Miguel, un super vagabond tout simplement [John Dan]

Vous vous apprêtez maintenant à franchir un cape ombrageux sur lequel on ne peut que vous conseiller de passer votre chemin tant la rationalisation d'une telle étrangeté est absurde et en deçà de toute logique.
Sombre brouillard décousu, où songes se mêlent à la contemplation ingénue et candide de la nature. Voilà comment on pourrait résumer en une phrase le tempérament de cet homme... Mais encore ? Quoi d'autre ? La conscience de Miguel est aussi brumeuse que ses frontières oniriques avec l'inconscient tant elle pousse le jeune humain à se plonger au plus profond de lui même pour en rechercher une paix intérieure. Il vole et survole toute situation trop ennuyeuse, trop redondante, trop habituelle en somme. Son amour de l'inconnu se caractérise par une passion de chaque petite chose que compose la vie. De cette plante dont la beauté du reflet lumineux vous transperce l'esprit jusqu'à un regard d'un être qui plongerait en vous pour sonder votre âme, le vagabond est constamment éclairé par les balbutiements, les ondes, l'essence et l'esprit qui l'entoure. Il semble constamment surpris, exalté par la moindre trouvaille, l'once d'une découverte. Les drogues n'y arrangent rien, certes, mais il ne faut pas croire avec une vision trop moralisatrice qu'elles font tout. Pourquoi ? Pourquoi vouloir désirer s'imprégner de chaque instant en le magnifiant dans une extase et une léthargie de toute conscience ? Eh bien parce que toute plongée dans un ordre sociale établit n'est à ses yeux qu'une perte de temps glorifiée par les États afin qu'un fonctionnement productif harmonieux se mette en place. Mais pourquoi chercher harmonie dans l'unique production ? Pourquoi ne pas plutôt travailler à comprendre et connaître le monde ? Où plutôt tenter de se connaître soit même. Ainsi pense le jeune homme, qui voyage donc à travers les terres afin de trouver une raison à la vie, de s'imprégner de toute les cultures pour mieux saisir des mécanismes différents. Selon lui le bonheur de la vie se dessine entre tout d'abord la contemplation puis le raisonnement. Il faut d'abord s'imprégner d'un instant inconnu puis méditer dessus, mais on ne peut méditer sans connaissance de ce qui nous entoure. Ainsi Miguel cherche à atteindre une forme de sagesse en réalisant son hédonisme, une manière d'aborder l'ataraxie qui lui est propre.
Mais bien sûr, tout cela n'est pas arrivé ainsi par le plus grand des hasards. Si il fuit le monde, c'est parce qu'il a connu un choc, une perte de l'innocence trop violente, trop rapide... Quand à dix-huit ans vous voyez tous les êtres qui peuvent vous être chères se faire massacrer sans pitié pour le seul pêché d'avoir voulu être libre, vous avez connu la peur, la vraie peur, celle qui vous glace sur place, celle de la mort. Vous ne pouvez alors choisir que deux voies : la désespérance ou l'acceptation d'avoir été un miraculé et la volonté de jouir de tout instant. Voilà pourquoi Miguel ne veut pas se soumettre au moindre encadrement social, car il n'y voit pas l'intérêt de devenir esclave alors qu'il l'a déjà été (littéralement), de rester fermer dans la peur de l'inconnu, du mystère qui vous pousse à croire que la situation dans laquelle vous êtes bien rangée et tranquille est la meilleure que l'on puisse choisir (et chaque État jouera de tous ses instruments pour vous en persuader et vous maintenir comme pion de cet échiquier sociétal). Ainsi, l'homme aime à se poser, à laisser croître son inspiration dans ce qui l'entoure ou à travers sa guitare. Mais il a bien sûr en lui une volonté de vengeance qui reste bien calmement enfouie et endormie et qui attends son heure pour s'éveiller et se soulever contre ceux qui ont un jour osés lui prendre sa liberté.

Histoire en cours