Non loin de Luütra, dans les pays de Glace, existait un petit village où habitait Sorelia, une petite fille assez étrange. Elle avait les cheveux couleur de neige, tel le paysage du pays. Cela choquait beaucoup ceux qui la regardaient, mais tous les villageois s’y étaient habitués avec le temps. Cette jeune fille avait été adoptée par de pauvres parents, l'un chasseur et l'autre gérante de la laverie du village, à l’âge de 3 ans. Personne ne sait d’où elle venait, ni de qui. Tout ce que ses parents ont pu lui dire, c’était qu’ils l’ont retrouvé dans une charrette au milieu de la route qui menait au village voisin, pour y vendre la peau animale tannée par le père. Suite à cette scène, les parents l’ont recueilli parmi eux par pitié de voir cette gamine abandonnée.
Le temps passait, et la petite Sorelia grandissait avec ses nouveaux parents. Au fil du temps, elle acquit une mentalité hors du commun pour une fille : elle jouait généralement avec les garçons à la lutte et aux combats d’épées de bois. Elle se montrait particulièrement douée, et son rêve était de devenir une héroïne, dans ce contexte de guerre. Ses parents refusaient à chaque fois cette idée venant de la gamine et cela créait de nombreux conflit. Elle était souvent punie par sa mère qui l’obligeait de venir à la laverie, travailler avec elle, mais la petite Sorelia allait souvent en cachette rejoindre les autres garçons pour continuer ses jeux de combats. Ce n’était pas pour autant qu’elle détestait ses parents, car pour eux c’était une éducation juste. Elle créait, au niveau du village, une image de « mec manqué » ou d’hyperactive qui devait sans doute se défouler. Ce n’était pas pour autant que les gens l’appréciaient pour sa bonne mentalité et sa détermination à accomplir ses objectifs.
C’est un jour de sa douzième année, qu’un nouveau personnage fit son apparition dans le village. Il était connu sous le nom de Luthorking. C’était un vagabond, maître de la magie. Les villageois le méprisaient, car ils n’aimaient pas trop tout ce qui touchait à la magie. Il s’installa, fit construire sa maison suite à la demande du chef du village. Il s’était placé assez loin des autres maisons et ce n’était pas plus mal se disaient les villageois. Par contre, pour la petite Sorelia, elle lui inspirait une grande curiosité sur le personnage.
Au bout de quelques mois, le maître Luthorking ne sortit plus beaucoup de chez lui à part pour venir chercher des vivres. Les rumeurs volaient dans le village : des villageois disaient qu’il faisait des expériences étranges dans sa baraque, qu’il était peut-être là sous la demande de l’Aile Ténébreuse… Pour Sorelia, la curiosité l’emporta. Elle devait en savoir plus sur ce maître en magie.
Un soir, elle essaya de convaincre ses amis d'aller voir de plus près ce que ce monsieur faisait dans ce village. Mais aucun d'entre eux ne voulait s’approcher davantage de la maisonnette. Pour Sorelia, c’était tous des chiffes molles et elle se dit qu’elle irait toute seule.
Le gamine aux cheveux de neige s’était équipée de son épée en bois et partit au crépuscule à la maison de Luthorking. Elle s’approcha doucement près de la porte et elle y colla une oreille pour y entendre le moindre bruit. Elle n’entendit rien du tout. Elle se dirigea vers une fenêtre, et elle remarqua à l’intérieur que c’était une petite salle, faisant office de cuisine et de salon en même temps, éclairée de quelques bougies sur la table qui se logeait au centre de la pièce. Ne voyant personne, elle décida de s’infiltrer pour mieux connaître l’inconnu. Elle ouvrit la fenêtre de l’extérieur délicatement, puis passa à l’intérieur.
Soleria observa autour d’elle et de nombreux objets inconnus l’entouraient de toute forme. Elle découvrit une petite bibliothèque et s’en approcha. La gamine a toujours été attirée par les livres mais elle ne savait pas lire et cela l’embêtait énormément. Elle regarda le dos des couvertures, et un livre n’avait pas la même écriture que les autres. Elle le retira de l’étagère et puis elle commença à tourner les pages. Bizarrement, pour elle, ces lettres lui étaient familières… Comme si elle savait ce que c’était. Soleria glissa sa main droite sur l’une des pages et les lettres se mirent à s’illuminer. Voyant cela, elle poussa un cri de surprise et lâcha le livre qui tomba sur le sol. Tout d’un coup, les lettres des pages redevinrent neutres.
«
Ainsi, tu t’es infiltré chez moi, jeune fille… »
Sorelia se retourna soudainement tout en sortant son épée de bois, la seule arme qu’elle avait sous la main.
«
Calmes-toi, je ne te veux aucun mal. »
La gamine restait méfiante… Son cœur battait la chamade, prête à attaquer au moindre mouvement d’agression de l’homme qui se tenait en face d’elle, toujours dans l’ombre de la pièce.
L’homme se révéla à la lumière des bougies, et on put reconnaître Luthorking. C’était un homme qui devait approcher la cinquantaine. Il avait des cheveux poivre et seul, une barbe de 3 jours clairsèment son visage. Il était habillé d’une grande toge bleu azur et tenait en main un livre.
«
Je savais que dans ce village, il se cachait une force magique. Et je la ressens plus intensément depuis que tu es entré chez moi. J’en dois conclure que tu es cette force. »
Soleria ne comprenait pas ce qu’il disait. Comment pouvait-il voir qu’il y avait une force cachée en elle ?
«
Je ne comprends pas ce que vous me dites, répliqua Sorelia toujours sur un ton de défis »
Luthorking expliqua à la jeune fille qu’elle était dotée de pouvoirs, mais qu’elle ne le savait pas encore et que le maître arrivait à le ressentir. Il lui expliqua aussi pourquoi il s’était installé dans cette bourgade, parce qu’il recherchait justement ce flux magique qui se faisait ressentir.
Plus le temps passait, et plus Sorelia était intriguée par ce que disait le vieil homme. Elle sut pourquoi le livre réagissait à sa présence, car c’était un livre écrit en runique, et qu’elle avait des pouvoirs par rapport aux runes, une magie originaire des nains. Il lui prouva en lui remettant le livre en main, et c’est ainsi qu’il réagit de nouveau. Il lui posa la question si elle connaissait ses origines, elle ne put que répondre par une négation. Avec de tels pouvoirs, le maître en conclut qu’elle devait être une Esper, ces Hommes hors du commun, qui pouvaient avoir des liaisons avec la magie.
Au fil des jours, Sorelia alla souvent voir le maître Luthorking, pour en apprendre davantage sur ses origines et son don. Et c’est ainsi que le maître put lui proposer de partir avec lui pour poursuivre une formation en magie runique, et pouvoir les apprivoiser à sa guise. La fille, toute réjouissante, accepta sans hésitation… Mais le gros souci était ses parents, dont eux ne voudraient jamais.
Au bout de quelques semaines, le maître décida de tenter d’aller convaincre les parents de Sorelia. Ce fut un combat d’arguments, et les parents ne se laissèrent pas aussi facilement faire par le maître. Le débat dura quelques heures, et le père de Sorelia voulait presque le mettre à la porte de force. Mais Sorelia s’interposa et répliqua à ses parents qu’elle avait maintenant 15 ans et qu’elle était assez grande maintenant pour prendre ses propres décisions, et aussi lui trouver sa voie. Les parents continuèrent de contester jusqu’à ce que le maître décida de mettre un ultimatum : il demanda à la jeune de faire un choix, et celui-ci sera définitif. Elle réfléchit pendant quelques minutes pour rassembler toutes les informations qu’elle acquit durant cette soirée et elle conclut la conversation en disant qu’elle voulait suivre la formation.
C’est ainsi que le lendemain, Sorelia partit du village pour suivre Luthorking. Les jours, les semaines, les mois passèrent, et Sorelia s’entraina à l’escrime et l’apprentissage des runes. En même temps, elle apprit à lire ainsi que la survie. Jusqu’à un bon soir, Luthorking dit finalement le fond de sa pensée : en fait, Luthorking est un membre de la rébellion et avec le temps, il souhaitait y faire rentrer Sorelia après son entrainement. Sur cette demande, Sorelia ne lui donna aucune réponse et se contenta de continuer sa formation.
Les années passèrent… Sorelia devint une jeune femme, bien formée au combat et connaissait les bases des runes. Son entrainement fut long et périlleux mais cela avait porté ses fruits. C’est à l’âge de 23 ans qu’elle eut envie de retourner dans son village natal retrouver ses parents adoptifs. Luthorking, lui qui se faisait plus vieux mais toujours aussi énergique (Sorelia pensait que c’était sans doute dû à la magie), était d’accord sur son idée. Sur la route du retour, ils s’arrêtèrent à une auberge de voyageurs.
«
Maître, essayez-vous je vais aller chercher à boire et à manger… »
Le maître acquiesça, et alla chercher une place. Sorelia se dirigea vers le comptoir, commanda à manger et attendit. C’était alors que deux voyageurs discutèrent assez bruyamment, sûrement dû aux effets de l’alcool en excès :
«
… Pis à ce qu’il paraît ils ont tout, MAIS TOUT rasé ! Aucun survivant ! C’est hallucinant !- C’est satanés Ailes Ténébreuses… Pour essayer d’affaiblir Glace, ils aiment bien envoyer des petites troupes pour raser les villages agricoles… Il faut que l’armée fasse quelque chose et vite ! Les bourgades autour de Luütra sont menacées. »
Ceci choqua Sorelia. Les Ailes Ténébreuses attaquèrent donc les villages avoisinants !
Le tavernier arriva avec la commande de Sorelia, et elle l’apporta à son maître. Elle lui expliqua les nouvelles de ce qu’elle avait entendu au comptoir. C’était ainsi que Luthorking lui annonça qu’ils partiraient le lendemain, dès l’aube.
C’est ce qu’ils firent le lendemain. Ils prirent leur barda et partirent au lever du soleil. Ils n’étaient qu’à quelques heures du village de Sorelia. Et lorsqu’ils arrivèrent, ce fut la déception total. Un paysage chaotique, brûlé, rasé, morbide s’offrait devant eux. Des piles de cadavres étaient entassées près des arbres. Ça puait la mort, sans doute déjà des jours qu’ils étaient là. Sorelia, choquée du spectacle, se mit à trembler de tout son corps. Les larmes se mirent à couler seules sur son visage. La brulure de la haine se fit sentir dans son torse. Sa famille, ses amis, sa maison, ses voisins… Plus rien…
Elle ne put s’empêcher de lancer un cri… Un cri de désespoir, de chagrin, l’âme d’une jeune fille qui avait tout perdu… Son maître s’approcha d’elle et posa la main sur l’épaule pour tenter de la consoler.
«
C’est l’une des raisons pourquoi je combats les Ailes Ténébreuses… »
Et c’était sur ces mots, qu’ils décidèrent de rebrousser chemin.
Sorelia resta silencieuse pendant plusieurs jours, ne suivait même plus son entrainement, elle restait dans ses pensées. Pendant plusieurs soirs, elle se mettait à pleurer… Ce fût le chagrin d’une jeune fille au cœur brisé…
Les semaines passèrent, et un matin de voyage le maître en magie s’approcha de son disciple.
«
C’est ici que notre chemin se sépare jeune fille… Il est en mon devoir de retourner en aide à la Rébellion. Je t’en ai suffisamment appris, à toi de faire ta propre expérience.- Et qu’est-ce que je vais faire maintenant sans vous ??-
C’est à toi de trouver ta voie. Je te laisse ce médaillon, ceci est un objet qui pourra te permettre, si tu le désire un jour, d’incorporer la Rébellion, lui dit-il en lui donnant une bourse bien fermée par un lacet. Ceci, ne le montre surtout pas au public ! »
Le maître fit demi-tour et partit sans elle… Sorelia ne comprit pas tout et tout ce qu’elle arriva à faire c’est de crier «
MAAAÎÎTRE !! ». Et elle entendit de loin «
On se reverra sans doute, chaque chose en son temps. » Et c’est ainsi, que Sorelia Haendra fut livré à elle-même, en quête de savoir sur Soi. Quelle serait sa route ? Quelles seront ses décisions ? Serait-elle juste ? Tournera-t-elle dans la colère et la vengeance ? Seuls ses actes lui diront quelle personne elle deviendra.