La petite disparition de Dhraan et de sa sœur avait peut-être dupé les rebelles et les Pro-AT, mais pas la Confrérie des Brumes. Cela ne surprenait pas le Suniage outre mesure, il se doutait bien que simplement changer de nom et se fondre dans la masse ne serait pas suffisant pour passer entre les mailles de leurs filets, nombreux et bien serrés autour de tout ce qu’il était concevable d’imaginer en ce monde. A vrai dire, même si l’anonymat et la protection de l’identité des membres faisaient partie des règles de la mafia, ou qu’il y ait peu de chance que qui que ce soit demande des renseignements à son égard, il était reconnaissant envers ses anciens employeurs de lui avoir permis de rester tranquille. Certes, ces mois d’anonymat ne furent pas des plus heureux avec l’apparition de sa maladie et des conséquences qui en découlent, cependant ils avaient été infiniment plus délectables que ce sentiment d’être sous les ordres d’un groupe se reposant surtout sur une victoire qui semblait, à ses yeux, préprogrammée. Bref, là n’est pas le sujet.
 
La Confrérie n’avait pas perdu les traces de Dhraan, donc, et reprit même contact avec lui. Discrètement, bien entendu, une conversation que l’on pourrait aisément qualifier d’«à l’aveugle », sur le coup. Non pas pour lui proposer de retourner parmi eux, contrairement à ce que le Suniage avait pu craindre. Non, il était question d’une chasse particulière, pour laquelle la Confrérie avait déjà envoyé quelqu’un et qui pourrait intéresser le jeune homme. Curieux, il accepta, bien entendu. On lui proposa de l’accompagner jusqu’au lieu de rendez-vous, ce qu’il refusa. Il s’agissait de la première possibilité pour lui de se rendre d’un point à un autre sans se diriger au hasard, et il voulait s’assurer qu’il était capable de le faire. Après tout, ce genre de capacité, étrangement difficile à maîtriser même pour des gens qui n’avaient pas perdu la vue, pouvait avoir son utilité.
 
Au final, il parvint sans grand mal en haut d’une vallée qui devait faire office de point de rendez-vous. Dhraan aurait certainement pris moins de temps s’il avait pu voir où il allait ou n’avait pas à régulièrement demander son chemin, quand bien même l’expérience n’aurait pas été si grisante, ni autant remplie d’agréables petites échauffourées avec des inconnus voulant profiter de sa cécité. Il avait appréhendé les chemins tortueux, les dénivelés trompeurs ou les surfaces douteuses qu’il allait devoir emprunter, force était de constater que ce n’était pas une si grande menace. Certes, il était toujours éreintant de marcher sur un tel terrain, mais son incapacité à analyser visuellement le terrain l’empêchait de se faire de fausses idées quant à sa nature, et il trouvait ses repères personnels beaucoup plus précis et adéquats, lui permettant de mieux préparer chacun de ses pas.
 
Dhraan, se mit à descendre dans la vallée, ayant la désagréable impression de se sentir observé, sans plus de précision pour l’instant. Les yeux dirigés vers lui étant trop éloignés que pour les percevoir, il dût continuer d’avancer afin d’analyser à qui ils appartenaient. Une présence humaine, féminine et sur la défensive à en juger par le rythme de la respiration qu’il parvenait à deviner malgré le léger vent. La marche avait vraisemblablement un peu fatigué l’inconnue de par le terrain assez ardu à pratiquer, ce qui expliquait son rythme respiratoire plus élevé que la moyenne tandis que la maîtrise de ce dernier témoignait d’un non laisser-aller qui serait synonyme de confiance en son entourage. Impossible de dire pour l’instant, cependant, s’il s’agissait du compagnon de chasse que l’on lui avait annoncé ou d’une tout autre personne. Qu’importe. Il continua de s’en approcher, ne montrant aucun signe d’hostilité, pour s’arrêter à deux bons mètres. Assez proche que pour entamer une discussion, assez éloigné que pour avoir le temps de réagir si la réaction de l’inconnue était hostile.
 

« Drôle d’endroit pour une promenade en solitaire. Dangereux. Ou suspect, selon les cas. »

[HRP : N'ayant pas eu le temps d'écrire ce matin, je fais court pour faire avancer le RP et permettre à Vanitas de répondre avant son absence ]

- Drôle d’endroit pour une promenade en solitaire. Dangereux. Ou suspect, selon les cas.


- Drôle de remarque de la part d’un homme aveugle se promenant lui-même seul au beau milieu d’une vallée déserte… Je ne pense pas être plus suspecte que vous, dans ce cas. Elle fit une pause. Mais je suppose que nous sommes ici pour la même raison, n’est-ce pas ? Je…

La mercenaire arrêta soudain sa phrase lorsqu’elle remarqua qu’ils n’étaient pas seuls. Un homme plutôt excentrique les accosta, leur demandant clairement où était l’ermite. Il fut suivi par deux autres hommes, dont l’un, portant un sceptre, leur adressa des salutations. L’autre faisait au moins deux mètres et paraissait être un garde du corps.

- Eh bien… Un peu brumeux, comme énigme…

Elle avait légèrement insisté sur le mot « brumeux », laissant par-là même un indice à la personne qu’elle devait rencontrer. Ils avaient tous les deux un quelconque lien avec la Confrérie des Brûmes, et s’il était parmi eux et avait un tant soit peu de jugeote, il devrait comprendre. A lui ensuite de lui laisser un signe. La mercenaire continua alors son discours :

- Mais je vais proposer quelque chose. Les philosophes et les poètes sont connus pour avoir une élévation d’esprit considérable. Dans un ravin, si l’on a le malheur d’y tomber, la chute sera fatale si sa hauteur est importante… Tout comme il y a un risque de se noyer si la hauteur de l’eau est notable. Alors, ma réponse est donc la hauteur. Cela vous satisfait-il ?

Dhraan apprécia la réponse de l’inconnue. Ton calme et posé, preuve d’une maîtrise de soi et d’une conscience de ses propres capacités. Une réponse qu'il trouvait intelligente, aussi, avec une pointe amusante. Elle avait même remarqué qu’il était aveugle, ce qui dénotait de sa capacité à analyser les choses. En bref, elle avait tout d’un compagnon de route intéressant à plus d’un titre, si tant est qu’il s’agissait de son contact. L’arrivée d’un homme demandant directement où se trouvait l’ermite coupa court aux présentations. Et ce n’est pas les apparitions consécutives d’un autre homme, se présentant très rapidement, accompagné d’une présence bien plus menaçante et de l’ermite qui permirent de les reprendre. Ce dernier se mit à déblatérer diverses choses que Dhraan n’écouta qu’à moitié.

A vrai dire, connaissant les habitudes de la Confrérie, le Suniage savait avec presque certitude qui était l’envoyé, ou de fait l’envoyée de Luz. Le premier était trop direct, trop peu prudent sur ses intentions. Le second aimait trop se donner en spectacle par des tournures de phrases passablement enjôleuses. Il fût cependant d’autant plus rassuré dans ses convictions par la tournure de phrase que la première arrivée utilisa. Elle tenait à faire remarquer que l’énigme était brûmeuse. Qui parle comme cela, si ce n’est pour faire passer un message ?

Dhraan eut un léger rictus en se frottant le coup reçu par le bâton de l’ermite. Accepter la réponse de la jeune femme ainsi, était-ce une sorte de tentative de sa part de lui faire du charme ? Quelque part, cela en avait tout l’air, surtout quand il la complimenta… D’une certaine manière. Vint ensuite une seconde énigme. Amusant. Sauf que pour l’instant, le jeune homme devait s’assurer que son contact le reconnaisse. Et comme elle voulait la jouer subtilement, il en ferait de même. Elle devait avoir ses raisons, pas la peine de gâcher cette coopération semblant déjà rendue plus difficile par l’arrivée des deux inconnus. Il suivit donc, au rythme incroyablement lent qu’il imposait, l’ermite en disant sur un air moqueur :

« Bien, je mords à l’hameçon et vais me prendre à votre jeu, vieillard. J’aimerais cependant laisser à mes… Compagnons, je suppose que c’est ainsi que je vais les appeler, la possibilité de mettre leurs capacités cérébrales en action, eux aussi, afin de voir comment ils se débrouillent. En espérant qu’ils ne soient pas du genre à se jeter dans la gueule du dragon, me forçant à les sortir de là. »

- Nous y voilà.

C’étaient les premiers mots de Sunaï depuis qu’ils avaient quitté la demeure de l’ermite. Ils avaient remonté la vallée, gravi de nombreuses pentes de plus en plus caillouteuses et devant eux se tenait désormais une paroi rocheuse. Perdue dans les montagnes, ils auraient été bien en peine de la trouver sans le vieil homme. Devant l’entrée se trouvait effectivement deux gros rochers, dont l’un était long et plat, et l’autre assez imposant, masquant une partie de l’entrée.

- Avant que nous entrions, j’aimerais déclarer quelque chose, ajouta la mercenaire à l’attention de tous. Elle supposait qu’elle prenait le vieil homme de court, qui aurait sûrement pris la parole le premier si elle n’était pas intervenue, mais à vrai dire cela la préoccupait aussi peu que la météo. Nous sommes tous ici pour la même raison, et j’aimerais que les choses soient claires, sans faux-semblants. S’unir pour cette mission, pour se partager ensuite équitablement la récompense, voilà ce qui me semble le plus pertinent. Sinon, autant se quitter tout de suite pour explorer tout seul les lieux et advienne qui pourra. Je ne fais confiance à personne d’entre vous (elle se garda bien de préciser qu’elle était au départ venue pour percer le mystère de la légende accompagnée du mystérieux non-voyant), alors sachez que je suis prête à toute éventualité, il serait malvenu pour vous d’essayer de me doubler.

Elle fit une pause, les regardant tour à tour.

- Quant à vous… renchérit Sunaï avec un regard vers l’ermite. Je ne sais pas quelles sont vos réelles intentions. Vous entourer de combattants aptes à vous faire explorer la grotte, pour ensuite rafler le trésor pour vous ? Vous amuser pour pimenter vos journées ? Nous amener à la mort dans une de vos folies loufoques ? Dans tous les cas, il est clair que vous ne nous dîtes pas tout, nous ne savons rien de ce « trésor », ni même de ce que nous pourrions affronter pour l’atteindre… Oui, plutôt que de nous inquiéter de qui pourrait doubler qui, je pense qu’il faudrait d’abord s’interroger sur l’origine même de notre expédition…

Audace. Calme. Insolence. Oui, c’était du Sunaï tout craché, ça. Désormais, elle attendait, plantée devant l’entrée de la grotte, attendant une réponse de la part des autres. Alors ? Une alliance était-elle possible ou décideraient-ils de la jouer solo ? L’ermite donnerait-il plus d’explications ? Le seul détail dont la mercenaire était sûre, c’était qu’elle pouvait compter sur le contact que Luz lui avait conseillé. Pour le reste, tout n’était qu’une série d’inconnues.

La seconde énigme n’apporta pas le même suspens que la première. Ni les mêmes coups de bâtons, heureusement. Souriant, Dhraan s’avança vers l’habitation de l’ermite. Il avait un bon pressentiment quant à cette petite chasse au trésor. Non pas sur l’issue de cette dernière, mais sur le fait qu’elle n’allait pas manquer de rebondissements. Et n’étant pas vraiment là pour l’appât du gain mais plutôt par goût de l’aventure, il s’agissait d’une bonne nouvelle.

Couché au sol durant presque toute l’intégralité de leur arrêt, l’aveugle en profita, comme tout le monde probablement, pour un peu analyser le groupe dont il faisait désormais partie. Pas grand-chose de plus à dire sur l’envoyée de la Confrérie pour l’instant. Elle serait probablement un atout fort utile pour tout le monde. La présence qui semblait la plus jeune d’entre eux tous avait de l’énergie à revendre, restait à faire attention à ce que ce ne soit pas un handicap plus qu’un atout. Et qu’il soit capable de travailler en groupe. Le dernier arrivé, accompagné de sa créature indéfinissable pour l’instant, possédait un esprit logique et dégageait certaines capacités impressionnantes. Bon, il s’était planté deux fois au niveau des énigmes, mais il rattrapait cela par son enthousiasme à donner des réponses. Restait donc le vieillard, probablement le plus secret de tous, et la petit compagnie était complète. Trouver un terrain d’entente pour que personne ne se poignarde dans le dos allait être une partie de plaisir…

Arriva ensuite l’heure du réel départ. Départ en silence. Même le vieux ne disait rien. Ou peut-être que si, un mot, une plainte de temps à autre, qui sait ? Dhraan n’y prêtait pas vraiment attention. Trop concentré à repérer mentalement les lieux, si jamais il devait revenir en vitesse sans pouvoir se baser sur l’improvisation. Bref. Le trajet se déroula sans d’autres embûches qu’un terrain difficilement praticable. Vint ensuite le fameux moment durant lequel le groupe attend devant l’entrée de la grotte, comme dans toutes ces histoires où les héros attendent devant l’entrée du donjon dans lequel la princesse était enfermée et où l’un d’entre eux clamait quelques paroles patriotiques, pleines de courage et de compassion. Sauf qu’ici, il n’y avait pas de princesse, et que les mots prononcés n’étaient pas vraiment du même genre.

Le discours de la jeune femme fit naître un léger sourire en coin sur le visage de Dhraan. Il était impressionné par son assurance dans son discours, et amusé par le contenu de ce dernier. Certes, il fallait que quelqu’un relève ces évidences et fasse les menaces nécessaires au semblant de cohésion qui les maintiendrait tous ensemble jusqu’à ce que le butin soit en vue, mais cela n’empêchait pas qu’il s’agissait d’un fait amusant. Une fois ce dernier fini, menaces à peine masquées envers le vieillard comprises, le Suniage se mit à marcher en direction de leur objectif immédiat. Quand il se trouva au niveau de son contact, donc la seule personne en qui il pouvait avoir confiance normalement, il posa sa main gauche sur son épaule et lui dit sur un ton à moitié moqueur, à moitié agréable :

« Ça me va. Tant que vous arrivez à suivre, mademoiselle. »

Et, continuant ensuite d’avancer vers la grotte, le jeune homme haussa la voix pour compenser le fait qu’il s’éloigne un peu du groupe.

« Au fait, je ne pense pas m’être proprement présenté, pour l’instant. Vous pouvez m’appeler Dhraan, si le cœur vous en dit. »

Le nécromancien se sentît bien limité lorsqu'il se trompa de nouveau pour la réponse à l'énigme. Son embarras s'accrut , et les doigts de Magrant blanchirent lorsqu'il serra son sceptre entre ses mains. Il souffla assez bruyamment puis suivis le groupe en direction de la vielle maison. Là bas , il était resté assis sur une chaise branlante, à méditer sur les faits à venir. Devant la porte était resté le garde bio-modifié, qui gardait la demeure avec la même rigidité qu'une statue. Certains oiseaux curieux s'approchaient des fois du mort-vivant, hésitant à approché cette singularité de la nature.

Lorsque le moment de se diriger vers la grotte arriva, Magrant épousseta son manteau couvert de la poussière qui régnait dans la cabane avant de fermer la marche au groupe, peu enclin à être le premier à subir une attaque frontale de qui que ce soit. Le chemin fut long et ennuyeux, et Malnoir passa son temps à lire son grimoire , assis sur le dos d'un cheval squelette qu'il avait fait sortir de terre uniquement pour le voyage. Ainsi il pouvait garder ses forces pour l'aventure souterraine qui les attendaient. Et pour garder son énergie , il à préférer réciter une incantation ( processus plus long, mais très peu couteux en magie )

Une fois devant l'entrée de la grotte, il prononça un bref mot et le cheval squelette tomba en poussière. Puis il fit quelque pas, s'assura que son garde était toujours en bon état et loin des effets de la décomposition, avant de concentrer ses pensées sur ses nouveaux compagnons.

La jeune mercenaire fit preuve d'un grande assurance de soi en parlant à eux. Il ne s'attendait pas vraiment à entendre cela de sa part, mais il changea un peu plus d'opinion sur elle. Un sourire passager apparut au coin de sa bouche avant qu'il reprenne son sérieux.

Le dénommé Dhraan avança en premier d'un pas assuré. Cet homme était bien sûr de lui. Très intéressant ...

_ Fort bien ... alors allions nos forces pour parvenir à atteindre le trésor, et à déjouer les pièges et les monstres, si jamais des horreurs se cachent là-bas . Je propose de former un ordre de marche afin de pouvoir augmenter nos chances de survies dans cet environnement.

Il tapa avec son sceptre et de petits éclairs commencèrent à traverser le cristal sertie sur le bâton, créant une petite lumière indigo dans les ténèbres de la grotte.

_ Les épéistes devant, les autres derrières. Je laisse mon garde du corps passer devant pour essuyer toute attaque surprise, car il est très résistant et sauras repousser les attaquants à la hache. Pour ma part je serais près de l'ermite, au centre du groupe, pour vous soutenir au besoin .

Et il se retourna pour les fixer intensément .

_ Mon nom est Magrant Malnoir ...

- Il va me falloir toute votre collaboration ! lança Sunaï aux autres chasseurs de trésor. Essayez d’atteindre sa nuque tant qu’il me re…

Sunaï dut faire un autre saut en arrière pour éviter un assaut du gardien et ses épaules vinrent buter contre les parois. Ses paroles résonnaient sur les pierres de la grotte. La mercenaire, bien qu’elle avait prévu de surprendre la bête, avait entraîné l’effet inverse : celle-ci était tournée vers elle. Mais cela pouvait être tout aussi bien, si elle servait elle-même de diversion et que les trois autres hommes réussissaient à en profiter, cette créature ne devrait pas leur poser trop de problèmes, tant qu’ils se battaient en équipe. Sunaï comptait effrayer, ou du moins, intriguer la bête qui pouvait sentir le courant électrique parcourir son épée. Si cela rendait la créature hésitante, les trois autres hommes devraient pouvoir en profiter.

Et c'est ainsi que les invétérés chasseurs de trésors avaient pénétrer la sombre caverne, après la démonstration étrange et douteuse du vieux ermite. Louche et mystérieux ... un genre dont il fallait se méfier énormément. Magrant préféra donc garder une certaine distance derrière le vieux afin de l'empêcher de tenter toute tentative de fuite ou d'attaque surprise.

Alors qu'ils firent quelques pas dans le sombre souterrain, la lumière générée par son sceptre fit apparaître des recoin obscurs un monstre épouvantable. Un hybride, sorte de mutation ou de fusion de plusieurs créatures. Une combinaison impie, hors de nature .... Une merveille biologique pour le Nécromancien, qui ne put s'empêcher de laisser échapper une petite exclamation d'émerveillement. Pour lui, cette créature n'était pas une horreur, mais plutôt ... une singularité de la nature. Une chose rare qui outre son apparence peu engageante, gardait un potentiel qui ne saurais que charmer tout amoureux des études nécrologiques.

Déjà Malnoir se mit à imaginer ce que cachait le corps du gardien comme secrets biologiques. Pouvait-il cracher du feu ? produire de l'acide ? voler grâce à un gaz insufflé dans une poche ? Devenir invisible grâce à une particularité de son épiderme ? Son métabolisme pouvait-il lui permettre de faire des prodiges inhumains ?

Tant de questions qui ne resteraient pas sans réponses avec le talent de Magrant en matière d'autopsie et d'étude nécrologique. Lentement un sourire d'envie s'afficha au coins de ses lèvres, et il ne put s'empêcher de tirer la langue, comme le ferait un animal se léchant les babines devant une proie de choix ... Flippant .

Ce fut son garde du corps qui intervint en premier. Insensible à tout effet psychologique, le mort-vivant bio-modifié se lança aussitôt sur le monstre, le poussant avec force grâce au manche de la hache. La créature ainsi repoussée se mit à se débattre, et les aventuriers purent assisté à un véritable déchainement de force, ou' les deux colosses se rivalisaient le terrain. C'est alors que la mercenaire du nom de Sunaï entra en scène. Avec une grande agilité elle était parvenue à contourner les deux champions pour prendre le monstre par derrière. Malheureusement, la créature sembla être attirée par cette présence féminine. Oubliant son garde du corps, le monstre se jeta sur la femme en agitant ses nombreuses armes naturelles avec la férocité du prédateur affamé. Cette dernière parvint à le repousser en utilisant une sorte d'énergie électrique courant sur sa lame. Très bien joué, mais le monstre ne semblait pas pour autant intimidé à ce point, s'attaquant de nouveau à Sunaï. Fatale erreur.

Malnoir donna un ordre rapide et bref à son mort-vivant, et aussitôt le colosse leva sa hache et l'abattît sur le dos de la créature, la lame brisant la colonne vertébrale. Le monstre poussa un cri déchirant avant de reporter son attention sur le bio-modifié. La mercenaire en profita pour lui assener plusieurs coups adroits à l'aide de son épée. Ainsi harcelé de toute part, le monstre ne parvint à concentrer son attention sur un objectif précis, ce qui causa sa perte.

Après un combat rapide, la bête s'écroula, son corps encore parcourut par des spasmes d'agonies. Alors que Magrant approchait le cadavre pour l'étudier, il remarqua que les convulsions du monstre faisaient surgir de nombreux parasites enfouis dans sa peau. Une personne normale aurait trouver cela particulièrement répugnant, mais un nécromant ne faisait guère attention à ces banalités et se concentrait sur l'objectif principal : la découverte des secrets biologiques.

_ Nous avons fait un excellent travail , je dois dire. Mais je vous prierais de bien vouloir me laisser examiner ce cadavre. Ainsi, notre ennemi pourrait devenir un allié de "taille" . Veuillez donc excuser mon empressement, mais je ne peut rester impassible devant les particularités physiques de ce monstre. En attendant, vous pourriez vous reposer , reprendre des forces ?

Et , se penchant sur la créature, il se mit à la disséquer à l'aide de ses outils, laissant ses compagnons se remettre de leurs émotions ...

- Fermez-les yeux !!!

Elle embrasa soudain son corps d’électricité, non pas pour attaquer, mais pour produire une lumière vive, rapide, et surtout, aveuglante. Avec l’obscurité ambiante, une clarté si soudaine ne pourrait que déstabiliser les bêtes. Celles-ci crièrent, appréciant peu leur nouvel handicap. Sunaï prévint les autres qu’ils pouvaient rouvrir leurs paupières, mais ne prit pas le temps de vérifier s’ils avaient tous protégé leurs yeux à temps. Elle sortit à nouveau son épée. Ils devaient se dépêcher, l’aveuglement des créatures ne durerait pas indéfiniment. Dix secondes tout au plus, vingt s’ils avaient vraiment de la chance. Mais elles avaient toujours leur ouïe et il ne fallait pas les sous-estimer pour autant.

Au moment même ou’ l’ambitieux nécromant allait découvrir ce que renfermait le cadavre de la créature, ce dernier éclata en poussière entre ses mains. Enfer et damnation, la sublime découverte biologique qu’il allait faire venait de tomber en poussière au sens même du mot. Sorcellerie ? Sans doute. Enfin bref. Ainsi il poursuivit son chemin derrière les autres, en marmonnant derrière sa barbe des paroles intelligibles.
Ils finirent par rencontrer une nouvelle énigme devant eux. Heureusement, le compagnon de Vanitas avait trouvé la réponse qui semblait d’ailleurs évidente. Ainsi la voie fut ouverte aux chasseurs de trésor.

Et voila qu’ils tombaient nez-à-nez avec deux autres abominations chaotiques toutes aussi redoutables et menaçantes que le précédent gardien. Magrant douta que ces deux monstres partiraient aussi en poussière s’il tentait de les disséquer, aussi eut-il l’idée de le faire à l’insu de tous, bien plus tard. Ainsi personne ne tenterait de l’arrêter et il pourra asservir les deux créatures. Encore fallait-il déjà se débarrasser de ces créatures, mais c’est une autre histoire …
Faisant tournoyer son sceptre prêt de Goltarni, il prépara quelques sorts en tête lorsqu’il vit la jeune mercenaire du nom de Sunaï prendre l’initiative. Sacré fille. La fougue et l’impétuosité de la jeunesse coulaient dans ses veines. Courageuse, ou suicidaire ? Telle était la question (mais c’est encore une autre histoire). Ainsi elle libéra soudain une lumière éblouissante. Heureusement qu’elle les avait prévenus. Le flash éblouissant aveugla les deux créatures, et Hinara passa à l’attaque. Mais notre chère aventurière, après avoir délivré quelques coups d’épées, se fit acculer par une des monstruosités. Encore … Elle se défendait bien, mais cette manie de toujours se jeter sur un ennemi puissant, de se faire acculer contre un mur ou par terre et de risquer de se faire embrocher … Enfin, personne n’est parfait.

Tandis que ses compagnons s’occupaient de la créature ailée, Magrant conclut qu’il fallait bien sauver la jeune demoiselle. Ce serait sa rédemption pour les ignobles péchés commis. Décidément il était trop bon … D’un ordre, son garde du corps avança lentement, en agitant sa hache devant la créature aux allures félines. Cette dernière se mit à pousser des rugissements sonores, interrompu en plein repas. Sans lui laisser le temps de découper la fille en rondelles, le bio-modifié donna un furieux coup de manche sur la gueule du monstre. Aussitôt ce dernier lâcha prise et se jeta sur le mort-vivant. Une lutte titanesque eut alors lieu, chaque adversaire tentant de déstabiliser l’autre. L’un mordait, griffait, embrochait avec sa corne. L’autre ripostait en le repoussant avec le manche de sa hache. La bête était rapide et ne laissait pas le garde user du tranchant. La situation était délicate, si personne ne venait l’aider, le monstre aura bientôt le dessus.

Magrant était bien trop concentré à contrôler son garde pour savoir ce que faisaient ses compagnons. Tout ce qu’il espérait, c’était qu’ils allaient abattre le second monstre avec plus d’efficacité …