Adalrik Sombretoison

Adalrik est sans conteste une brute par les actes et son train de vie dirigé par sa fonction et fort de son expérience d’indépendant, le lycan n’est pas de ceux qui se laissent dicter leur conduite. Non irrespectueux de la hiérarchie, l’entourage ne gagne son respect que par la preuve catégorique de sa valeur et dès lors, on se retrouve en face d’un nouvel individu, du moins plus profond et dévoué. Adalrik n’a rien d’un tendre compréhensif mais cela ne l’empêche pas de reconnaître et s’approprier la souffrance d’autrui, cependant, il ferme cette facette moins abrupte de sa personnalité pour n’en donner la clé qu’à quelques élus dignes de lui être assez proches pour faire partie de sa meute sentimentale. On l’apprécie ou non pour son honnêteté qui peut parfois s’avérer cassante aux plus sensibles d’autant plus que l’individu n’a pas pour ainsi dire la langue lourde qui s’évertue à constituer son langage au registre sélectif.

Malgré toute cette identification à la violence, le lycan pourrait aller jusqu’à paraître paisible lorsqu’on le place devant un échiquier, la seule distraction qui à ce jour semble pouvoir effacer toute trace de brutalité chez lui, du moins pendant les phases de réflexion, le plateau tremblant toujours lors du déplacement d’une pièce, marquant la lourdeur du sacrifice du pion, simple chair à canon aussi sacrifiable qu’essentielle. Il garde un attachement certain au clan et en fait une fierté personnelle.

Adalrik est né à Cadrak, au sein d’un clan relativement modeste et sans histoire particulière. La population locale était assez rustique, ce qui conditionna en une certaine mesure ce que serait son propre caractère, contraint d’évoluer dans une cité en marge d’autres grands modèles démocratiques. Le jeune lycan paraissait toujours sous forme humaine pour se fondre dans la masse, un être frêle et chétif qu’un souffle de vent pouvait faire vaciller. Protégé par les siens, jamais il n’eut à se soucier d’ivrognes ou autres individus potentiellement violents mais une fois plus avancé en âge, il s’inquiéta de son devenir, conscient que la région ne convenait guère à sa nature.

Il quitta ainsi la région pour vivre en Feu, dans la cité de Faestelia, où il espérait trouver un emploi. Dorénavant seul, il se frotta à de multiples individus peu scrupuleux, voyant en ce jeune gringalet l’opportunité d’obtenir un larbin à moindre coût. Ainsi, il servit quelques commerçants des quartiers populaires, chargé de transporter de lourdes marchandises pour un salaire misérable. Le labeur eut au moins l’avantage de le renforcer physiquement tout en faisant émerger en lui un désir d’indépendance vis-à-vis de ses employeurs qui, lorsqu’ils comprenaient de quelle espèce il était issu, n’hésitaient pas à le surcharger jusqu’à ce qu’il adopte une forme plus adéquate à ce « travail » excessif, trop heureux de voir leur bête de somme à l’oeuvre. Le gouvernement étant peu présent dans le pays, il n’était pas rare de voir ce genre d’excès.

Vers ses vingt ans, poussé à bout, il abandonna ses tortionnaires et, rassemblant ses économies, il s’offrit un attirail très modeste pour s’engager dans le mercenariat. Le métier payait bien et il s’arrangeait pour rester au possible dans des contrats légaux, n’ayant pas de réelle attirance pour le larcin et autres tâches peu recommandables ; mais le meilleur était sans doute l’indépendance qu’il avait acquis. Plus de tâches dégradantes ou de remontrances incessantes, presque l’idéal. Cependant, il ne pouvait qu’admettre la rudesse de la concurrence et au fil du temps, alors qu’il commençait à se faire un nom, quelques autres « collègues » supposèrent à tort ou à raison que le lycan risquait de grignoter leur marge. Dès lors, ces autres mercenaires s’unirent momentanément afin de régler la petite affaire et bien qu’Adalrik s’était approprié des notions de combat, sa maigre expérience et le nombre lui furent défavorables, si bien qu’après l’affrontement, ses nombreuses blessures le contraignirent à déambuler piteusement de les ruelles de la cité.

Un coup du sort ou mieux encore, il fit la rencontre d’un homme à la chevelure grisonnante, richement vêtu alors qu’il se rendait à la taverne la plus proche, bouillonnant, aveuglé par la rage qui montait en lui. Peut-être n’était-ce à la base que pour se divertir, mais le vieil homme l’invita dans sa demeure, au sein même des quartiers nobles qui n’avait très certainement plus rien à envier au vu de ses possessions. Consterné, le noble lui avoua craindre pour sa sécurité. En effet, les années passant, sa santé ne lui permettait plus les mêmes acrobaties et performances qu’autrefois et celui-ci espérait que la simple présence d’un protecteur de son genre, suffirait à repousser les malveillances. Même si cela paraissait anodin, Adalrik fut touché que l’on accorda du crédit à sa race et quand bien même il dut inspirer la crainte, pour la première fois depuis longtemps, il aurait l’occasion d’afficher fièrement sa nature. Engagé de manière permanente par le vieillard, le lycan eut le loisir de recevoir une instruction de qualité qui développa ses connaissances et un certain recul sur les événements. Dans le cadre de son emploi, il s’accorda avec son hôte afin de recevoir une réelle instruction au combat car si sa présence écartait les moins performants, cela pourrait se révéler insuffisant. En parallèle, pour passer le temps en des moments de creux, le vieil homme le conviait à l’affronter sur un échiquier, jeu auquel contre toute attente il trouva un réel intérêt.

L’année 100 fut difficile, marquée par l’arrivée d’Aile Ténébreuse et d’une dégradation soudaine de l’état de santé de son employeur, ce qui le travailla autant que s’il avait été question d’un membre de son clan ; les deux hommes avaient tous deux développé une profonde sympathie pour l’autre. Ce premier événement commençait à diviser la population puisque certains souhaitaient suivre le démon dans sa quête de pouvoir et dès lors, on se mit à vouloir intenter à la vie du noble qui ne fut que peu inquiété grâce au lycan qui, dorénavant, jouissait de solides acquis. Un an plus tard, pour fêter quinze ans d’une loyauté inébranlable, le vieillard lui fit cadeau de l’armure qu’il porte aujourd’hui, symbole de leur amitié et de leur confiance.

Puis l’année 104, le jour où Aile Ténébreuse se mit en tête de marcher sur la cité, Adalrik se joignit aux forces locales pour repousser l’assaut des hordes ennemies et suite à l’affrontement, le guerrier rentra dans la demeure, la trouvant saccagée par des pillards qui avaient profité de la confusion pour visiter les quartiers nobles. Il retrouva le vieil homme inerte, les yeux grands ouverts par la panique qui précéda un douloureux trépas, une lame sauvagement logée dans l’abdomen. Quand bien même son ami et bienveillant employeur vivait ses dernières années, jamais il n’aurait mérité telle transition. La rage qui le prit failli lui faire perdre la raison, tant la culpabilité de s’être joint aux forces de la cité le tiraillait. En souvenir de sa mémoire et afin que l’on ne trouve nouvelle justification au traitement porté par certains à sa race, Adalrik, se refusa à exercer son courroux sur les responsables mais par Cervin Mir, jamais plus il ne faillirait à son devoir.

Depuis lors, il reprend des contrats en seule qualité de garde du corps là où ces derniers le conduisent, le temps qu’il trouve une cause juste à servir à ses yeux.

Nb : l'ensemble est rédigé assez succintement pour que les détails apparaissent au fil du rp.

Citation :

Raconte le moment où tu as découvert le saccage de ton ancienne maison, et donc la mort tragique de ton ami avec la rage qui s'ensuit.... Tu n'oublieras pas d'insister sur tes émotions et ton ressentit des choses.