Badra regardait les passants, se demandant pour la millième fois pourquoi elle avait suivi son père dans sa quête insensée. Aider les humains dans leur rébellion... En quoi cela concernait-il les nains? Elle aurait pu être au creux de la montagne, à se noircir les main de charbon jusqu'à trouver un diamant et pouvoir en faire quelque chose de fabuleux! Mais non, elle était attablée dans ce marché à vendre des armes aux humains. Les humains... Ils se croyaient tellement supérieurs, tellement dignes d'intérêt... Ils la regardaient tous moqueusement, se demandant sûrement si c'était des fleurs qu'elle vendait. Déjà qu'elle était jeune pour une naine, pour un humain elle devait avoir l'air d'avoir six ans. Qu'ils attendent qu'elle sorte sa massue, ils la trouveraient beaucoup moins ridicule. Justement, deux soldats de l'empire s'arrêtèrent devant sa boutique. Badra jeta un coup d'oeil derrière elle, s'assurant ainsi que le vieux était toujours au travail. Les deux gorilles se plantèrent devant elle, avec un sourire moqueur.
-Alors, fillette, t'es pas un peu jeune pour tenir une boutique?
-Allez vous faire foutre.
Les gardes parurent surpris un instant par le timbre de voix de la jeune femme, puis reprirent aussitôt contenance.
-Désolé, m'dame. On a pas reçu notre paiement alors...
-Ça c'est parce que j'ai refusé de vous le donner.
L'un des gardes se balança de pied en pied, ne sachant pas trop que faire. C'était évidemment un novice. L'autre prit la relève.
-Ça fait 600 pièces d,or que vous nous devez.
-Et ce n'est pas aujourd'hui que vous en verrez la couleur. Écoutez, soyez gentils et partez, j'ai du travail à faire.
Le soldat soupira, n'ayant pas l'autorité d'infliger un châtiment à l'impertinente. Il se retourna et murmura à son collègue: "Les nains sont tellement chiants... Comme si ils pouvaient se permettre de nous prendre de haut..."
Badra se leva. S'en était fini de ses foutus gardes condescendants qui n'avaient jamais rien fait d'autre que de marcher de commerce en commerce pour récolter leurs gains. Elle, elle avait travaillé dans les mines, avait forgé de ses propres mains des armes bien meilleures que celles qui pendaient de leurs ceintures. Et ils osaient l'insulter?!? Badra fit glisser sa main sur le manche de sa massue, bien décidée à faire un joli collier des dents des gardes quand soudain...
-Badra! Viens voir ça!
C'était son père. Elle se força à prendre une grande respiration et à reposer son marteau. Elle entra dans l'atelier et essuya la traditionnelle vague de chaleur qui émanait de la forge sans broncher.
-Oui père?
Il lui montra fièrement un bijou qu'il venait de finir.
-Wow... C'est magnifique!
-Oui... Ta mère l'aurait adoré...
Et il regarda le sol mélancoliquement, repensant à sa défunte épouse. Badra soupira. C'était pour ça qu'elle avait suivi son père, des neufs enfants qui constituaient sa famille, elle était la seule à vouloir supporter son père dans son projet. Aider la rébellion... Badra se demandait si il ne faisait pas ça uniquement pour fuir son deuil. Ses frères, tous aînés, établissaient maintenant leurs propres familles. La jeune fille avait hérité du même enseignement que ses frères, soit la forge, le combat et le commerce. Elle savait aussi bien réaliser un bijou fin qu'une arme de destruction massive. Cependant, il lui fallait du temps et des ressources. Sinon, même si son père l'avait éduquée sévèrement, elle avait eu une enfance sans incident majeur. Sauf, évidement, le décès de sa mère. Elle s'en souvenait très bien, alors qu'elle et ses aînés revenaient de leur dure journée de labeur, ils avaient trouvé leur père devant des gravats. Leur maison s'était effondrée. Le patriarche tentait en vain de déblayer le tout pour sauver la mère. Les enfants s'y mirent aussi, ainsi que quelques voisins. Après quelques heures, ils retrouvèrent la mère, broyée par les pierres qui lui étaient tombées dessus. Ses funérailles furent très sobre et beaucoup de gens s'y présentèrent. Ces mêmes voisins ont aidé la famille à se reconstruire une maison, mais la famille ne se remit jamais entièrement. D'où le déménagement de Badra. Il fallait dire que son père était beaucoup plus joyeux maintenant qu'il s'était trouvé un but. Oui, c'était sûrement pour ça qu'elle était là.
-J'ai entendu du bruit, tout à l'heure, est-ce que tout va bien?
-Oui, je m'en suis occupée. Que des clients bruyants.
-Bien. Maintenant retournes-y, sinon, on va penser que la boutique est fermée.
-Bien père!
Et elle retourna astiquer les bijoux présentés.
- Citation :
- A la suite de ton altercation avec les gardes, ces deux derniers décident de te coincer dans une ruelle afin de te faire clairement comprendre qu'ils attendent d'être payer... Raconte la manière dont tu t'en sors, qu'il s'agisse de ruser ou de combattre.