Première partie :

Lueurs

Je suis née

Une douce lumière émanait de la lanterne accrochée au plafond, un simple bout de métal plat suspendu qui tenait une bougie éclairait la petite pièce souterraine. Les murs semblaient propres, malgré le fait qu'ils étaient principalement constitués de roches et de terre sèche, on pourrait croire que ce lieu était plutôt bien entretenu. À l'intérieur de la pièce, les meubles étaient fabriqués simplement, on ne cherchait pas à avoir un bel abris, on cherchait juste à en avoir un. Cependant, un peu plus au fond, dormait un grand oiseau, son plumage était resplendissant de beauté, ses plumes, malgré la faible luminosité, semblaient malgré tout briller. Le nid n'était pas bien grand, de quoi pouvoir quand même être confortablement allongé. L'oiseau gesticulait lentement dans son sommeil, puis finit par en être extirpé. C'était sa première fois, et, honnêtement, couver un oeuf était assez déplaisant, difficile de dormir non seulement à cause du stress, de la peur de faire le moindre mal au bébé, mais aussi parce que... C'était comme dormir avec un gros cailloux, en fait. C'est dur, ça s'enfonce dans ta peau quand tu te couches dessus et ça te fait mal. Cependant, d'un côté... Ça en valait la peine, n'est-ce pas ? De devenir mère...

Les semaines défilèrent sans être une gêne, la nourriture se trouvait difficilement, on devait faire appel à des marchands ambulants qui passeraient régulièrement en échange d'une certaine somme d'argent pour les échanger contre de quoi manger pendant plusieurs mois. Personne n'avait à savoir d'où venait l'argent, seuls les locataires étaient au courant. Puis un jour, l'oeuf gesticula. La mère, heureuse comme tout, ne pouvait s'empêcher de ne plus quitter des yeux son bien le plus précieux. Elle le regardait pendant des heures, le caressant quand elle l'imaginait dormir et se réjouissant lorsqu'elle le surprit en train de bouger. Elle avait même parfois énormément de difficulté à se retenir, l'envie de casser l'oeuf pour voir son bébé était si forte, mais ce serait le rendre prématuré, un défaut loin d'être souhaitable. Un beau jour, on la vit sous sa forme humaine, caressant un petit oisillon qu'elle portait sur ses genoux. Il n'était pas bien grand, mais sa naissance comptait bien plus que sa petite taille. Il était rare, par ici, de voir des nouveaux nés, chacun se remémore sa propre jeunesse, tout ce qu'on a pu vivre étant gosse.

Cependant, personne ne pouvait dire qu'il s'agissait d'une bienheureuse époque qu'ils vivaient, malgré l'arrivée de la nouvelle petite. Les temps étaient difficiles, pas tant survivre, mais surtout trouver les moyens de continuer à vivre. Malgré l'aide des marchands, la nourriture devait être équitablement partagée, alors avec une bouche à nourrir en plus... On tentait de la contenter avec des baies et des insectes que l'on trouvait, parfois avec des morceaux de fruits plus gros, mais elle ne semblait jamais mieux satisfaite que dans les bras de sa mère. On avait du mal à croire qu'un jour, elle devienne indépendante, mais pour l'instant, tout le monde souriait. Ce qui comptait, c'était qu'il était peut-être encore possible de donner naissance à une nouvelle génération. Depuis, on racontait d'elle qu'elle était l'incarnation de l'espoir, on l'appelait "l'Espoir des Cianopsittas".