D'un tempérament très doux et très calme, Lyra possède encore la naïveté et la douceur ingénue qui caractérise son jeune age mais aussi une timidité maladive qui explique le peu de contact avec les autres autres que son proche entourage à la limite de l'agoraphobie. D'une très grande fragilité, il ne suffit que de quelques mots bien trouvés pour la déstabiliser voire la briser... C'est donc une fleur à manier avec milles précautions. Mais une fois la glace brisée, elle se révèle être d'une grande humilité et d'un profond respect envers les gens qui le mérite. Néanmoins son caractère change du tout au tout en fonction de l'astre du jour. En effet lorsque celui ci est haut dans le ciel et impose à la terre et ses habitants ses rayons chauds, elle est plongée dans une sorte de légère léthargie d'ou elle ne sort que la nuit tombée et la lune levée. Plus la lune est pleine, et plus elle possède d’énergie et de vigueur à la tache. Mais quelque soit le moment de la journée devant un combat, elle préférera faire profil bas et s'enfuir le plus vite possible...Elle a un faible pour les grands espaces et adore le vent, lui enviant sa liberté et son indomptabilité et, il faut bien l'admettre, adore toutes les choses sucrées... jusqu'à l'indigestion!

Leila était une artiste reconnue dans la haute société. Représentante parfaite de sa race, les Lorialets, elle était la fierté de tout un peuple. Ses chants étaient un délice pour son auditoire tant sa voix pure et cristalline se mariait la perfection avec son jeu de lyre.
Invitée de toutes les grandes fêtes, elle connaissait de nombreuses personnalités et avait l'honneur de chanter pour la fête de la fin de l'hiver éternel. C'est d'ailleurs à cette occasion qu'elle rencontra un autre enfant de la lune répondant au nom de Lyan Mylaro. Ce jeune homme, serviteur d'un grand seigneur, avait eu le coup de foudre pour l'artiste. Littéralement... Si bien qu'un éclair avait déchiré le ciel calme semant la panique sur la foule... Mais très vite le temps repartit au beau fixe et la fête reprit de plus belle...
Ayant trouvé son âme soeur, Lyan fit tout pour séduire la jeune femme. Venant la voir aussi souvent que son travail le lui permettait, il lui offrait de nombreux cadeaux : fleurs, sucreries, poèmes... Mais il n'avait jamais le courage de rester face à face avec elle et déposait ses présents, soigneusement accompagnés d'un ruban de soie rouge...
Un an plus tard, elle fut invitée de nouveau aux réjouissances. Vétue d'une simple robe blanche lui tombant au dessous des genoux et dos-nue, ses cheveux dorées comme les blés étaient relevés à l'aide d'un beau ruban rouge... Qui relevait à merveille ses doux yeux bleus gris. Fort de cette découverte, Lyan prit son courage à deux mains et se déclara, tout tremblant...
Ils vécurent heureux pendant quatre brèves années... Années où ils s’aimèrent avec passion , se marièrent et où elle tomba enceinte. Mais les Lorialet sont une espèce rare et pour cause... Une femme attendant un enfant a peu de chance d'y survivre: en mettant au monde une fille, elle lui lègue son chromosome X et se dépérit lentement... En revanche lorsqu'il s'agit d'un garçon elle ne lui lègue rien... Enfin une grande partie de son énergie vitale... Perte qui demande énormément de temps pour s'en remettre.
La nature est bien faite pour la survie d'une espèce rare... Mais tellement cruelle envers les sentiments des gens...
Leur première réaction vis a vis de son petit ventre fut la surprise puis vint la panique... Mais très rapidement l'instinct maternel reprit le dessus. Elle fut la plus heureuse des mères... et lui le plus malheureux des pères... C'est ainsi que naquit un bébé, et lorsque ses premiers cris retentirent, sa mère expira son dernier souffle... Et son père hurla son agonie dans un orage sans précédant...
L'enfant fut nommé Lyra en mémoire de sa mère qui aimait faire courir ses mains fines sur sa lyre....


Lyra était une enfant très aimée et très entourée. La ressemblance avec son père était flagrante: craintive mais douce, elle aimait se cacher du reste du monde dans des endroits improbables. Néanmoins son rire cristallin raisonnait souvent lorsqu'elle était délogée de sa cachette par son père, un vrai régal de l’ouïe pour lui... mais aussi pour le seigneur des lieux.
Lyan avait repris son poste quelques semaines après la mort de sa femme. Celle-ci s'était éteinte avec le sourire, heureuse de léguer un si beau cadeau à l'homme qu'elle aimait tendrement. D'abord désespéré, il s’était raccroché a la vie pour sa fille. Elle était sa raison de vivre... Peu à peu la vie reprit son cours naturellement. Le temps est immuable, et ce pour tout le monde.
Lyra, quand a elle, était la petite princesse, chouchoutée par les autres employés du domaine, aimée de la femme du seigneur et idolâtrée par son père. Ses petits sourires contrits et ses doux yeux rêveurs excusaient toutes ses bêtises. Une seule chose lui était interdite. Le chant. Pourquoi? Cela demeurait un mystère pour elle.
Elle grandit très vite, si bien que le jour de ses dix ans elle en paraissait déjà seize. Plus le temps passait, plus elle s’extériorisait, laissant de coté la timidité qui la caractérisait. Un jour son père fut missionné pour récupérer une invitée de son maître, elle resta enfermée dans leur chambre. Curieusement, elle fut attiré par une boite qui dépassait d'une des vestes de Lyan. L'ouvrant avec précaution pour pas dechirer le carton, elle découvrit deux rubans de soies rouges....
Jamais on ne lui avait parlé de sa mère, morte en couche mais... Cette coquetterie ici placée ne pouvait que lui appartenir. Très émue, elle se fit deux tresses et les noua à l'aide de ce souvenir.
Ce soir la, la pleine lune brillait, haute dans le ciel noir, prodiguant un état d’extrême agitation chez la jeune enfant. Pour une fois, elle n’était pas restreint par son père, encore absent. Ivre de bonheur, elle diffusait autour d'elle un micro climat d'été dont une brise maritime lui caressait le visage. Puis tout devint froid... Glacial... En face d'elle le seigneur des lieux la contemplait, une lueur de désir malsain dans les yeux...


Pendant longtemps elle fut privée de toutes paroles et de toutes émotions. A chaque absence de son père, l’infâme homme revenait la voir en secret. Elle permit l’intérêt de toute chose, constamment entourée de froid. Même les phases de la lune ne l’influençait plus. Elle n’était plus qu'une coquille vide. Entre temps son père tomba mystérieusement malade. Son agonie dura plus de cinq ans. Avant de rendre son dernier souffle, il raconta à sa fille son histoire, lui offrant symboliquement les rubans qu'elle haïssait, une dague crantée et l'autorisation de chanter. Aucunes larmes ne coula lorsque son père partit rejoindre sa mère. Les visites du seigneur se firent de plus en plus régulière... Mais comme tout jouet cassé, il finit par en perdre gout et la revendit à des pirates comme esclave...La vie la bas avait beau être dure, elle n’était plus considérée comme un animal de compagnie et peu à peu recommença réellement à vivre... Toute seule. Un soir de lune noire, elle vit un songe. Elle devait fuir c'est ainsi qu'elle l’interpréta. Utilisant pour la première fois ses ailes, elle vola toute la nuit et finit par s’échouer sur une plage, quasiment morte de fatigue...