We stayed up all night playing Donkey Kong.

Clydwen se sentait seule. Vous savez, le genre de solitude désagréable, avec cette sensation carnivore que le monde entier a les yeux rivés sur vous alors que vous êtes juste là, peinard, assis dans l'attente d'un signe ou d'un événement. À la différence près que le monde entier se résumait à quelques membres de la Confrérie qui allaient et venaient devant elle, posant sur elle un regard parfois amusé souvent surpris avant de s'échanger quelques interrogations entre eux, se demandant quand est-ce que Luz avait adopté une mascotte pour la Guilde.

Une mascotte.

Elle d'ordinaire si bavarde garda les yeux rivés sur le sol, balançant ses jambes trop courtes pour toucher le sol en patientant le retour de la dénoméme Luz qui lui avait souri un : "je reviens tout de suite !" il y avait déjà vingt-sept minutes et quarante-trois secondes.

Il n'était pas rare, quand la main d’œuvre manquait, que Luz me confie de petites tâches tel que le Tri des Artefacts de faible valeur, le rangement de la bibliothèque aux cotés de Leyna, la rénovation d'un couloir avec une petite équipe "de maintenance" ou bien encore le nettoyage des latrines...

Cette fois-ci, il me fallait trouver un endroit ou stocker une petite famille de panthères qui semblaient intéresser certaines personnes - ces félins se vendant au prix fort chez la plupart des gérants de Cirques. Cependant, et malgré ma grande connaissance de nos locaux, je n'avais pas la moindre idée d'un endroit approprié à ces bestioles. Portant un regard au bout du couloir, je fouillais avec parcimonie chaque centimètre carré, chaque petite parcelle de cet endroit dans l'espoir de trouver ce que je cherchais plus que tout... De la place !

Cependant, je fus coupé dans ma recherche lorsqu'un objet non identifié vint me percuter violemment, me projetant au sol sans que je ne puisse me ralentir... C'est donc à une vive allure que mon menton s'explosa contre la pierre brute du QG, me faisant ressentir une intense douleur dans la mâchoire et la langue, que j'avais malencontreusement coincée entre les rangées de dents supérieures et inférieures...

Ma réaction ? Sans même me soucier de la forme que je venais de prendre malgré moi, je parcourus plus vite que n'importe qui la centaine de mètres qui me séparait du bureau de Luz... Avant de percuter, à mon tour, une sorte de peluche posée à terre...

Si Clydwen s'attendait à se faire percurter par une belette dans son attente interminable et quelque peu honteuse, ça.. non, pas réellement. Posant ses yeux sur la bestiole un peu agitée et semble-t-il étourdie par le choc, l'Ilwynog cilla de surprise avant de se mettre à sourire, amusée.

« - J'ignorais qu'il y avait des animaux, ici. Est-ce que tu es une sorte d'animal de compagnie ? demanda-t-elle tout naturellement, elle pour qui parler avec les animaux était une faculté naturelle ; elle sembla cependant réaliser quelque chose, perdant son expression joyeuse pour quelque chose de plus grave, elle se pencha vers la bête pour planter ses yeux dans les siens. Serais-tu un sujet d'expérience ? s'interrogea-t-elle à voix plus basse, ne semblant pas réellement choquée mais au contraire plutôt intéressée. J'ignorais qu'il existait des belettes dignes d'intérêt. Serais-tu magique ? Oui, ça expliquerait l'étincelle d'intelligence dans tes prunelles.. »

[HrP : le texte entre * est une pensée que tu peux entendre, vu que tu communiques avec les animaux x) mais mon personnage n'est pas au courant !]

« Animal de Compagnie », « sujet d’expérience » ; mais de quoi voulait-elle bien parler ? Y’avait-il quelque chose qui trahissait ma forme d’humai… Diantre ! Effectivement, il y avait bien quelque chose qui me trahissait ! Pour tout dire, il s’agissait de mon apparence entière… Je n’avais pas eu le temps de remarquer, durant ma course folle, que j’avais adopté - malgré moi - cette forme qui était pour le moins handicapante. Cela résolvait cette question que je me posais depuis le choc avec cet étrange personnage : « Pourquoi un Lapin aussi grand se trimballe dans nos couloirs ? ».

Je dus bien admettre qu’entre nous deux j’étais le plus étrange, principalement à cause de ces mouvements de pattes que j’effectuais autours de moi, semblant brasser l’air environnant, dans le but d’attirer son attention… Ma langue me faisait encore souffrir, et je savais que je serais incapable d’émettre un son « humain » avant quelques minutes ! Pourtant, du mieux que je pouvais, j’essayais de lui expliquer la situation, en passant par un langage des signes à demi-improvisé.
Soudain, un éclair de génie parcouru ma fourrure jusqu’à mon petit cerveau de rongeur… Un crayon ! Si j’arrivais à trouver un crayon, il serait pour moi facile de lui expliquer un peu mieux ma situation… C’est donc après lui avoir tourné le dos que mon regard parcouru la pièce autours de nous, cherchant cet objet clef qui me permettrait de communiquer avec ma charmante collègue…

*Mais c’est très mal rangé ici… On ne s’en aperçoit pas quand on est grand, mais c’est vraiment mal rangé !!*

Spoiler:

La bestiole semblait remuer davantage après ses propos, mais Clydwen ne comprenait pas davantage ce qu'elle essayait de lui transmettre. Presque machinalement, l'Ilwynog remua ses propres pattes en essayant d'imiter ceux de la belette, mais rien ne lui paraissait plus logique. Pour être tout à fait honnête, malgré sa curiosité maladive et sa soif de savoir, Clyd ignorait le langage des signes - ce qui était bien dommage, puisque l'intelligence de la bête poilue semblait assez évoluée pour essayer de la reproduire, même grossièrement.

Soudain, la belette cessa de remuer et se mit à balayer l'endroit des yeux. S'étant relevée dans le même mouvement, Clydwen fit de même avant de se mettre à se balancer d'avant en arrière sur ses pattes, presque enfantinement, haussant les épaules aux mots de son vis-à-vis animalier.
« - On passe à côté de beaucoup de choses, quand on est grands. Comme l'humilité. Ou l'entomologie. Alors tu sais, je pense que les détails comme l'asymétrie d'une pièce, ça leur passe au-dessus de la tête. Et puis tu sais ce qu'on dit : le bordel organisé, c'est encore le meilleur moyen de s'y retrouver ! Un temps. Qu'est-ce que tu cherches ? »