les craintes du personnel que le Lion d'Or ouvrit la porte de la chambre de Ruby. Au premier regard, elle était furieuse et en colère. Elle venait seulement d'apprendre qu'il avait déserté ? C'était possible, elle devait avoir été très occupée ces derniers temps et eux deux seuls savaient qu'il pouvait s'écouler quelques semaines sans qu'ils n'aient le temps de se voir. L'air un peu fier et impérial, le Paladin de l'Ordre Nouveau de Yehadiel planta son regard d'or dans le sien mais ne laissa rien sortir de sa bouche. Il voulait d'abord l'entendre elle. Pour le meilleur et pour le pire.

Ruby vit s'ouvrir la porte. Elle savait que c'était lui. Il lui avait menti, voir avait fuit. Comment avait-il put faire une telle chose? Entre la colère et la douleur, la commandante posa sur lui des yeux plus écarlate que la normale. Elle serra ses doigts un peu plus autour des tiges de rose. Son autre bras se lave et le vase fut projeter en direction de Lysandre, mais alla se fracasser contre le mur près de lui. Son intention n'avait pas été de le blesser directement, jamais elle ne serait pardonner une telle chose. Elle recula, ses doigts se serrèrent encore autour des tiges. Elle sentait la douleur des épines qui s'enfonçait dans sa paume.

'Traitre! Salaud! Comment as-tu put me faire une telle chose?' pensa-t-elle sans toutefois avoir le courage de le dire.

Elle ferma les yeux, lui tourna le dos et passa sa main libre entre les rideaux, elle ouvrit l'une des grandes portes du balcon. Elle sortie, sans même lui avoir dit un mot. Le silence était-il plus douloureux encore que les paroles? Elle laissa les rideaux se refermer doucement derrière elle et déposa son regard sur l'endroit même où elle s'était donner à lui. N'avait-elle pas prouver qu'elle était prête à tout pour lui? Elle fit quelques pas dans cette direction puis s'arrêta. Depuis la victoire des pro-ats, Ruby avait du hâté ses plans. Le démon gagnait plus rapidement que prévu et les recherches de Ruby pour sa famille, entre autre chose, n'avançaient pas assez vite. Elle cherchait à se faire une place et à mettre en action ses autres plans en action. Il fallait former et enfin créé la Cabale des Ténèbres...

Elle se tourna vers les rideaux et revint sur ses pas. Lorsqu'elle pénétra à nouveau dans la chambre, elle posa sur son aimer un regard aussi froid et dur que la Glace. Il était temps de discuter, de lui faire comprendre ce qu'il avait pu faire bien qu'il devait sans douter.

"Alors, lorsque tu as quitter la cavalerie, il ne t'es jamais passer par la tête de venir l'annoncer à ta supérieur?" sa voix n'aurait pas pu être aussi froide qu'à ce moment même.

Elle restait debout devant les rideaux, sentant le vent frais pénétré et lui caresser le dos. Il verrait un côté de lui qu'il n'avait jamais vu encore. La Furie Noire n'était pas qu'une simple légende, c'était un risque pour toutes ombrageuses.

'Traitre!' pensa-t-elle à nouveau.

De peur que sa douleur ne la trahisse par son regard, elle détourna les yeux et marcha vers son bureau. Elle déposa les tiges de roses sur ce dernier, retenant une grimace de douleur lorsqu'elle déplia ses doigts et les retira doucement. Bien que les épines n'est pas été très grosse, ni très longue, elles s'étaient enfoncer assez profondément pour laisser quelques blessures mineur dans la paume de sa main. Elle ignora ses petites blessures et regarda Lysandre à nouveau. La douleur serra son coeur, un poids sur sa poitrine semblait la comprimée. Il l'avait blesser.

"Comment as-tu pu?" eut-elle le courage de murmurer à son intention. Elle repris les tiges, serrant la main autour de ses dernières.

Elle se tourna vers les rideaux, les ouvrant un après l'autre, dévoilant le balcon. La jeune femme se tourna à nouveau vers l'ancien cavalier.

"J'ai mit en toi la plus grande confiance." commenca-t-elle en faisant un pas vers lui. "Malgré ce que tu m'as dit, malgré tes croyances, malgré tout. Je t'ai fais confiance, Lysandre." sa voix sembla se briser sur les derniers mots.

Elle voulu briser la distance entre les deux, mais ne le fit pas, craignant que si elle s'approchait plus, elle perdrait maitrise des ses émotions et fondrait en larmes. Elle l'aimait de son coeur, de tout son corps. Était-ce là sa faiblesse? Son amour pour lui, cet attachement à un homme croyant en Yehadiel? Était-elle complètement tombé sur la tête de croire qu'il pourrait comprendre, voir accepter ses propres croyance et ce, même si il ne les partageait pas? Elle soupira.

"Je croyais que cette confiance était réciproque... De toute évidence ce n'est pas le cas." dit-elle en ouvrant à nouveau les paupières. "Autrement tu serais venu me voir directement." termina-t-elle avant de se retourner avec l'intention de retourner vers le bureau.

La première question de Ruby était cinglante mais pourtant si logique. Pourquoi ne l'avait-il pas fait ? De ce côté-là, il n'était pas très inquiet. Il avait eu le temps de réfléchir à la réponse qu'il lui fournirait le moment venu. Une preuve de faiblesse ? De la lâcheté ? Le désir de la trahir ? De lui faire du mal ? De lâcher prise ? Abandonner tout ce pour quoi il s'était battu jusqu'à présent ? Durant quelques secondes, Lysandre fut obnubilé par le sang qui s'écoulait de la paume de la main de Ruby. Certains disaient du sang qu'il était le reflet, le miroir de l'âme. Celui de la Commandante de la Cavalerie de l'Armée d'Aile Ténébreuse montrait une colère noire. Le Paladin de Yehadiel connaissait l'existence des Furies Noires, il s'était un peu documenté sur la race des Ombrageurs depuis qu'il s'était installé avec l'une d'entre elles.

J'y ai pensé tous les jours. Sincèrement. Mais les faits veulent que j'ai senti un immense remord et une honte insurmontable. Celle d'avoir rejoint un jour la Cavalerie que tu diriges. Lorsque je repense à la victoire de l'Empire sur son ennemi juré, je ne peux m'empêcher que j'aurais dû être dans le camp opposé et être mort fièrement pour défendre l'Humanité et des valeurs qui me ressemblent. C'est un cas de conscience et rapporter cela à une fidèle du Roi-Démon, dirigeant l'un de ses bras armés les plus influents m'était impossible.

C'était clair, direct et précis. En effet, Lysandre avait eu besoin de beaucoup de temps pour recevoir cette décharge qui l'avait fait redescendre sur le plancher des vaches. Il se sentait honteux et souillé d'avoir prêté main forte à l'Empire malgré les enjeux cachés qu'il y avait derrière car finalement, il n'avait jamais réussi à alléger les souffrances du peuple et c'était véritablement son plus grand échec. Ce mode de vie l'avait tout simplement éloigné de Yehadiel, ce jusqu'à ébranler ses croyances les plus profondes, intimes et anciennes.

Le Paladin de Yehadiel était conscient d'avoir brisé la confiance de son ancienne Commandante. Mais est-ce qu'il avait trahi Ruby en personne ? C'était plutôt discutable. A ses yeux, Lysandre n'avait fait que rompre le lien martial qui existait encore eux. Ce lien autrefois solide mais parfois impromptu qui l'empêchait de vivre avec elle sa relation comme il l'aurait voulu. Finalement, elle se retourna, lâchant prise sur son regard et montra son intention de ne pas aller plus loin. Cependant, le Lion d'Or décida de la retenir. Il n'avait pas fait le chemin pour rien, premièrement et ensuite, c'était sa main blessée qu'il avait attrapé. En soit, le geste de se blesser soit même était ridicule mais il n'aimait pas voir une personne qu'il aimait saigner. Ainsi, la paume de la main de Lysandre brilla légèrement d'une lueur sainte et referma en quelques secondes la plaie de Ruby. Le léger flash, pas réellement agressif, aurait de plus le mérite de retenir son attention.

Je ne servirais plus les intérêts du rôle de la Commandante de la Cavalerie de l'Armée d'Aile Ténébreuse. Je ne veux plus être lié, de près ou de loin à ce qui toucherait les affaires concernant le Roi-Démon. Ce n'est pas contre toi, Ruby. Que ce fut une autre personne, le résultat demeurerait inchangé. Je me retourne contre ta fonction militaire, pas contre ta personne. Peux-tu le comprendre, au moins ?

La première réaction de Ruby fut lorsqu'il choisit de la retenir par le bras, se saisissant de son poignet. Elle se retourna, posant un regard éclatant de colère sur lui. Il ne lui suffit que de peu pour guérir les plaies et de fracasser ses dernières défenses. Comment pouvait-elle traiter un homme aussi terriblement ? Comment pouvait-elle ne pas le croire, ne pas vouloir entendre ce qu'elle craignait ? Que pouvait-elle lui répondre de plus ? Devait-elle déchainer sa colère sur lui ou fondre en larmes en demandant pardon ? Devait-elle justifier ses actions ou ne rien dire sur ses derniers jours ?

Sa main autrefois blessée se desserra et les tiges doucement glissèrent au sol. Elle était la propre source de sa douleur, incapable de lui faire aveuglement confiance ; apeuré à l'idée de le voir partir pour une autre qui partagerait sa croyance et sa vision des choses. S'il savait... Elle ne croyait peut-être pas en Yehadiel, mais elle ne croyait plus aux paroles du Démon noir. Il gagnait trop de terrain trop rapidement, ignorant les ADNs qui seraient bientôt une plus grande menace. La gloire avait aveuglé tous ses suivants, mais pas Ruby.

Elle déroba brusquement son poignet à la main de Lysandre et se détournant de nouveau elle lui lança froidement :

" Je suis qu'un pion du Démon, comme pourrais-je comprendre ? »

Elle marcha vers le bureau avec l'impression de porter sur ses épaules tout le poids du monde. Sa croyance aveugle en AT avait fondu il y avait 4 ans déjà, mais personne ne le savait encore.

" Je ne crois pas plus en AT que toi. » ajouta-t-elle. "Et tu le sais. »

Une fois à la même hauteur que le bureau, la jeune femme se retourna vers Lysandre, son regard ayant retrouvé leur couleur de jais. De quel droit avait-il négligé de lui parler ? Certes, elle était avec AT. Oui, elle était la commandante de la cavalerie. Mais n'était-elle pas avec lui avant tout ? Ne lui avait-elle pas mis de l'avant ses conseilles et fait de son mieux pour respecter ce qu'il souhaitait ? N'avait-elle pas conserver sa couverture parmi les démons ?

"Avant même d'être ta supérieure, avant même d'être la Commandante de la cavalerie d'Aile Ténébreuse, je suis celle qui t'aime et qui tient à toi. » rétorqua-t-elle. Elle serra des poings et ferma les yeux. " N'ai-je pas fait de mon mieux pour que tes voeux pour la populace de Terra soient exaucer ? N'ai-je pas suivis te conseils à la lettre pour limiter les dégâts lors de mes sorties ou des missions ? »

Un combat intérieur se menait en elle, la Furie Noire reprenant des forces, puisant là où elle le pouvait pour ressortir.

" Je suis dans cette armée depuis 14 années Lysandre. C'est tou ce que j'ai connu. Tu te retournes contre ma position militaire ? » elle rouvrit les paupières, un regard rouge. " Si c'est le cas, c'est que tu n'acceptes pas qui je suis, ce que je suis. Je suis la commandante et je t'ai accepté dans ma vie et dans mon armée. J'aurais pu me montrer sadique et te faire tuer après avoir découvert tes croyances. Je ne crois pas en AT, mais te faire part de mon opinion est risqué. Les murs ont des oreilles. »

Elle marcha jusqu'à l'arrière du bureau, le fixant toujours. Elle était dangereuse, et lui aussi. Ayant appris qu'il quittait l'armée, sans lui avoir parler, elle avait fait des recherches. Elle voulait savoir s'il allait se joindre à une autre équipe.

" Si tu t'étais joint aux Rebelles, alors je ne serais pas ainsi attachée à toi. Ce geste que tu as posé ne m'aurait donc pas blessée à ce point. Tu aurais été un simple traitre comme les autres méritant d'être tués sur le champ. » elle fit une pause puis repris. " J'imagine que tu as dû trouvé quelque chose ou quelqu'un qui partageait tes croyances ? Voir un groupe de gens voulant faire comme toi ? »

Mais elle était amoureuse de lui. Maintenant plus que jamais. Elle avait besoin de lui, elle ne pourrait pas supporter de le perdre. Sentant les larmes monter, elle ferma à nouveau ses yeux et baissa la tête. La Furie laissa sa place, ne pouvant rien contre l'amour.

" Je me suis donnée à toi ici même. » dit-elle en relevant vers lui ses pupilles noires. " Ici même dans cette chambre, sur ce balcon. Et le nombre de fois où j'ai prié ton Dieu de te ramener vivant lorsque tu n'étais pas à mes côtés. J'ai beau ne pas partager tes croyances, mon rôle militaire ne devrait pas représenté à tes yeux une horreur. Tu me connais et tu aurais dû savoir le mal que tu me causerais. Et puis tu parles de ne pas vouloir être lié de près ou de loin aux affaires d'AT.... Je suis commandante, veux-tu dire par la que tu ne pas avoir de lien avec moi ? Désires-tu à ce point me repousser ? »

Les yeux pleins d'eaux, elle cligna rapidement des yeux et laissant doucement quelques larmes couler. "Peux-tu te voir en train de me tuer sur un champ de bataille, Lysandre d'Asthalith ? Parce que moi... » sa voix faiblit et elle porta une main à ses lèvres. " Parce que moi.... J'en serais incapable.... » murmura-t-elle finalement avant de refermer les yeux.

Il ne la prendrait pas dans ses bras. Ni lui, ni elle n'en voulait pour le moment. C'était tout simplement la Lumière qui tentait de converser avec l'Ombre. L'un tentait de faire entendre raison à l'autre, et ce même autre essayait tant bien que mal de partager ses peurs et ses souffrances. Effectivement, Lysandre d'Astalith avait déjà annoncé son départ au sein de la Cavalerie de l'Armée d'Aile Ténébreuse. C'était probablement l'un de ces démons, jaloux de la relation entretenue jusqu'à présent entre le subordonné et sa supérieure qui avait rapporté les nouvelles de son départ. Lysandre pouvait concevoir, Lysandre pouvait comprendre, Lysandre pouvait accepter que Ruby lui en veuille de ne pas être venu lui en parler d'abord. La première question que Ruby lui posa le perturba un peu. Elle, un pion du Roi Démon ?

Tu es un pion du Démon seulement si tu souhaites l'être. Je n'ai jamais avancé cela...

A vrai dire, Lysandre n'en savait trop rien. La Commandante ne s'était jamais vraiment confiée à lui sur ce sujet. Il ne connaissait rien de ses projets vis à vis du bras armé de la Cavalerie et savait encore moins de choses quant à ses ambitions personnelles. Comment vivait-elle la chute de la Rébellion ? Comment considérait-elle ce pas que venait d'accomplir le Roi Démon ? Ils n'en avaient pas discuté. Lysandre s'était absenté bien trop rapidement pour se ressourcer. Peut-être qu'effectivement, il en voulait un peu à Ruby Blake du Coudray d'être la Commandante d'un Roi Démoniaque. Mais... Si elle affirmait à présent ne pas être une véritable fidèle d'Aile Ténébreuse, il voulait bien la croire sur parole.

Je te crois. Tu sais aussi pourquoi j'ai intégré sa cavalerie. Je l'ai fait pour venir en aide au peuple opprimé. Je me suis oublié pendant toutes ces années. Je déteste profondément Aile Ténébreuse. Il l'a prise en s'emparant du trône... Je ne lui pardonnerais jamais la mort d'Elia !

Le sujet était tendancieux. La dernière fois qu'il avait parlé d'Elia avec Ruby, c'était aussi la première fois. Cette fameuse nuit où dans les bras de la Baronne du Coudray, le Lion d'Or l'avait prise dans toute son intimité pour passer un moment de pure extase. Il lui avait assuré qu'Elia était une page tournée. Pourtant, il ne pouvait cesser d'y penser. Ce n'était pas tant la personne qu'il ne parvenait pas à oublier, c'était plutôt la manière dont elle était morte qu'il n'arrivait toujours pas à digérer. Il ne pardonnerait jamais à ce peuple d'être venu de la dimension de Zelphos et d'avoir causé tant de tords. Ruby lui avait pourtant expliqué que là-bas, la situation semblait invivable et qu'elle ne souhaitait à personne d'y retourner mais aux yeux du Paladin de Yehadiel, cela ne justifiait pas de chercher à piétiner tout un monde avec des millénaires d'histoire derrière lui. Ruby serait-elle donc capable de comprendre la portée des mots de Lysandre lorsqu'il parlait d'Elia ou une nouvelle dispute était-elle sur le point d'éclater ?

Tu as fait de ton mieux, Ruby, je le sais... Je ne t'accuse pas personnellement... Tu n'es pas Aile Ténébreuse. Mais tu restes la Commandante de la partie d'une armée qui me répugne et que je ne souhaite plus servir.

Il sentait la voix et les sentiments de Ruby se troubler. Elle était sincère et l'avait toujours été avec lui. Il ne la quittait pas du regard, elle qui faisait les cent pas entre son bureau et son lit. Ce lit où ils avaient déjà partagé tant de choses. En la brisant ainsi, il faisait tout autant envers lui-même. N'était-ce pas une étape obligatoire pour se reconstruire ? Il l'aimait profondément. Ses sentiments envers elle avaient toujours été forts. Mais... Il ne parvenait pas à se détacher de cette idée qu'elle était la Commandante de cet être qu'il détestait par dessous tout. Peut-être était-il seulement en train de réaliser qu'il aurait effectivement du rejoindre la Rébellion pour lutter avec force et honneur contre cet Empire Démoniaque. Il avait peur d'avoir fait le mauvais choix. Il savait que lui en plus, cela n'aurait rien changé au résultat final mais il devrait être mort avec eux, pour tout ceux qui servaient les bienfaits de l'Humanité contre ce monde Démoniaque qu'incarnait Aile Ténébreuse et ses sbires.

Effectivement. J'ai trouvé quelqu'un et quelque chose. Une Louve et un Elfe alors que j'étais en train de lamenter nos pertes au cœur de Drayame. Et tu sais quoi ? La Louve m'a annoncé le retour prochain de mon Dieu. Il est encore parmi nous, il n'a pas disparu !

Il semblait se faire une joie de l'annoncer. Comment cela ? Yehadiel était parmi les vivants ? Cela semblait tirer par les cheveux. Juste parce que Alyna lui disait l'avoir rencontré ? Pourtant, Lysandre avait décidé de croire dans les paroles de sa nouvelle amie et de les boire à pleine gorgée. Ses yeux étaient illuminés d'une clarté que Ruby n'avait encore jamais vu chez Lysandre. Son sourire était franc et sincère. Il ne sous entendait pas une quelconque histoire de tromperie avec une autre femme comme Ruby le craignait. En fait, il déclarait son amour sincère envers Yehadiel. Cela n'avait rien à voir entre l'amour entre un homme et une femme ou... un homme et un homme, pourquoi pas, hein ? Il s'agissait plutôt d'un amour né d'une foi divine.

J'ai décidé de rejoindre ceux qui croient encore à Yehadiel et de parcourir le monde à la recherche de ceux qui comme moi étaient perdus, seuls, esseulés dans leurs coins à travers Terra Mystica. Je ne quitte pas l'Empire pour me lancer dans une guerre ouverte envers le Roi Démon... Je vais lutter contre le retour de Nayris et traquer les Adorateurs de Nayris avec des individus qui partagent mes convictions. Je ne reviendrais plus sur les Terres Impériales...

Le Paladin de Yehadiel venait probablement de creuser un nouveau différent entre elle et lui. Ne plus jamais revenir sur les Terres Impériales ? Ruby lui avait ouvert les portes de sa chambre sans la moindre hésitation lorsque leur idylle s'était exponentiellement développée. Il l'aimait toujours mais était pour le moment incapable de l'exprimer. C'était incohérent envers ses sentiments pour Yehadiel. Même en extrapolant un temps soit peu, si on retirait à Ruby son rôle de Commandante, elle demeurait la Baronne d'une famille sur les terres du Roi Démon. Le Lion d'Or ne savait pas s'il deviendrait un jour l'époux de l'Ombrageuse après avoir tenu un tel discours.

Alors que Ruby commençait à pleurer à chaudes larmes, Lysandre lui demeurait planté comme un piquet au milieu de sa chambre. Comment pouvait-il se permettre de la réconforter ? C'était bien trop difficile. Il pensait que Ruby ne lui permettrait jamais de partir pendant aussi longtemps. Elle ne connaissait pas encore sa prochaine destination qui n'était autre que les Glaces. Il était désormais impensable pour Ruby de se rendre là-bas. Elle ne pourrait par exemple pas le suivre. Comment faire pour poursuivre une telle relation ? Tristement, Lysandre la regardait pleurer sans ne savoir quoi faire. Il répondit, presque submergé par l'émotion, à la question de Ruby.

J'en serais incapable... Pas après tout ce que nous avons partagé... Et si je dois me battre quelque part, ce sera pour libérer l'Adhès des Adorateurs de Nayris... Je n'ai plus rien à faire sur les Terres Impériales.

La guerre éternelle entre deux éléments tout à fait opposés, deux éléments qui depuis la nuit des temps avaient réussi à se repousser continuellement, l'Ombre contre la Lumière. Zelphos contre... Yehadiel ? Non, les choses se passeraient bien autrement, si Ruby pouvait y faire quelque chose, et elle trouverait moyen d'arrêter le démon noir dans sa course. Si seulement Lysandre pouvait comprendre. À quand remontait sa décision de changement ? Une nuit de l'an 110, Melnur, si sa mémoire était bonne. La nuit qui l'avait convaincu que celui qu'elle servait ne devait pas avancer plus loin que les Glaces. Elle avait jusqu'à lors fait de son mieux les protégé, ou plutôt pour protégé celle qu'elle avait autrefois aidé à se rendre jusqu'au territoire frigide. Loyauté et Honneur.

Ruby ferma les yeux, pesant chacun de ses mots, avant de poser ses pupilles de nouveau rouge sur le paladin. Elle aurait pu tout lui dire, tout lui dévoiler, il comprendrait. Il n'était plus avec l'Empire après tout, il n'avait jamais aimé l'Empire. Comprendrait-il ses actions ? Ne l'ayant pas connu avant leur première rencontre, comment pouvait-il savoir qu'elle avait débuté beaucoup de changement depuis quatre ans ?

" Alors prends note, je ne suis pas son pion... »

Sa réponse fut sèche, voire haineuse, ce qui surprendrait peut-être Lysandre. ' C'est plutôt le contraire, en quelque sorte' pensa-t-elle. L’ironie fit grandir sur ses lèvres l'ombre d'un sourire. Ce dernier ne resta pas longtemps puisque le nom d'Elia fit son entrée. Sous l'effet se la colère, l'ombrageuse glissa son bras sur la surface de son bureau et fit tout tomber au sol. La jalousie prenant place de la haine, se glissant dans ses veines comme un venin mortel. Elle pivota sur ses talons pour ressortir sur le balcon. Elle devait se calmer, mais elle n'y arrivait pas. La trahison. Pour elle ou pour lui... pour les deux ? Loyauté et Honneur. Dílseacht agus Honor. pensa-t-elle. Son dernier veut de loyauté, son droit de retrouver l'honneur, mais même plus que cela, le droit de se débarrasser de Zelphos, ou du moins la version de Zelphos que Terra connaissait. À l'ombre du passé, Ruby savait que Lysandre avait raison de vouloir se battre contre AT, peu importe la raison qui le poussait à combattre, mais Elia ?

La jeune femme revint à l'intérieur sans toutefois regarder le Lion d'Or. Le fait qu'elle possède se poste pour quelqu'un qui le répugnait... Pouvait-elle se permettre de quitter son poste sur un coup de tête ? Après tout ce temps ? Après avoir installé sa baronnie ici ? Cela ne serait-il pas vu comme un acte de traitrise, voire d'abandon, de fuite ?

" Tu sais très bien que vu ma situation, j'ai besoin d'une raison de marbre pour me départir de mon poste. »

Toujours sans le regarder, elle sentit les larmes lui brûler les paupières et elle ferma les yeux. Debout devant le lit, elle tenta de prendre de grande inspiration, voulant contrôler ses larmes, mais aussi sa colère, qui bouillonnait toujours en elle, et sa haine. Elle avait considéré épouse le paladin à mainte reprise, mais dans les longues absences, il n'avait pas vu ce que son absence lui avait affligé, il n'avait pas vu l'inquiétude sur son visage alors qu'elle s'étendait dans ce lit seule à regarder le plafond chaque soir. Combien de fois elle l'avait imaginé à ses côtés, combien de fois elle était accourue à son balcon en entendant les sabots marteler les sol devant la porte pour, au final, être déçu de ne la voir lui ? Alors qu'il lui expliqua ce qu'il avait découvert, elle posa enfin son regard sur lui. Un groupe de croyant de Yehadiel voulant s'attaquer au ADN et à AT ?

" Pour les Adorateurs, je ne peux que te donner mon appui. Il faut les chasser de Terra. Si la légende de Nayris concorde avec celle dont m'ont fait part les Coradran, le monde en est péril. En ce qui concerne AT... » la suite sembla mourir dans sa gorge.

Lysandre percevrait peut-être cela comme une menace silencieuse si elle ne la continuait pas. Cependant, il se trouverait surpris d'après qu'elle l'appuyât. Elle marcha vers les effets qui s'étaient trouvés il y a peu de temps sur le sol et ramassa une pile de feuilles ainsi qu'une petite clé.

"Dílseacht agus Honor. » murmura-t-elle sans vraiment s'en rendre compte.

Elle ferma les yeux, restant agenouiller sur le sol, les mains sur ses genoux. Un soupir s'échappa d'entre ses lèvres et la commandante se releva, pour poser ce qu'elle venait de ramasser, sur le bureau. Elle reposa son regard sur Lysandre, mais pas longtemps. Rapidement, son regard fut brouillé par les larmes et elle se laissa tomber au sol.

"Tu es la raison pourquoi cette sombre partie de moi n'est jamais revenue. La seule. Et je te perdrais parce que je ne peux pas partir avec toi ? Je te perdrais parce que tu ne m'ai.... » la fin de la phrase s'étouffa dans un sanglot. "tu pars une éternité, tu ignores tout de ce qui m'est arrivé en ton absence, tu ne prends aucune nouvelle, rien. Tu passes pour me dire que tu ne reviens plus. »

Ses doigts trouvèrent alors un papier toujours au sol. La lettre portant un sceau étrange ayant été ouvert il y a peu de temps. La menace sur sa vie. Elle était en danger, elle l'avait toujours été, mais elle avait toujours su ce contre quoi elle se battait. Elle prit la lettre entre ses doigts, ouvrant les yeux sur le papier maladroitement refermé et se leva de nouveau. Avait-elle le droit de lui en parler pour le retenir, ne serait-ce que pour le forcer à tenir la promesse de protection qu'il lui avait faite ? Avait le droit ? Non. Elle n'en avait pas le droit.

"Is breá liom tú Lysandre... «  (Je t'aime Lysandre) murmura-t-elle, consciente qu'il n'en comprendrait pas les mots, mais qu'il pouvait en comprendre le sens.

Elle n'avait pas le droit de le retenir, pas le droit de le faire culpabiliser, rien. Elle n'avait aucun droit sur cet homme. La Furie n'aurait pas hésité à le faire, voir à le tuer pour l'avoir défié. Du moins, c'est la raison qu'aurait donnée la Furie. Mais Ruby n'était pas la Furie, pas à ce moment même. Ce lien qu'elle avait cru indestructible entre eux deux lui paraissait d'autant plus faible.

"Tu n'as plus rien faire ici dis-tu ? »

La blessure n'était pas visible, mais la plaie était béante. Était-ce la fin de leur relation ? Était-il répugné à ce point de ce qu'elle était, de ce qu'elle faisait ? Elle aurait besoin de quitter cet endroit et elle connaissait déjà sa prochaine destination : Les Glaces. Aux yeux de l'empire, elle irait suite à une rumeur dont on lui aurait fait par, rumeur certes, mais ses affaires n'en serait pas moins lier. Elle serait à la rechercher de plus d'une chose. Sa couverture lui permettrait un peu de liberté, mais certes pas autant qu'elle aurait voulu. Elle reposa la lettre sur le bureau et celle-ci s'entrouvrit légèrement, mais sans plus.

"Tu seras toujours le bienvenue ici. » dit-elle en marchant vers lui. Une nouvelle larme coula le long de sa joue. « Je t'y ai invité et je ne suis pas une pour retirer mon invitation. » Elle ferma les yeux et baissa la tête. "Je comprends cependant les raisons qui motivent ton départ et je t'appuie à 100% pour tout ce que tu à l'intention de faire. »

Consciente du sens de ses mots, elle savait que Lysandre resterait surpris. Bien qu'elle avait vécu de nombreuses péripéties en son absence. Le retour de son frère, la lettre mystérieuse... Qui l'aurait cru ? Bien qu'elle avait promis de garder le secret, elle ne pouvait pas ne pas faire savoir à son seul amour qu'elle était de tout coeur avec lui.

" Je te demande une chose, une seule... Si tu as affaire à revenir sur ses terres pour te battre contre Zelphos... » elle leva ses yeux de jais vers lui pour le plonger dans le sien. " Envoie quelqu'un me prévenir. Je promets en échange de ne pas venir sur le champ de combat en tant que ton ennemie. »

Cette promesse, aussi banale fût-elle, était la seule qu'elle pouvait lui dire. Non, elle ne serait pas son ennemie sur le champ de bataille, peut-être serait-elle son allier, mais cela il ne le saurait qu'en temps et lieu. Elle détourna alors le regard et se retourna avec l'intention de s'éloigner.

" Je veux tout simplement éviter d'avoir de mauvaise surprise si l'Empire devait m'envoyer sur le champ de bataille et que ce serait contre toi... » termina-t-elle.

Il n'y avait dans sa voix aucun signe de mensonge, aucun trait de malice ou encore de malveillance. Elle était sincère.

Ruby n'était jamais parvenue à accepter que Lysandre pouvait toujours penser à Elia. En effet, la Commandante de la Cavalerie d'Aile Ténébreuse balaya sèchement tout objet se trouvait sur son bureau d'un geste de la main avant de sortir sur le balcon. Elle ne comprenait pas vraiment la portée réelle des mots de Lysandre lorsqu'il parlait de sa défunte femme. Il n'était pas resté amoureux d'une morte et son absence physique depuis des années avait beaucoup aidé en cela. Cependant... Son âme serait toujours connectée à la sienne. Sa mort motivait encore davantage son ressentiment envers Aile Ténébreuse et son gouvernement démoniaque et de ce fait, il faisait de son ancienne épouse le porte-drapeau de son étendard spirituel de bataille. Un jour, il parviendrait peut-être à venger Elia et les dizaines de milliers d'autres individus tombés sous le régime d'Aile Ténébreuse.

Les Adorateurs de Nayris sont ma priorité. Je vais traquer ceux dont la renommée est inquiétante. Aile Ténébreuse et ses forces attendront... J'ai espoir que les Glaces sauront le contenir le temps qui sera nécessaire pour endiguer la menace prioritaire.

Dílseacht agus Honor ? Cela était peut-être un dialecte de Zelphos. Probablement celui des Ombrageurs. Lysandre ne le comprit pas mais perçut tout de même l'incertitude dans le regard de Ruby Blake. Plus inattendu encore, elle commença à pleurer à chaudes larmes devant lui en se redressant. Sa prochaine déclaration le cassa littéralement. Le Paladin s'était-il vraiment contenté de disparaître, de réapparaitre et de lui faire une annonce cinglante sans se soucier un seul instant de ses sentiments ? Son regard divagua et quitta la belle silhouette de Ruby Blake. Ce qui était fait était fait...? Non, ce n'était pas une justification valable. Ruby méritait un peu plus que de simples adieux. Au nom de tout ce qu'ils avaient partagé ensemble et rien que ça.

Il la laissa ensuite dire tout ce qu'elle avait à dire et lorsqu'elle montra une volonté de s'éloigner de lui, Lysandre s'avança brusquement et la serra dans ses bras d'une étreinte franche. Elle n'y trouverait pas la chaleur rassurante de son corps d'homme mais l'acier froid de son armure mais Lysandre savait qu'elle accepterait son geste à juste titre. Au fond de lui, il avait peut-être craint qu'elle ne le considère comme un traitre à l'Empire et tente de le capturer pour le dénoncer mais... Ruby Blake était prête à protéger un déserteur qui causerait peut-être des ennuis futurs à l'Empire. Ce n'était pas le comportement attendu de la Commandante de la Cavalerie d'Aile Ténébreuse et Lysandre ressentait toujours toute la colère et la déception de Ruby quant à ses choix... Il existait donc une autre raison que l'amour qui lui échappait pour justifier cela. Ruby était-elle peut-être sur le point de s'engager dans une tout autre route elle aussi ?

Le Bien doit combattre le Mal. Zelphos n'est qu'un piètre mensonge... Il peut attendre. La Justice de la Lumière sera rendue à Aile Ténébreuse lorsqu'elle aura prouver que Nayris est impuissante face à elle. C'est mon serment, ma volonté d'homme. Tu n'auras pas à être inquiétée. Nos lames ne se croiseront pas... Je n'aurai pas la force nécessaire pour te tuer... Face à la Ruby Blake que je connais... Mes armes seraient trop émoussées... expliqua-t-il. Comprendrait-elle le véritable sens de ses propos ? Elle ne connaissait pas l'étendue des pouvoirs de la Lumière de Lysandre. Elle ignorait en quelque sorte qu'elle pouvait incarner du jour au lendemain sa Némésis et si Ruby devait s'abandonner un jour à sa face la plus obscure, c'était peut-être mieux ainsi. Je m'en vais là où les fidèles de Yehadiel pourront répondre à notre appel. L'Ordre Nouveau de Yehadiel doit naître. Les Glaces seront notre point de départ. Je vais essayer de convaincre le Roi Harald Wallah de nous donner les moyens de mettre hors d'état de nuire les Adorateurs de Nayris. J'apporterai la Lumière en Adhès. Nous nous retrouverons peut-être là-bas un jour, qui sait ?

Les derniers mots de Lysandre laissèrent apparaître un sourire plein d'espoir et de confiance. Il ne lâcha toujours pas Ruby Blake, estimant qu'elle avait encore droit à une sorte d'étreinte infinie. Elle ne le reverrait peut-être pas avant très longtemps et les circonstances de leurs retrouvailles étaient totalement incertaines. Il déposa une bise, puis deux, puis trois sur sa joue droite. Quelque part, Lysandre lui était infiniment reconnaissant.

Sans toi pour protéger ma couverture dans l'Empire, je ne sais pas si j'aurais été capable d'y rester aussi longtemps sans être découvert. Je crois qu'avec la fin de l'Ordre de la Rose Blanche et l'Avènement du Mal sur Terra Mystica ainsi que l'absence de Yehadiel... J'avais perdu la foi en la Lumière. J'ai passé tellement de temps sans utiliser mes dons... Mais ce sacrifice m'a permis de faire ton heureuse rencontre et de connaître intimement les Ombres. Je n'avais jamais soupçonné auparavant qu'ils puissent exister une autre alternative entre le Bien et le Mal... J'espère qu'en temps de guerre, elles sauront être nos alliées si nous faisons les bons choix.

Il l'embrassa. Lysandre embrassa Ruby sans hésiter. Ce n'était pas un piège, ce n'était pas une façon de la captiver. C'était seulement l'expression de ses sentiments qui débordaient. Ils étaient allés bien plus loin que ça par le passé et ses sentiments pour la Baronne de la famille Blake du Coudray existaient toujours même s'ils risquaient de disparaître avec le temps au profit de sa nouvelle entreprise.

Je suis un Paladin de Yehadiel et j'ai derrière moi l'héritage de la Rose Blanche. Je dois vraiment faire tout cela. Notre amour aura peut-être sa place dans un monde de paix... La Justice de la Lumière sera juste envers ceux qui se battront dans le but d'apporter la Paix.

Les bras de Lysandre retenèrent Ruby de s'éloigner de nouveau de lui. Elle ferma les yeux, une larme s'échappant avec peine de ses paupières pour rouler lentement le long de sa joue avant de finir sa course au sol au pied de la commandante. D'un côté, Ruby était ravie de sa trouver de nouveau dans ses bras. Depuis son départ, elle en avait rêvé. D'un autre côté, elle devinait que par ce geste, son amant voulait lui donner ce qu'elle méritait. Son coeur se serra.

" Dílseacht agus Honor...." répéta-t-elle, un sourire un peu triste aux lèvres. " Loyauté et honneur..." murmura-t-elle entre deux paroles de Lysandre.

Elle le laissa continuer sans l'interrompre. Le bien doit combattre le mal... disait-il. Le bien et le mal étant des notions plutôt vagues, comment évaluer le bien contre le mal ? S'il pour faire le bien il fallait tuer alors n'était-ce pas plutôt le mal ? Elle n'osa pas lui faire part de cette réflexion, du moins pour le moment. Elle ouvrit les yeux. Elle avait voué sa loyauté à Lysandre, mais aussi à une autre cause. Bien sûr, elle tenterait d'être là si Lysandre avait besoin d'elle. Peut-être pourrait-elle influencer l'empire en tournant son regard vers les ADNs pour ainsi les éliminer et du même fait "aider" indirectement e paladin dans sa cause. Certes, il n'apprécierait peut-être pas le geste, mais bien qu'elle le porterait en partie pour lui venir en aide, elle le ferait aussi pour sa propre cause.

Elle ferma de nouveau les yeux lorsqu'il lui donna quelques bises sur la joue, restant intérieur un peu insatisfaite. Avait-elle droit d'espérer plus pour leur adieu ? Avait droit de vouloir plus de lui avant qu'il ne se quitte pour de bon ? Elle ouvrit les yeux, regardant Lysandre tendrement. Avait-elle le droit de...?

Ses pensées se fracassèrent au contact de leurs lèvres et ses paupières se refermèrent. Son coeur se serra encore une fois. Le dernier baiser. Leur dernier baiser. Jusqu'ou aurait été prête à aller pour lui ? Aurait risqué de mettre en péril ses propres projets pour lui? Aurait-elle tout jeté à l'eau, sa couverture incluse, pour lui ? Elle ne le saurait jamais.

Ce baiser n'était pas comme les autres, car il y avait dans ce baiser tous les sentiments de Lysandre, que l'ombrageuse s'empressa de lui retourner avec passion. C'est à contrecœur qu'elle le laissa le rompre pour lui parler de nouveau. Elle étira sa main vers la joue du paladin, un doux sourire aux lèvres.

" J'ignore si ce sera la Lumière qui fera tomber Aile Ténébreuse, ou peut-être un de ses propres hommes, mais si c'est ce qui doit arriver alors cela arrivera. Sache, Lysandre que les yeux de l'Empire sont sur le point de se tourner vers les ADNs. Cette religion représente une menace à la religion de Zelphos et AT veut les voir disparaitre... Sois prudent..." Elle caressa la joue de Lysandre doucement.

Elle lui devait la vérité, non ? Elle s'éclaircit la gorge avant de reprendre la parole.

" Sache que mon désir de maintenir ta couverture ne faisait que faire croire mon espoir que ce monde s'en sortirait peut-être un peu mieux si Terra avait plus de gens comme toi... Je suis une créature de l'ombre, mais je ne suis pas insensible aux cris des villageois. Je possède des terres et mes seigneurs se confient à moi tous les jours... J'ai accepté de garder ta couverture, car je savais qu'un jour tu aurais surement pu m'aider à garder... " elle déglutit, détournant le regard. Elle hésitait à tout lui dire, de peur qu'on ne soit en train de l'espionner ou encore que Lysandre ne veut plus lui parler en sachant la vérité.

Elle ferma les yeux un court moment puis soupira. Si elle ne finissait pas sa phrase, lui poserait-il la question ? Elle ne cherchait pas à la retenir, sauf s'il le voulait. Elle l'aimait et son coeur se fendait à l'idée de la perdre, mais elle n'y pouvait rien.

"Si toi tu ne te bats pas contre Zelphos, sache que d'autres le feront à ta place." Elle posa son regard sur lui, choisissant de ne pas finir sa phrase précédente. " C'est la nature de l'Homme. Je ne peux pas affirmer croire en ton Dieu, mais je saurais te dire que je ne crois pas en Zelphos non plus. Je n'ai aucun doute que nos chemins se croiseront de nouveau. Je ne regrette rien en ce qui nous concerne..." une nouvelle larme coula du coin de son oeil, roulant sur sa joue. " Je suis simplement navrée de te voir partir après tout ce temps... Pendant ton absence j'aurais eu grand besoin de tes conseils..."

'On veut m'assassiner....' pensa-t-elle sans toutefois le dire à voix haute.

Resterait-il pour la nuit si elle le lui proposait ? Elle avait bien dit qu'il serait toujours le bienvenu ici et elle le pensait.

"Loin de moi l'envie de te retenir si le temps te presse de partir, mais... Le jour ne tardera pas à tomber et..." un petit sourire en coin sembla se montrer au coin de ses lèvres. " je doute que tu veilles voyager de nuit, seul... " elle s'éclaircit la gorge. "Cela dit, tu pourrais te reposer... il y a beaucoup de chambre dans la baronnie, tu pourrais choisir celle que tu veux, si tu décidais de rester.... et puis..."

Elle caressa sa joue encore une fois, plongeant son regard dans le sien, avant de murmurer:

"Ta compagnie ne me serait pas de refus non plus...."

Elle se doutait bien qu'il accepterait de rester, mais elle aurait voulu qu'il accepte... une dernière fois, une dernière nuit... Sur ces paroles, elle l'embrassa sans hésiter comme il l'avait fait plus tôt, lui communiquant ce qu'elle ressentait pour lui, son amour profond. Il pouvait toujours choisit de partir, tout comme il pouvait choisir de rester.