Les légendes racontent qu'autrefois vivait, au plus profond des océans, une jeune Sirène. Celle-ci était bien moins belle que ses consoeurs, et même que les Humaines. Ce qui évidemment était un excellent prétexte pour la railler.
Désespérée, elle quitta ses abysses pour partir à la recherche d'un moyen pour qu'enfin ces brimades cessent. Oh, elle pensait tomber sur une Sorcière marine ou quelque chose dans ce goût-là, ça aurait parfaitement arrangé ses affaires. Mais non. Sa route croisa celle d'un grand requin blanc, immense, même pour les siens. Il s'agissait du dernier spécimen d'une espèce très ancienne, qui terrorisait jadis les pêcheurs, et que même les navires de guerre craignaient, à cause de la sale manie qu'ils avaient de se jeter contre la quille.

D'ordinaire, notre jeune Sirène aurait fui, peu tentée par la perspective de finir en hors d'oeuvre pour squale, mais au point où elle en était... Elle estimait qu'elle n'avait plus rien à perdre. Le requin ne la dévora pas. Au contraire, il s'adressa à elle le plus calmement du monde. Enfin, il... Elle. Parce qu'il s'agissait d'une grande femelle.

« Je sens ton désespoir et ta colère, petite créature, car ces mêmes sentiments rongent mon coeur. Je suis la dernière de mon espèce ; à ma mort, je ne laisserai derrière moi que de vagues souvenirs et des légendes brumeuses que les habitants des terres s'empresseront d'oublier. Mais à nous deux, peut-être pourrons-nous éviter ce triste avenir. Tu veux la beauté ? Je peux te l'offrir. Tu veux te venger de celles qui te rejettent ? Cela aussi je peux t'en donner le pouvoir. En échange, tu devras te lier aux miens, et nous donnerons naissance à une nouvelle race. »

La beauté et la vengeance ? C'était tout ce qu'elle souhaitait ! Comment aurait-elle pu dire non ? La Sirène accepta la proposition du requin, et ce dernier l'avala entièrement, en veillant à ce que ses nombreux crocs ne l'entaillent pas.
C'est une forme très ancienne de magie qui fut utilisée par cette femelle requin. Bien loin d'être digérée, la Sirène subit une transformation profonde. Ce que le grand requin n'avait pas prévu, c'est qu'un oeuf, un unique oeuf, était demeuré en elle malgré tout. Cet oeuf se développa aux côtés de la Sirène, et ils partagèrent donc une part égale de cette magie.

C'est donc ainsi qu'un requin blanc sortit du ventre du premier squale, aux côtés de la Sirène métamorphosée. Cette dernière avait troqué ses écailles claires contre un cuir épais et sombre, ses longs cheveux étaient devenus d'un noir obsidienne profond qui aurait fait pâlir les abysses les plus sombres, ses yeux s'étaient fendus, un aileron avait poussé sur le bas de son dos, et ses mains étaient devenues de redoutables armes aux griffes solides et tranchantes. Son frère requin, bien que plus petit que leur mère, avait acquis une intelligence plus développée que ses pairs de son gabarit, et la capacité de s'exprimer par simples pensées avec sa soeur.

Le dernier requin géant mourut d'épuisement, mais on raconte qu'on pouvait deviner comme une sorte de sourire sur sa gueule hérissée de crocs alors qu'il rendait l'âme.

Les Sirkëns sont de splendides créatures conçues pour la chasse et les combats. Leur queue n'est pas recouverte d'écailles, mais du même cuir que celui des requins, difficile à entailler sans une excellente lame bien affûtée. Leurs couleurs restent très majoritairement sombres, dans des tons bleutés et/ou noirs. Leurs mains conservent une forme habituelle, mais elles rappellent fortement des serres, à la peau plus sombre que le reste du corps.
Leur grande beauté est destinée à enchanter les hommes (et même parfois les femmes) pour mieux les attirer dans l'eau, les dévorant par la suite.

Evidemment, elles peuvent décider de prendre une forme plus humanoïde, en changeant leur queue en une paire de jambes. Mais elles sont mal à l'aise sur la terre ferme, loin de leur frère requin, et n'y restent jamais bien longtemps. De plus cette transformation les épuise rapidement.

Evidemment, comme pour toute race chaque individu a son caractère propre, cependant certains traits sont communs à l'espèce.

Pour commencer, sachez qu'une Sirkën est fondamentalement capricieuse et ne tolérera de sa vie qu'une seule et unique autorité. Cet être qu'elle choisira pour sa puissance ou la force de son caractère sera le seul auquel elle acceptera d'obéir. Et encore, pas tout le temps... C'est qu'elles peuvent être de véritables girouettes, ces demoiselles. Mais quoiqu'il advienne, une Sirkën restera loyale pour le restant de ses jours à celui ou celle qu'elle considérera comme son supérieur naturel.

Deuxièmement, les Sirkëns aiment la musique. Elles aiment chanter, et aiment qu'on chante pour elles. Certains marins vous diront que lorsque vous êtes en mer et que vous pensez être suivi par l'une d'entre elles, il faut se mettre à se chanter pour l'empêcher d'avoir envie de vous dévorer. Mais à la moindre fausse note... Gare à vous.

Troisième et dernier point communs à ces teignes aquatiques, ce sont des êtres particulièrement intelligents et rusés. Elles adorent affûter leur esprit et si elles croisent un érudit, il a de bonnes chances de s'en sortir en vie s'il peut les aider à accroître leurs connaissances. Les Sirkëns affectionnent particulièrement les énigmes, et si vous vous pensez à la hauteur, vous pourrez toujours tenter de marchander votre vie lors d'un concours de devinettes. Pour peu que vous gagniez, elle vous escortera jusqu'à la terre ferme.

J'y venais, j'y venais. Une Sirkën naît accompagnée d'un frère jumeau requin, d'une mère squale. Qu'est-ce qui détermine qu'une femelle donnera naissance à une Sirkën ou non ? Sa taille, qui doit être de six mètres, déjà. Pour le reste... Disons le hasard ? Cependant ce sont les femelles les plus agressives et intelligentes qui donnent naissance aux Sirkëns. Les deux petits sont élevés par leur mère durant une bonne dizaine d'années, avant qu'ils ne s'en aillent finalement explorer le vaste océan par eux-mêmes.

Une Sirkën peut donner naissance à des enfants, mais ce ne seront que des sang-mêlés, jamais des Sirkëns. Elles peuvent se reproduire avec les Humains, les Elfes, les Démons, et même les Nains.