Le démon possède deux formes physiques, à peu près liées l'une et l'autre à deux caractères bien différents. Lorsqu'il est sous sa forme "humanoïde", Carnothaur est un personnage sombre, sans cesse à la recherche de la maîtrise de soi, tout en repensant au passé, et à tout ce qui n'aurait pas du avoir lieu, ou qui aurait du se passer autrement. C'est un être assez torturé qui n'a pas connu d'autres aspects de la vie que la guerre, le sang et la mort. Pourtant il est capable de s'attacher, et de mener une vie normale, sociale et même sentimentale, bien qu'il craindra éternellement d'attirer le malheur sur les gens qu'il côtoie.
Carnothaur n'a peur que d'une seule chose : sa propre colère. Certes il se contrôle efficacement, mais parfois c'est le monstre qui reprend le dessus. Dans ce cas, il ne peut plus reconnaître ses alliés de ses ennemis, pas même ses proches. Ce changement lui apporte de la souffrance, d'abord physique, car sa chair à vif lui procure une douleur insupportable, augmentant davantage sa fureur. Puis elle se transforme en souffrance mentale, quand sa rage se dissipe et qu'il ne peut contempler que la destruction qu'il a semé. Attention, Carnothaur n'est pas un être qui répugne à prendre les vies des autres, seulement lorsqu'il le fait sous la colère, alors qu'il n'a pas la capacité de contrôler ses actions.

Histoire Il y a plusieurs centaines d'années, sur Zelphos, monde d'origine des démons éponymes, commença l'histoire de Carnothaur. En effet il s'agit là d'un démon parmi les plus jeunes, mais cela n'a aucune influence sur son destin. Le démon dont il est question fût créé par ses anciens, à partir de souches de plusieurs autres démons. Le but de cette expérience était de créer un être qui se laisserait dépasser par sa rage et sa fureur. Cela fonctionna pendant des siècles, des années et des années de douleur intense, sans pour autant en avoir conscience ... Mais un jour, cette conscience qui lui manquait finit par faire surface d'elle-même. La douleur était tellement insupportable qu'instinctivement, Carnothaur se protégea de celle-ci en la supprimant. Et pour supprimer la souffrance, il fallait en éradiquer la cause, c'est ainsi qu'il prit une forme physique bien moins impressionnante, mais bien plus supportable. Tant qu'il restait sous cette forme, le démon ne ressentait aucune colère, et donc aucune douleur liée à ce qu'il a vécu toute sa vie jusque là (il peut toujours ressentir la douleur, comme un coup d'épée ou autre). Libéré du joug de la rage, il entrepris alors de servir ses maîtres, et surtout l'audacieux Aile Ténébreuse, qui allait bientôt livrer une guerre pour le contrôle d'un nouveau monde. Il se mit donc à fabriquer armes et armures pour le compte de l'armée de Zelphos. Pendant des années il travailla le métal et fabriqua des chef d'oeuvres, mais aucun d'entre eux n'arrivaient à la cheville de la toute dernière arme qu'il créa. Trempée et polie plusieurs fois, Fureur était réputée pour ne s'arrêter qu'une fois sa soif étanchée ... à l'image de son propriétaire.

Vint alors le grand jour, le 15 Nelnurr de l'an 100, celui où la légion de démons déferla sur Terra Mystica à travers la faille ouverte. Tel un raz de marée, les démons envahirent le nouveau monde et déferlèrent sur les populations, à commencer par le royaume de Ciel. Armé de Fureur, Carnothaur trancha des centaines de membres et de têtes ennemis, confortant l'avancée des troupes d'Aile Ténébreuse sur le royaume. Après des années de batailles, pas toujours remportées, vint alors l'événement qui annonça la victoire des démons de Zelphos sur Ciel, le massacre de l'Aube Rouge. Le démon faisait partie de ceux qui massacrèrent les femmes et les enfants, contre son gré. En effet ses maîtres le forcèrent à entrer dans une colère noire et à reprendre sa forme d'origine. Carnothaur ne se souvint pas de cette période de sa vie ... seulement de la souffrance qu'il endura à nouveau, des années après avoir dompté sa rage.

Lorsqu'il reprit enfin ses esprits, il était seul, au beau milieu d'une forêt vierge du royaume de Terre. Il n'avait aucun moyen de savoir combien de temps il était resté dans sa forme monstrueuse, ni même combien de personnes il avait tué. Mais il se rendit compte que son bras gauche n'était plus là, arraché, laissant pendre un moignon ensanglanté. Il ne ressentait plus de douleur, mais pour la première fois de sa vie, il était faible et vulnérable. Le démon erra donc plusieurs jours, seulement vêtu de ses bas en lambeaux et de sa cape, sans savoir où était passée Fureur, avant de s'évanouir. Il s'éveilla une nouvelle fois, mais dans un lit de paille, un délicieux fumet de viande aux herbes grillée lui parvenant dans les narines. Surpris, il se releva et aperçut une charmante jeune femme s'affairant dans une petite cuisine de pierres. Il l'observa longuement avant de regarder autour de lui. Sur sa droite se trouvait un guéridon, sur lequel était posé un livre. Alors qu'à sa gauche ... son bras était à nouveau là ! Comme avant, sans aucune douleur, il pouvait à nouveau bouger ses doigts. Ce ne pouvait évidemment être là que du travail de mage. Par ailleurs, Fureur était posée au pied du lit, immaculée. Lorsque la femme vint le voir, elle lui expliqua qu'elle l'avait trouvé au bord de la mort, sur le sol de la forêt, à environ une demi-lieue de l'endroit où ils se trouvaient. Elle avait perdu son mari et ses trois fils lors d'une partie de chasse qui a mal tournée, et vivait désormais seule dans cette humble chaumière. Adepte de la magie, elle utilisa ses connaissances de l'anatomie humaine, et étudia la structure du bras droit du démon pour lui offrir un nouveau bras gauche. Elle lui expliqua également que l'épée était apparue d'elle même dès le moment où le bras de son propriétaire avait repoussé. Elle avait peur des démons, mais elle sentait qu'il était différent des autres, et c'est pour cela qu'elle lui avait sauvé la vie. Le soir même, l'épée disparut à nouveau.

Carnothaur resta deux ans en compagnie de la femme, essayant de l'aider du mieux qu'il le pouvait. C'est en sa compagnie qu'il se découvrit des sentiments humains, comme l'attachement et même l'amour. Mais il n'eut pas le loisir d'en profiter car on lui enleva ce bonheur. Un assassin de Zelphos arriva un soir, et tenta de tuer le démon et de s'en prendre à l'humaine. Effrayé à l'idée de perdre son bonheur et sa nouvelle vie si agréable, Carnothaur ne put réprimer sa violente colère. Cette dernière embrasa la maison, ainsi que dix bons hectares de forêt aux alentours, alors que chaque centimètre de peau du démon lui faisait vivre un supplice. Il appela au plus profond de son être la Fureur, et son épée se matérialisa dans son bras gauche, prête à détruire. Il se réveilla à quelques lieues du brasier, l'épée pleine de sang dans les bras, et un goût amer dans la bouche. Il savait ce qu'il s'était passé ... L'assassin bouffait désormais les pissenlits par les racines, mais sa rage avait également carbonisé la femme qui l'avait aidé. Alors il fit un pas, puis un autre, et il avança sans se retourner. Son arme était lourde de sang et de péchés, alors il la renvoya dans le vide, là d'où il l'avait appelée. Il avança encore, toujours plus loin, les yeux flamboyants de colère et de regrets, des larmes ardentes ruisselant sur ses joues brûlantes ...