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 Epreuve Esenheim

 
Epreuve Esenheim Sand-g10Mar 18 Déc - 14:31
http://www.terramysticarpg.com/t1564-esenheim-ayael
Citation :


«La chaleur te fera fondre… Prends garde au soleil la lumière est vicieuse…
Les derniers mots de Nayris résonnaient dans les oreilles d’Esenheim, alors que sa conscience de son entourage s’estompait progressivement.
Alors que les images de Nayris et d’Elyin disparaissaient, l’âme d’Esenheim se mit à errer de façon erratique dans les limbes. Le processus de réincarnation n’était pas quelque chose de naturel, même si les pouvoirs illimités de Nayris le rendait possible, ce n’était en aucun cas une tâche rapide et aisée, notamment pour une créature magique tel que lui qui n’avait pas d’existence matérielle à proprement parler.

Entre le cœur des limbes, ce nid de damnation, et le monde des vivants existait une frontière où le temps et l’espace n’était plus que de vagues notions. Alors que des ombres se dressaient et retombaient en poussière autour de lui, le démon s’interrogea sur l’existence. Toute sa vie, si on peut en parler en ces termes, il avait vécu, survécu, tué, erré… le démon balaya cet élan mélodramatique d’un revers de la main : Non, il avait existé, s’était taillé un chemin à travers l’existence, à la force de son bras et de son intellect, il avait gravé le monde de son nom… De nouveau il balaya ces pensées en soupirant : Il n’y était pas.
Quel était le sens de son existence ? Non, de l’existence en général ? Le démon ne se sentait pas vraiment le besoin de ces réponses, il avait toujours vécu en suivant son instinct, et son instinct le guidait encore et toujours à aller de l’avant, de façon animale, certes, mais au final, aucun être vivant est-il bien différent… Non, de façon aussi surprenante que cela le soit, le démon désirait trouver la réponse, sans vraiment savoir pourquoi.
Il connaissait ce qu’était la mort, plus que quiconque, il avait tué un nombre inconcevable d’êtres vivants au cour de son existence, il avait suivi la voie du guerrier, ou seul la force compte, il savait que la mort n’était pas seulement la fin de l’existence, c’était aussi son apogée, le raison simple qui rendait la vie à la voix possible, et sensée. Une vie se créer sur une pile d’ossement, mais viendra un jour l’agrandir.

Devant lui, une des ombres ne disparaissait pas, et prenait presque une forme. Au milieu des ondulations ténébreuses, Esenheim sentait presque peser un regard narquois sur lui, même s’il savait que c’était impossible, qu’il ne s’agissait que d’une illusion de malaise.
Néanmoins, se tournant vers l’ombre, il déclara d’une voix claire et forte :
Montres moi…

Avec ce qu’il ressenti vraiment être un sourire narquois, l’ombre tomba à son tour en poussière. Déçu, le démon se prépara à laisser son âme glisser plus loin dans le torrent du temps, quand soudain, autour de lui, se mis à se dresser des décors, des scènes de batailles digne des plus belles peintures, pourrissant petit à petit jusqu’à ce que seul des ossements brandissant des épées rouillées et des boucliers brisés, des village apparaissaient, grandissant, devenant des cités, des tours d’une impériosité magnifique s’élançant vers le ciel, puis retombant brutalement à l’état de néant.
Esenheim passant sa main dans décombres de la ville alors qu’ils redevenaient poussière et s’écoulaient tranquillement dans un fleuve, qui devient rouge, et épais comme le sang. De ce sang, émergèrent de nouvelles formes de vie, et encore de nouvelles, grandissants petit à petit, puis s’élevant, et retombant. Le champ de vision du démon s'élargi petit à petit, alors que des centaines de villes, dont certaines qu’il connaissait, s’érigeaient et tombaient en ruine dans un vortex de sable noir, les bâtiments et les êtres vivants tourbillonnaient dans un siphon sans fin.

Le démon baissa les yeux, et contempla l’abîme, et enfin, pour la première fois, en sa longue existence, il comprit enfin cette célèbre citation : Quand tu plonges ton regard dans l’abysse, l’abysse te regarde. C’était comme observer une gueule béante, mâchant et recrachant sans cesse, broyant, dans un chaos et une folie sans nom. Il comprit enfin que la folie par laquelle il avait pensé avoir vécu n’était rien, absolument rien, et que rien n’expliquait l’existence, ou la mort. Il regarda autour de lui, et mit enfin le doigt sur ce qui le gênait : Il n’y avait aucun sens à trouver dans la vie, ni dans la mort. On pense tant que l’on est vivant que les petits plaisirs que nous offres l’existence suffisent à la justifier, que ce que nous créons nous définis, nous donne un but, une raison à la vie, et une compensation à la mort. Mais une fois passé au-delà du plan mortel, on se rend compte que plus rien n’a d’importance, que tout ce qu’on a fait, ce qu’on aurait pu faire, tout sera défait, et que c’est justement pour cette même raison, que tout peut recommencer. Il frissonna, puis, surpris, il regarda de nouveau le néant sous ses pieds. C’était comme si la chaîne qui entravait son âme gelée se délitait petit à petit, une sensation, nouvelle : La peur. Pour la première fois depuis un siècle, la peur tordait ses entrailles. Pas qu’il soit forcément téméraire, il avait souvent combattu avec beaucoup de prudence, mais ce n’était pas ça, il contemplait le néant absolu, et cette vision le frigorifiait. Il senti l’énergie bouillonner en lui, alors que son essence même tentait de l’arracher à cette vision.
C’était comme le réveil de son instinct animale : Il n’avait pas besoin de raison à son existence, elle se suffisait à elle-même, dans un violent désir de vivre.

Après l’avoir courtisé pendant si longtemps, le démon comprenait, et craignait la mort. Et en même temps, il comprenait qu’après avoir été façonné par Nayris, la mort était par la même une part de lui, elle le fascinait. Il était revenu en ce monde comme une arme, une machine à tuer, privé de sentiments, mais soudain cette limite s’effondrait, la conscience de sa propre mortalité brûlait en lui, affinant sa perception de son entourage. Au fond de lui, il comprenait à présent le véritable sens du néant, et de sa caresse glacée. Il comprenait qu’il s’était trompé, qu’il y avait plus derrière ses pouvoirs qu’il ne le pensait au premier abord, il n’était pas un élémentaire, constitué d’un élément, il était une créature purement constituée d’une magie impie issue des limbes, et il pliait les éléments à sa volonté.
Alors que même les ombres des limbes commencèrent à s’estomper, il essaya de se rappeler quelque chose, ou quelqu’un, qu’il avait vu… non, qui l’avait… il n’arrivait pas à s’en souvenir, comme si sa mémoire n’avait pu enregistrer cette information, il savait que les visions qu’il avait aperçue était dû à quelque chose, mais il n’arrivait pas à se souvenir de quoi.
Alors que la lumière du soleil se mit à rayonner, alors qu’il était revenu des limbes, l’avertissement de Nayris résonna à ses oreilles : Puisant en lui, il trouva son pouvoir vibrant de lui obéir, et instantanément il s’enroba dans un cocon de fraîcheur. Il ressentait le monde autour de lui différemment, plus vivant, mais enrobé dans l’ombre de la mort.
Il sourit, ce n’était peut-être pas son but, mais il avait compris sa nature, et part de là son appartenance éternelle : A la prochaine fois… Maîtresse…



Esenheim

Esenheim


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