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 Ivor le Silencieux

 
Ivor le Silencieux  Sand-g10Dim 20 Mai - 23:11
http://www.terramysticarpg.com/t1438-ivor-le-silencieux
Ivor Thaël, dit le Silencieux

Solitaire - sauvage - honnête - dur à cuire - maladroit - asocial - caractériel - obstiné - grincheux - alcoolique
Il aime: la solitude, la nature, son pays, les animaux, la chasse. L'alcool (un peu trop) et la bonne chair,
Il n'aime pas: la compagnie des humains, le bruit, la ville, les endroits peuplés, se méfie de tout le monde.


Informations

Surnom :
certains l'appellent simplement "Silence".
Age :
36 ans
Nationalité :
Natif du duché de Svarholt, à Saline.
Profession :
Chasseur, veneur, homme à tout faire.
Camp :
Autrefois celui du plus offrant, à présent la Meute.
Titre de noblesse :
aucun
Mort: oui
Race
Autrefois humain, il a été transformé en Lycan par sa compagne Alyna afin de lui éviter un sort funeste.

Caractère


Ivor fait partie de ces gens que l'on croirait plus forgés que conçus, taillés à même le roc primaire plutôt que façonnés de bois vert. Pour ce qui du caractère, le premier mot qui vient à l'esprit, c'est "monolithique". Ivor est droit dans ses bottes même quand il est ivre mort et qu'il roule sous la table, il ne s'excuse pas, ne regrette pas, il fonce comme un forcené vers une illusoire direction, et le reste, il s'en fout. En plus d'être un fichu taiseux qui n'ouvre presque jamais la bouche, il est du genre solitaire. Un prédateur, solitaire. Du genre vieux loup galeux, tendance teigneux, voir hargneux et qui la plupart du temps se montre assez glacial et insupportable pour repousser tout le monde. Il a un humour bien à lui, une ironie cruelle sur lui-même et le monde entier. Parfois, il se dit qu'il aurait peut-être mieux fait de mourir avec les siens, parce qu'après, il avait simplement essayé de survivre. Cependant, personne ne lui fera jamais cracher le morceau sur ce qui le ronge et le pousse à finir ivre mort tous les soirs; droit il est, droit il reste et jamais il ne montre la moindre faiblesse.

Ivor n'est en réalité plus que l'ombre de lui-même. Il dévale la pente de l'existence et finira par crever au fond d'une bouteille, c'est certain. Le reste, peu lui importe. Oh, il pourrait lui arriver de se lier d'amitié avec quelqu'un, et la raison pour laquelle ça n'est pas encore arrivé, c'est simplement que personne n'a vraiment essayé. Il faut dire, personne ne voudrait vraiment avoir pour ami un chasseur ivrogne, désespéré, désabusé jusqu'à l'os, qui a oublié la raison pour laquelle il ne s'est pas laissé crever depuis tout ce temps.

Et cette raison, n'est-ce pas la chasse, ne sont-ce pas ses interminables chevauchées dans les forêts et les collines de son pays natal? N'est-ce pas la chasse, la traque d'une bête, et ce sentiment de n'être finalement qu'une poussière dans le néant?
Ivor entretient des croyances bien à lui. Il se sait minuscule partie dans un tout immense dont il ne peut qu'à peine avoir conscience. Il se sait entouré, partout, par quelque chose qui le dépasse, et qui après sa mort sera toujours là. Lui, ses souffrances, sa mémoire trop lourde, s'en iront bientôt, et tout ce qu'il aura été s'évanouira dans le néant, et ses os retourneront à la terre, qui enfantera de nouveau, encore et encore, et lui, lui ne sera plus rien.
Il sait que sa vie n'est qu'une brindille d'éphémère flottant dans le lit de l’Éternité. Pensée ô combien réconfortante, comme s'il trouvait encore, là, un foyer, une terre accueillante, un monde à lui, loin du sang et de la ruine...

Là, Ivor s'échappe, oublie, se dilue et se délite. Il trouve la paix, l'absolution, et le silence vient apaiser ses plaies.

Cependant, on ne le répète jamais assez, Ivor reste au fond un brave homme. Il faut bien évidemment éviter de lui baver sur les rouleaux, et même si l'existence l'a endurci et tanné comme un vieux cuir, il se laisse encore parfois attendrir. Cela dit, ce vieil ours ne le montre pas, ou peu, quand une gamine lui rappelle sa fille ou qu'un sourire de femme fait remonter à la surface le vieux souvenir d'Isabelle. Il peut se révéler être le plus fidèle des compagnons, et bien qu'étant un peu usant à la longue avec son humour cynique et ses réflexions de vieil aigri, jamais, jamais il ne s'abaissera à la moindre trahison.

Son caractère s’est fort heureusement adouci au voisinage d’Alyna, et depuis qu’il a réussi à se défaire des fardeaux de son passé. Il n’est pas beaucoup plus aimable avec les étrangers et reste au fond un homme bourru et peu loquace, mais il se montre moins brusque et plus conciliant. Sa transformation en lycan a changé beaucoup de choses, à commencer par le fait qu’a émergé de lui une seconde personnalité qui elle, n’a rien de la rudesse tranquille dont il peut faire preuve. Silence, le loup, est aussi sauvage, imprévisible, solitaire et impulsif qu’Ivor est devenu paisible et serein. Il n’y a guère qu’Alyna pour réussir à faire courber l’échine à ce loup sauvage, nourri de toute la colère, de toutes les souffrances de l’humain brisé, de toutes les ténèbres accumulées au fil des années. Ivor n’est pas un méchant homme, plutôt placide et tranquille, Silence est beaucoup plus dangereux et il faut craindre sa colère bien plus que tout le reste.




Physique

Ivor est comme son père, une force de la nature. Il est grand, les épaules larges, les mains grandes comme des battoirs, le physique pas vraiment ingrat, mais dépourvu de grâce. Il donne dans l’efficacité bien que sa condition de semi-vagabond l’amène à se négliger. Le cheveu noir, les yeux sombres, il a les traits secs et âpres des gens de son peuple, et cette expressivité du regard et des traits qui sont ceux des gens silencieux. Bien souvent Ivor compense son mutisme par le regard, par un pli du visage, sait se faire comprendre sans un mot.

Il produit sur les gens une impression étrange, dégageant cette sensation diffuse de force et d’immobilité, de mutisme quasi palpable, que l’on peut ressentir à proximité des vieux arbres ou des pierres ; on le décrirait monolithique, noir, sinistre, aussi. Un peu brutal dans sa silhouette haute et large, ses poings noueux couverts de tatouages à demi effacés, son maintien raide et droit, sans faille. Mais cette brutalité latente, cette violence qui semble couver en lui semble un peu émoussée par le temps. Les arêtes, les aspérités, les ténèbres, érodées par les années et cette lassitude qui l’enveloppe comme un linceul. Ivor est le dernier chêne à demi mort d’une ancienne forêt, un vestige du passé, une ombre chinoise qui se dilue chaque jour un peu plus et ne semble dans son élément que dans la solitude des steppes et des grandes plaines.

Ivor a le regard lointain, souvent. Parfois d’une acuité terrible, de cette insaisissable couleur grisâtre, bleutée, tachée au centre de l’iris par une corolle sombre. Regard millénaire de celui qui en a trop vu, serti dans une face sans âge, façonnée de marbre sombre aux traits usés, bleuis par cette barbe légère qu’il ne prend pas le temps de tailler. Des rides précoces, des ombres profondes. Le modelé abrupt et émoussé de l’écorce d’un vieux chêne, et au sommet, une épaisse chevelure noire qui ruisselle, parfois jusqu’aux épaules pour achever le tableau et noyer le visage dans une cascade de ténèbres. Cheveux déjà blanchis, aux tempes, où de vénérables fils d’argent rappellent que le roc n’est plus tout jeune, rappellent toutes les averses, toutes les tempêtes qu’il a traversées.

Si au caractère Ivor s’est beaucoup apaisé, sa transformation en lycan a apporté un léger vent de fraîcheur à son apparence qui n’est pas beaucoup plus soignée, mais a chassé de son front bien des rides de souci. Il paraît peut-être plus jeune, mais très ancien en même temps, un peu comme ces êtres sans âge dont on ne sait plus s’ils sont très jeunes ou très vieux. Son sourire plisse encore aux coins de ses yeux de ces ridules fines qui animent ses traits rudes, et il y a un peu plus de douceur dans ses traits rudes, un peu moins de brusquerie et de fatigue. Silence en revanche, quoiqu’il ait finalement une apparence identique en prenant forme humaine, ne lui ressemble guère. Son expression porte toujours la marque d’une faim rentrée, d’une colère latente, et ses yeux sont d’un vert profond comme un puits couvert de feuillages. Lorsqu’il prend sa forme de loup, c’est une bête au pelage brun et noir, qui garde une partie de la carrure épaisse d’Ivor et porte haut et fièrement une encolure puissante. C’est une bête très massive, impressionnante, mais loin d’être parmi les plus grands et les plus forts.
Capacités

Arme :
Un arc long et un coutelas de chasseur.
Pouvoirs :
On le dit très doué avec les animaux, capable d'approcher des bêtes sauvages sans qu'elles ne le fuient, mais peut-être s'agit-il là plus d'un ancestral savoir que d'une magie réelle. Ivor à ce sujet n'en dit jamais rien.
Familier :
Il voyage avec un de ces mâtins que les peuples des glaces ont croisés avec des loups, une énorme bête au pelage grisâtre dont la mâchoire pourrait rompre le bras d'un homme sans efforts.
Artefact magique :
Si l'on excepte le fatras de colifichets et de porte-bonheurs qu'il trimballe toujours avec lui, rien.
Autre :


Histoire


Ivor est né en l’an 76, au troisième jour du mois de Venna, de Vhilda et d’Eric Thaël, maître chien du baron de Aedrik de Helvegen. Contrairement à certains pour qui le titre de maître chien n’est qu’un moyen de plus de se faire entretenir à peu de frais par quelque puissant prince, Éric, le père d’Ivor, portait ce titre avec fierté, car il l’avait acquis de manière tout à fait méritée. Éric était un des fils de ces peuples éleveurs de chiens et chasseurs de loups qui hantent les sombres frondaisons de Svarholt. Il avait démontré par le passé de grands talents dans le dressage des chiens de chasse et des chevaux, aussi seigneur Aedrik lui avait proposé de le prendre à son service et d’en faire l’un des grands personnages de sa cour. En homme modeste, Éric refusa d’abord, et puis vint avec sa famille s’installer dans la demeure de son nouveau maître, sans toutefois occuper pleinement le rang qui lui était réservé.
Ivor fut ainsi élevé, dans la cour d’une riche demeure, mais par une famille humble qui se refusait encore à jouir des honneurs qu’on lui faisait. Honnête et travailleur, Éric éleva son fils dans la tradition de son peuple, et s’il ne lui apprit pas le maniement des armes comme le faisaient les gens du baron, il lui apprit à pister les bêtes, à soigner les animaux, à tendre des pièges. Ivor passa le plus clair de son enfance dans les chenils, les écuries, à dormir dans la paille ou à courir la forêt avec son père qu’à fréquenter les cours et les salons. On se moqua souvent de cet enfant rustre et pouilleux, pourtant brave et honnête, mais qui faisait froncer le nez des grandes dames du château et qui attirait les moqueries des enfants.

Ivor ne se formalisa jamais de cette enfance isolée, passée auprès d’un père ombrageux, exigent, mais qui avait à coeur de faire de ses enfants d’aussi bons chasseurs que lui. À vrai dire, rien d’autre ne l’intéressait, et il n’aimait rien mieux que d’aller, seul ou en compagnie de ses frères et de son père, chasser le petit gibier autour du château, ou tout simplement marcher ou chevaucher, longtemps, et courir jusqu’à atteindre les confins du ciel et de la terre. Dans leur pays isolé, loin de tout, il se sentait comme aux marges du monde. Il avait vu les cartes, les mappemondes de la bibliothèque, les rares fois où on avait réussi à l’y pousser ; il avait vu son pays, tracé en frontières d’encre noire et crayonné de blanc, loin, loin de la mer et des terres au-delà, loin des villes qu’il ne vit jamais, loin de tout...

Cet isolement lui plut. Il se sentait à l’abri, à l’abri de tout, baigné de cette mélancolie douce et sauvage qu’ont là-bas les paysages de bois profonds et de bruyères, de roches abruptes et de sommets solitaires.
Lui et ses frères menaient les chiens lors des chasses à courre ; ils couraient auprès des chevaux, allaient auprès des valets, guidant et menant les chiens sur les traces des proies. Ivor aimait la chasse au vol, et si nombre de poètes, de galants, de peintres, se seraient extasiés devant l’équipage de la baronne quand elle allait s’adonner à ce loisir, le garçon en revanche ne voyait que le beau vol des éperviers et des faucons fondre sur les gibiers à plume ou à fourrure. Le fauconnier d'Aedrik, homme jaloux de la réussit de son père, ne les aimait guère, lui et ses fils, aussi il ne permettait jamais d’approcher ses oiseaux et ce n’était que lors des chasses qu’Ivor pouvait voir à l’oeuvre la grâce meurtrière des beaux rapaces au plumage fauve.

Toute son enfance, Ivor ne sembla pas vivre dans le même monde que tous les autres. C’était un enfant sauvage, silencieux, au point d’en paraître muet, comme l’était son père. Tous deux méritaient bien leurs surnoms de Silence, et la fratrie était à l’image du cadet et du père. Même la mère, cette matrone sévère au profil d’oiseau de proie, parlait peu. Ils étaient forgés d’une autre essence que le bois vert des gens de la côte, ils étaient fils de cette terre de gel et d’ajoncs, où les légendes marchaient encore parmi les Hommes.

L’amitié du duc Aedrik pour Éric lui apporta de grands privilèges qui furent pour la plupart refusés. Éric et les siens vécurent modestement, jamais très loin des écuries et des chenils, mais jouissaient d’avantages certains. Ainsi, lorsqu’il fut question de marier les fils aînés d’Éric, le duc s’arrangea pour qu’ils trouvent de fort beaux partis en les personnes de plusieurs filles d’intendants et de sénéchaux de ses vassaux ou de ses voisins. Bien placés, les aînés d’Ivor devinrent à leur tour des maîtres chiens réputés, et méritèrent leur titre tout autant que leur père.
Ivor quant à lui atteignait les quinze ans quand il fut question à son tour de lui trouver femme. Il fut longtemps question que le jeune homme succède à son père au rang qu’il occupait, car le duc avait pour lui la même amitié que pour son père et désirait le garder auprès de lui, ne serait-ce que pour seconde Éric, vieillissant, qui n’avait à présent plus guère que sa femme pour l’aider.

L’appui sans faille du duc Aedrik pour son veneur ne fit pas que leur faciliter l’existence et dans un sens, ce fut ce qui provoqua leur chute. Le fauconnier avait depuis longtemps rongé son frein, ne pouvant supporter l’idée de voir une famille de roturiers réussir mieux que lui, et trouver une oreille aussi complaisante auprès de leur suzerain. Si au début il se contenta de ne pas laisser approcher ni Éric ni les siens, d’une rivalité larvée et silencieuse, il passa bientôt à une guerre ouverte. En cela, il fut aidé par sa maîtresse, la duchesse elle-même, qui n’aimait pas voir une famille de rustres accéder à de si hautes responsabilités auprès de son époux. Elle lui avait de plus promis le poste depuis fort longtemps et se désolait de n’en pouvoir déloger l’inamovible Éric, qui à cinquante ans passés ne semblait se résoudre à mourir, pas plus que son épouse. Et que dire d’Ivor... Ce gamin trop solide, trop silencieux, trop honnête, était bien parti pour succéder à son père.

Rien de plus simple, de plus efficace, de plus dévastateur que la simple jalousie. Mais aux médisances de la duchesse, son mari ne répondait qu’en faisait la sourde oreille. Il avait une absolue confiance en Éric et les siens, et ne voyait aucune raison pour que cela change.
À seize ans, Ivor fut fiancé à Isabelle, la ravissante fille de l’intendant du duc. De trois ans sa cadette, elle était son parfait opposé, tant en caractère qu’en physique. Voyant un si beau parti échouer dans les bras de ce sauvage d’Ivor, la duchesse faillit en avaler son hennin, et le fauconnier, qui avait lui aussi des enfants à marier, en écuma de rage.
Cependant, si Éric se méfiait depuis longtemps de manigances du collègue, ce n’était pas le cas d’Ivor qui se contentait de lui voir tomber sur les bras une jeune femme douce, cultivée, belle comme le jour et qui avait assez de bonne humeur et de conversation pour deux. À vrai dire lui-même n’y croyait pas, et ce fut dévoré de timidité, gêné par sa maladresse et son manque de manière qu’il ne cessa de la fuir tout d’abord, avant que la jeune femme ne puisse enfin réussir à apprivoiser son mari.

Il ne fallut que quelques mois pour que l’union soit consommée et qu’elle se solde par une naissance. Pendant tout ce temps, le fauconnier et sa duchesse ne cessèrent d’opposer une franche inimitié au jeune Ivor. Pas un jour ne passait sans que pleuvent critiques, coups bas et fourberies de la part de l’un ou de l’autre. Le duc vieillissant avait d’autres chats à fouetter que de se préoccuper de tout cela, et Éric se trouvait bien démuni pour défendre son fils face aux bassesses de ses ennemis.
Ivor n’y vit que du feu. D’un naturel peu contrariant, il se contentant d’encaisser sans mot dire, comme il l’avait toujours fait, et les paroles, les injures, les difficultés quotidiennes glissaient sur lui comme l’eau sur la pierre. Il s’occupait de sa vieille mère, épuisée par les grossesses, de son père qui n’avait plus sa vigueur d’antan, prenait peu à peu la place d’un chef de famille qui veillait avec la tendresse émerveillée d’un enfant sur sa princesse d’épouse. Il ne put jamais se résoudre à croire vraiment qu’une femme comme elle put un jour aimer la bête sauvage qu’il était, et pourtant. La belle et la bête vécurent une tendre, mais hélas courte histoire d’amour.

Isabelle accoucha bientôt d’une fille, baptisée Ysanne. Ivor redoubla de prévenance pour elles, ce qui amusait beaucoup l’intendant qui avait craint beaucoup pour sa fille en la mariant à un homme réputé de moeurs aussi frustes que le fils du veneur. Cela n’empêcha pas la duchesse de se répandre en moqueries sur cet ours apprivoisé qu’était Ivor, et sur le fait que la pauvre Isabelle devait bien avoir du mal à subir les assauts d’un tel barbare.

Alors qu’Ivor allait sur ses vingt-deux ans, le sort fournit au fauconnier du duc une occasion en or d’écarter définitivement ce gênant bonhomme qui jouissait de bien trop d’égards. Le duc, au cours d’une chasse, fit une mauvaise chute qui le laissa sans connaissance. Difficile de se remettre de ce genre de blessures, et les médecins semblaient très pessimistes à son propos. Profitant que son époux n’était pas là pour les défendre, la duchesse se répandit en calomnies et accusa ouvertement, publiquement, Éric et Ivor d’avoir manigancé la mort du duc afin de s’approprier toujours plus d’honneurs et de terres. À cela on répondit que le Grand Veneur s’était toujours montré d’une exemplaire modestie et qu’il avait souvent même refusé les cadeaux et les privilèges offerts par leur suzerain.
Mais ce jour-là, qui avait sellé le cheval du duc, qui l’avait soigné et amené à lui, sinon Éric, qui se chargeait toujours personnellement de préparer le destrier de son maître ? Félonie! Il avait très bien pu saboter les sangles, et Éric, soucieux de se laver de ces infâmes accusations, demanda à ce que l’on fasse apporter l’équipage du duc. Il ne put que constater que quelqu’un avait bel et bien taillé le cuir afin qu’il lâche au moment opportun.

Ivor en tomba des nues. Il ne put croire évidemment que son père puisse faire une telle chose, et de toute manière, quel intérêt avaient les protégés du duc, qui lui devaient tout, à le tuer ? Éric savait bien qui d’autre avait pu se glisser dans l’écurie le matin même et jouer du couteau pour saboter la selle. Il ne dit rien cependant, sûr de son droit. La justice trancherait en sa faveur, mais quelle justice pouvait-il y avoir quand il s’agissait d’un duc, et que son épouse elle-même était contre lui ? Alors, la roue tourna, et la fortune qui leur avait souri jusque là cessa de les soutenir.
La nuit même qui suivit l’accident, Aedrik mourut de ses blessures. La duchesse à présent veuve tenait enfin Éric et les siens à sa merci. En fait de justice, il y eut une parodie de procès et Ivor impuissant, soutenant sa vieille mère, ne put qu’assister à l’humiliation de son père, et ce fut les oreilles remplies de mensonges, le coeur rongé par la colère et l’injustice qu’ils sortirent de la salle du jugement, après une longue journée où de fausses délibérations n’amenèrent à rien d’autre qu’à affirmer la culpabilité d’Éric. Celui-ci ne vacilla pas un instant, même une fois que la litanie des mensonges traîtres se fut répandue sur lui.
Ivor n’oublia jamais la force de cet homme vieillissant, qui se tenait droit et fier face à ses juges et regardait la responsable de sa chute droit dans les yeux, comme pour lui dire qu’il savait quelle traîtresse elle était. Il ne parla que peu, n’éprouvant sans doute pas le besoin de prouver une culpabilité qui n’avait pas lieu d’être. Il était innocent, il le savait, c’était suffisant. Éric n’était pas homme à se préoccuper de l’opinion de ses contemporains et le seul ami qu’il eut jamais venait de mourir par la faute d’un traître.

Il tremblait de colère, et cette colère était aussi dans le coeur de son fils.

En vertu de la loi, le fils aîné de Aedrik exécuta la sentence à l’aube, le lendemain du procès. La loi était formelle. Si le crime était avéré, qui plus était contre la personne d’un duc, la punition était la mort.
Alors, ce soir-là, Éric fit ses adieux à sa chère femme, à son fils, à sa belle-fille et à sa petite fille qu’il avait tendrement aimées. Un messager fut envoyé à ses fils, qui n’eurent pas le temps de venir voir mourir leur père et n’apprirent que par missive l’annonce du crime et du jugement.
Ivor ne pleura pas. Ivor ne dit rien. Il se contentait de voir son existence entière s’effondrer, goûtant pour la première fois au vin amer de la haine. L’aube vint comme un suaire, comme un spectre, porteuse d’une lumière morte et avortée. Ils s’étaient tous rassemblés à l’extérieur du château. Il y avait là une colline où l’on pendait les condamnés, où se dressait le sinistre billot des décapités.
Le silence pesait lourd et le ciel gris pleurait sans bruit quand Éric apparut, encadré par la garde de Jehan, digne malgré la déchéance, noble encore malgré tout. Ivor regarda son père s’agenouiller devant le fils de Aedrik qui s’affligeait de devoir ôter la vie à celui qui avait été un ami et un frère. C’était comme un chêne dans la tempête, comme une avalanche, la fin. C’était comme voir tomber un arbre centenaire qui avait toujours été là, le voir tomber et mourir... Et le bruit de la lame dans la chair était comme celui de la cognée sur l’écorce.

On dressa un bûcher pour le corps de l’assassin, alors qu’Ivor et les siens se voyaient exilés hors du duché de Guénor. Vhilde pour sa part conserva sa fierté de femme nomade, drapée dans sa dignité comme dans un manteau, écrasante de force et de retenue face à la duchesse qui était restée pour voir se consumer le corps de son ennemi.
La vieille femme se tint face à celle qui avait provoqué la perte de son époux, et parla. Personne n’entendit ce qu’elle murmura à l’oreille de la veuve, mais on la vit pâlir et s’écarter, demandant à ce qu’on emmène loin d’elle cette vieille folle. Vhilde ne comptait cependant pas se laisser ainsi arrêter, et, échappant aux gardes, alla se jeter dans le bûcher de son époux. Pas un son, pas un cri. Ivor regarda sa mère partir avec son époux exécuté, et resta là, sans bouger. Il ne bougea pas quand les flammes s’élevèrent toujours plus haut, dévorantes, enveloppant les corps de ses parents dans un voile rouge, or, dansant, funeste et terrible. Vhilde avait bu avant l’exécution le philtre du plus amer chagrin, bien décidée à ne pas survivre à son époux. Ivor avait pardonné son geste avant même d’en être informé, car c’était bien là l’honneur et la gloire de ce peuple forgé de métal froid et de pierre gelée, ce peuple qui ne plie, ni ne s’abaisse, ne trahit pas, ne se déshonore pas.

Le lendemain, Ivor partit. La pauvre Isabelle, enceinte de huit mois, souffrit beaucoup de cet exil qui la poussa, elle, son mari et sa fille, sur les routes âpres de l’hiver qui s’en venait. Dépouillés de leurs biens, ils n’avaient guère que leurs vêtements sur le dos lorsque la veuve de Aedrikles regarda partir en riant de concert avec son fauconnier d’amant.
Ivor espérait trouver refuge chez l’un de ses aînés, se hâtant de quitter le duché pour gagner les terres voisines. Il savait qu’en les condamnant à l’exil à l’orée d’un hiver rude, la duchesse les avait condamnés à mort tous les trois. Il refusait cependant de s’y résoudre et refusait de mourir de faim dans la neige, aussi il fut bien décidé à rallier la lisière de la forêt pour trouver un lieu sûr. Isabelle était loin d’être aussi tenace que son époux, et elle était de plus épuisée par une grossesse avancée. Ysanne quant à elle, qui venait d’avoir six ans, vivait tout aussi difficilement que sa mère ce soudain déracinement.

Ils furent bientôt surpris par les premières neiges, et trouvèrent refuge dans une cahute de berger abandonnée, proche d’un village où Ivor se hâta de quérir de l’aide quand il vit son épouse souffrir des premières contractions qui annonçaient, hélas, une fausse couche. L’enfant n’était pas à terme, et Ivor savait peut-être aider une chienne ou une jument à mettre bas, mais savait que pour ce qui était des femmes, c’était tout autre chose.
Ivor revint trop tard avec la rebouteuse du canton, et ne trouva que le corps sans vie d’Isabelle, qui s’était traînée dans la neige hors de la cabane. D’Ysanne, aucune trace. Quelques empreintes se voyaient sur la route, et elles se perdaient dans le lointain. Il n’y avait guère d’illusions à se faire sur les chances de survie d’une enfant de six ans dans la campagne enneigée, mais Ivor, l’entêtement fait homme, s’en fut à sa recherche.

Il partit, seul. Si c’était une fuite, ou s’il avait vraiment l’espoir de retrouver sa fille, difficile de trancher, car soudain, en quelque jour, il avait tout perdu. Il n’avait même pas la consolation de la vengeance, rien, rien que le chagrin. Son père, sa mère, humiliés, réduits en cendres, sa chère Isabelle qui reposait à présent dans le ventre gelé de la terre morte, et Ysanne perdue pour toujours. Il gagna le comté le plus proche, cherchant son aîné. Il ne trouva que sa veuve et son neveu pour lui apprendre que celui-ci était mort en chasse deux mois plus tôt.
Cherchant à rallier ses autres frères, Ivor s’épuisa en quête de vengeance, s’épuisa à chercher quelque part de l’aide, le réconfort, ce qui restait de sa famille. Il ne trouva que des cendres. Les fils d’un assassin ne peuvent guère espérer plus que l’exil. Si l’un de ses aînés survécut, Ivor ne le sut jamais, et on ne lui permit surtout pas de le savoir. La veuve de Aedrik avait trop bien fait les choses pour laisser le moindre espoir derrière elle.

Alors, il partit. N’ayant pas la force de se laisser mourir, vivant par défi plutôt que par volonté, Ivor quitta ses terres natales, voyagea, beaucoup. Bon chasseur, bon éleveur de chiens, bon soigneur de chevaux, l’ouvrage ne manqua pas, pour lui. Il se fit mercenaire quand des temps plus durs lui firent craindre la faim, et il trouva à la guerre un exutoire suffisant au mal qui le rongeait. L’homme, cette bête infâme, n’avait pas droit aux mêmes égards que ceux dont il faisait preuve quand il courait la bête rouge et la bête noire, et Ivor tua, sans pitié.
Coupable ? Coupable de quoi ? Il n’exerçait contre l’humanité qu’une juste et calme vengeance, rien de plus, que les moralistes aillent plutôt chercher des poux dans la tête de l’abominable duchesse qui creva dans son bel âge de trop boire et trop manger.

Il se contenta dès lors de survivre. Juste survivre. Traverser un à un les jours sans trop savoir pourquoi, et aller rêver dans la lande à d’anciens jours heureux, et aller, courir, fuir sans cesse, dévaler la pente de l’existence, jusqu’au gouffre final, jusqu’à la dilution ultime. Il servit dans l'armée de Selian, un temps, juste assez pour s'apercevoir que la guerre n'était pas à son goût, déjà las de tuer pour de l'argent, servir pour rien, sans comprendre. Il partit de l'autre côté de la mer, gagna le refuge des Montagnes où il trouva comme une évocation de son pays natal dans les grandes forêts de sapins obscurs sur les versants, dans les sommets enneigés et la pureté des hivers gelés. Là, comme une graine en stase, vivant de rien, il vécut reclus de longues années, attendant la fin. C'est de manière tout à fait fortuite, en déplacement à Tilamus pour faire affaire en ville, qu'il croisa la route de quelqu'un qui allait considérablement bouleverser son destin. Elle lui tomba littéralement dessus, pour ainsi dire : Alyna. Dès lors, elle ne quitta plus son esprit. De péripéties en sauvetages, il finit par la rejoindre à Feu, dans ses terres natales, lorsqu'il comprit enfin que rien ne pourrait l'ôter de son coeur ni de ses pensées. Avec elle il trouva un souffle nouveau, revenant peu à peu à une vie oubliée. Le passé pesa lourd, encore, et il finit par se décider à rompre le serment qu'il n'avait jamais rendu à Isabelle, et retourna dans les Glaces pour y faire de derniers adieux à la défunte.

Enfin, Ivor fut libre, apte à se réjouir, capable d'être heureux, et libre. Et le jour de cette libération, il mourut. Ce fut bref toutefois, quelques instants, avant de revenir et de renaître, littéralement : au cours d'une chasse, une mauvaise chute lui brisa le dos et Alyna n'eut d'autre choix que d'en faire un lycan pour le sauver. Cela ne le chagrina pas pour autant, et depuis, Ivor se réjouit. Il est en vie, heureux et plus vif que jamais.



Dans la vraie vie


Âge :
22 ans
Comment avez-vous connu le forum ?
via le forum Elysphère
Avez-vous déjà fréquenté d'autre forum, si oui lesquels ?
en ce moment, je traîne mes guêtres sur Voodo Child, Nightside Eclipse et Elysphère
Vos passions :
l'Histoire, l'écriture, le jeu de rôle, la littérature, l'art
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j'ai rarement vu un forum aussi attrayant et aussi complet (peut-être même un peu trop ^-^), rien à redire!
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Aucun.
Phrase fétiche :
Si ce que tu as à dire n'est pas plus beau que le silence, alors tais-toi. (proverbe arabe)
Code du règlement :
Ok by Linvala.

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Ivor le Silencieux

Ivor le Silencieux


Lycan

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Ivor le Silencieux  Sand-g10Mer 29 Oct - 13:26
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REGISTRE DES SUJETS


  • Tombée du ciel?
    Personnage à vos côtés : Alyna Minami
    Résumé: Tilamus, mois de Dennarès 112.
    Où Ivor fait une rencontre bouleversante. [TERMINÉ]

  • Entre la savane et le désert
    Personnage à vos côtés : Alyna Minami
    Résumé: Sahawi, mois de Rael 112.
    Où le Silencieux découvre les beautés cachées de Sahawi. [TERMINÉ]

  • Interlude au voyage
    Personnage à vos côtés : Alyna Minami
    Résumé: Une auberge des Plaines Mystiques, mois de Mellinià 112.
    Où l'on goûte au confort d'une bonne literie, en plus de quelques activités en duo. [TERMINÉ]

  • Orage, voyage, apprendre à se connaître sur la route du sud
    Personnage à vos côtés : Alyna Minami
    Résumé: Plaines Mystiques, fin du mois de Mellinià 112.
    Où l'on sort de son mutisme, on s'effraie, on se découvre... [TERMINÉ]

  • Not all those who wander are lost
    Personnage à vos côtés : Alyna Minami, Albar
    Résumé: Silena, début du mois de Kelrenn 113.
    Où Ivor, parvenu au terme de son pèlerinage, trouve la renaissance au coeur de l'hiver. [TERMINÉ]

  • Quête, requête, enquête
    Personnage à vos côtés : Alyna Minami, Atlas Anerko
    Résumé: Drayame, fin Vennà 114.
    Où les secrets de famille éclatent au grand jour. [EN COURS]

  • L'ennui, ce fatal ennemi
    Personnage à vos côtés : Mélozia
    Résumé: Drayame, Telniss 114.
    Où Ivor s'exerce à l'art délicat de la conversation courtoise. [EN COURS]

  • Il ne faut pas changer les bonnes habitudes
    Personnage à vos côtés : Vaness
    Résumé: Drayame, fin Telniss 114.
    Où on frôle l'incident diplomatique. [EN COURS]


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