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 Le Relais est superbe au printemps [PV Elio]

 
Le Relais est superbe au printemps [PV Elio] Sand-g10Dim 13 Mai - 23:41
Elio & Aedis
« Knights and merchants ~ The Market place »
CRÉDIT

    Quand ce qui apparaissait être une jeune femme ouvrit la porte du Relais de Sola, personne ne lui prêta attention. Deux ou trois regards se détournèrent, puis revinrent à leur cible première : une jeune femme d'une vingtaine d'années armée comme si elle allait en guerre, voilà quelque chose de courant en ces lieux. Si elle avait été habillée d'une robe, tous les regards se seraient tournés vers elle, mais c'était loin d'être le cas.
    La demoiselle en question était une jolie demi-elfe, aux courts cheveux blonds et dont les yeux verts ressortaient avec la clarté toute relative du lieu. Habillée d'une armure de maille de type haubergeron, ainsi que d'un gambison brunâtre, son épée bâtarde était passée à sa ceinture, à côté d'une arbalète qui pendait à son côté, et dont le carquois se trouvait dans son dos.
    Elle fit quelque pas à l'intérieur, s'assit au comptoir et commanda une bière, jetant quelques piécettes à l'aubergiste d'un air distrait. La jeune femme, Aedis, une métamorphe dont les talents n'étaient plus à prouver, était arrivée ici après un concours de circonstances assez improbables. Partie de la nation du Feu pour Arkham, où elle avait dû escorter une jeune demoiselle en passe d'être mariée, elle avait là-bas été embauchée par une famille qui avait quelques intérêts... cachés, à défendre. Un guide, charretier, avait travaillé avec eux, et avait apparemment eu la langue bien trop pendue. Mal lui en avait pris : la métamorphe était à ses trousses. Il n'était ni difficile ni agréable à traquer. Il lui avait suffit de demander quelles étaient ses habitudes pour qu'on lui indique le Relais de Sola.
    Elle y était allée sans perdre de temps, et avait longuement observé l'endroit avant d'entrer : nombre de portes, fenêtres... Il fallait reconnaître que c'était une belle taverne. La femme du tenancier avait fleuri les alentours, et un petit rayon de soleil chatouillait la charpente : difficile de croire que de redoutables mercenaires se terraient là.
    Puis, une fois à l'intérieur, désaltérée, Aedis observa les clients. Elle saurait reconnaître son homme : un visage chafouin, des yeux trop noirs, c'était selon les dires de ses informateurs un grand homme dégingandé, qui avait souvent le nez et la démarche d'un bon buveur. Surtout, avait-on ajouté, une partie du haut de son crâne avait été brûlée, personne ne savait trop comment, et consistait aujourd'hui en une impressionnante cicatrice, peu commune et facilement identifiable.
    C'était donc un signe distinctif non négligeable, puisqu'il permit à la métamorphe de débusquer son homme. Se levant, s'approchant de lui, elle sortit un poignard de sa manche avec discrétion, espérant pouvoir faire son boulot sans se faire remarquer, quoiqu'elle préfère largement les duels à la loyale. Ici, il y avait trop de monde, et pas forcément de son côté.
    Elle jura tout à coup : un homme venait d'interpeller sa cible, et de s'installer en face de celle-ci. Dommage...

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Le Relais est superbe au printemps [PV Elio] Sand-g10Lun 14 Mai - 0:56
La discrétion était quelque chose qu'Elio connaissait bien. Pas parce qu'il l'utilisait souvent, non. C'était plutôt comme apprendre le jour en côtoyant la nuit, la vie en arpentant les chemins de la mort. Ce genre de chose. Et puis Griev, son mentor à quatre pattes était comme une ombre. Le vieil animal avait suffisamment d'expérience pour ne pas se faire remarquer facilement malgré son mètre dix d'encolure. Et ses crocs. Et son allure tranquille et menaçante.
Bref, il fut donc assez naturel que ce soit en ébranlant tout le bâtiment que le jeune "ouvrit" la porte. Le terme de "clenche" encore un peu trop élaboré pour lui, il s'était contenté de pousser très fort. Enfin... De frapper très fort l'obstacle en bois de chêne. Et comme toute pièce en bois de chêne qui se respecte, celle-ci ne flancha pas.
Poussant un juron, il se mordit la main sous le regard exaspéré de son compagnon. Ce faisant, il remarqua une affiche sur le mur. Comme à Drayame. Elle portait son visage. Il l'arracha. Il n'était toujours pas capable de lire mais saisissait le sens de la chose depuis qu'on le lui avait expliqué. Il ajouté donc d'un grognement l'objet à la longue liste des mésaventure de la journée, le plia et le rangea dans une poche de sa veste. Puis retourna son attention sur la porte...


Vu de l'intérieur, la situation fut assez étrange. Lorsqu'un coup sourd résonna, les conversations baissèrent d'un cran. Puisque rien ne suivit, elles finirent par reprendre, plus timidement, cette fois. Puis l'entrée s'ouvrit bel et bien, laissant entrer... quelque chose d'assez étrange.
Les plus près pouvaient l'entendre marmonner :

"- J'pouvais l'ouvrir aussi, tu sais..."

Les autres se contentaient de son apparence. Ils avaient vu de nombreux gueux dans toute leur vie. Certains plus ou moins pauvres que d'autres. Mais celui-ci, c'était quelque chose. D'abord, il était jeune. Il ne devait sans doute pas dépasser la vingtaine. Ses cheveux bruns étaient gras. Désordonnés. Comme pour beaucoup des gens présents, certes. Mais la chemise salie par la crasse, et le temps et déchirée par moult mésaventure semblait presque inutile. Était-ce d'ailleurs vraiment nécessaire de parler de son pantalon ? Le cuir noir avait été autant martyrisé par d'étranges brûlures - sans doute des glissades - que par des traces de crocs et de griffes. La veste en elle-même était aussi une ruine et c'était juste un miracle que les poches ne soient pas toutes trouées. Des guenilles. Et pourtant, cet être possédait deux yeux verts luisant de détermination. Il ne semblait simplement pas se préoccuper de son apparence.

Des murmures d'hésitation suivirent son apparition. Lui, ne fit preuve d'aucun doute, marchand directement vers le tavernier. Ce dernier, l'observa d'un air peu rassuré. C'est donc en tremblant qu'il demanda :


- En quoi puis-je vous servir, messire ?

La remarque fit éclater de rire un mercenaire qui était proche. La situation se comprenait. Le terme de politesse employé pour un enfant qui ne semblait pas démontrer de force particulière semblait étrange. Mais les taverniers étant la plupart du temps conscient de ce qui est épinglé à la porte de leur possession, on passait rarement à côté des visages des gens recherché pour avoir provoqué plusieurs massacres seuls. Même lorsqu'il avait une apparence aussi frêle. Et le loup ne trompait pas.
Elio, lui, choisit d'ignorer son voisin et fixa le pauvre personnage d'un visage impassible.


- J'ai besoin de rentrer dans les galeries du crépuscule.

Trouvant enfin son échappatoire, l'homme pointa du doigt quelqu'un d'assez braillard dans le fond de la salle. Elio soupira, gratifiant son aide d'un "merci" tout aussi dénué de sentiments que son regard. Il se retourna dans le même mouvement, décidé à aller dans la direction précédemment indiquée. Mais un bras lui barrait le passage.

- C'est pas commun pour un gamin de venir dans ce genre d'endroit tard le soir...

Sans un regard pour l'exact cinquante-septième problème de la journée, il se contenta de lui saisir l'avant-bras d'une main et attendit alors que les petites étincelles argentées commencent à crépiter sous sa paume.
Son adversaire d'un instant retint un hurlement - on est un homme ou on ne l'est pas. Mais ses yeux horrifiés convainquirent Elio de lâcher prise en soupirant. La trace de ses doigts était marquée sous la forme d'une brûlure.
Le mercenaire grommela quelque chose - sans doute une insulte vu le ton... - puis s'écarta en essayant de garder un minimum de fierté.

D'un coup d'oeil, l'orphelin détailla vaguement la femme qui venait d'entrer. Une elfe, d'après ce qu'il en savait. Rien d'intéressant si elle était étrangère à la région.
Il reporta donc son attention sur sa cible. Contournant les tables qui semblaient dressées exprès sur son chemin, il s'arrêta à celle prévue avant de s'y appuyer, échangeant un duel de regard avec le fameux personnage. Ce dernier éclata de rire.

- J'aurais bien dit que vous êtes un mercenaire mais vos yeux farouches me laissent deviner que vous ne travailler pas pour qui que ce soit, l'humain...

Elio sourit à son tour, prenant la chaise. Autour de lui, les anciens "camarades" du joyeux luron choisirent sagement de s'écarter, mais pas trop loin au cas où les choses s'envenimeraient.

- J'ai perdu mon humanité il y a de ça quelque décennie. Mais certes, je ne "travail" pas. J'ai juste décidé de me rendre aux Galeries du crépuscule. On m'a dit que quelqu'un ici pourrait m'y mener. Et disons qu'on m'a aussi discrètement indiqué votre personne.

Il pencha la tête sur le côté, reprenant son air sérieux.
Son interlocuteur resta pensif un long moment, pesant le pour le contre. Risqué.

- J'ai mené pas mal de monde au casse-pipe là-bas. Tous avaient leurs raisons mais je suis curieux de connaître les tiennes. Un gamin décidé à mourir aussi jeune dans les profondeurs de la terre, ça n'a rien de commun.

La répartie fut immédiate. Reprenant son sourire, le jeune homme lui rétorqua :

- Vous me paraissez tout le contraire. Un vieillard comme les autres, déjà prêt à accepter sa propre mort. Votre présence dans un lieux pullulant d'hostilité à votre égard me paraît un geste quelque peu lâche.
Mais soit, si vous voulez le savoir...


La pierre à son cou se mit à briller comme éclairée de l'intérieur, jusqu'à prendre une intensité impressionnante. L'homme entendit clairement "Elrath" avant que cette dernière ne se dissipe.
Il pâlit. Les légendes concernant ce vieux mage étaient entrée dans les contes populaires. Mais certains - seulement parmi les plus entreprenant et les plus curieux - savaient qu'il avait vraiment foulé la terre il y avait de ça une vingtaine ou une trentaine d'année.
Mal assuré, il murmura :

- Je n'ai qu'à vous guider dans les sous-sols, n'est-ce pas ?

Elio acquiesça.

- J'ai pour habitude de me débrouiller seul. Protéger quelqu'un est bien trop ennuyant. Et je ne suis pas sûr de supporter votre caractère enthousiaste plus de quelques minutes.

Un silence gênant s'installa. Se prolongea... Une petite voix l'écarta un peu :

- Et en échange ?

Le gamin soupira en se grattant la tête.

- C'est pas comme si je possédait quoi que ce soit. Disons que je vous ramènerait un souvenir. C'est pas comme si vous y risquiez grand chose de toutes façon. Et je pense que certaines babioles sans intérêt pourraient valoir plus que de l'or aux yeux des imbéciles qui vivent ici...

Pas faux. Elrath était connu pour être un mage assez innovant. Il avait créé de ses mains une foule d'objets magiques tous plus étranges les uns que les autres. Et chacun d'eux pouvait valoir une fortune. Cette pierre étrange était d'ailleurs... sans doute...

- Bien, j'vous conseil de pas traîner, y a vraiment du monde qui ne vous veux pas du bien dans le coin, Alain.

Le "gamin" se leva d'un geste assuré en lançant un clin d'oeil au charretier. Ce fut l'éclair de compréhension. La pierre de vérité. Elle impliquait deux chose. Il pouvait vraiment savoir ce qu'il avançait. Et il ne mentait pas. Le visage d'Alain Drumi - car tel était son nom - devint en cet instant de la même couleur que les dalles d'un marbré blanc lorsqu'elles avait été posées. Et c'était peu dire. Il se leva et suivit aussitôt son protecteur hypothétique. Il lui était totalement étranger, n'agissait pas selon les convenances, semblait sauvage, bizarre, dangereux... Mais il avait besoin de lui. C'était suffisant. Il lança un regard apeuré à la foule, regard qui se voulait pourtant sûr et jovial. Un assassin était déjà présent ? Quelle farce... Ce bougre était donc bien un sacré salaud.

Elio quand à lui avait repris son allure inébranlable et inexpressive. Il jeta un regard à la foule, cherchant l'origine de ce qu'il avait ressentit en libérant le pouvoir de la pierre. Une envie de meurtre. Pas spécialement passionnée. Froide. Déterminée.

Griev semblait avoir dévêtu sa "cape d'invisibilité" puisque les gens formaient un cercle craintif autour d'eux. Comme d'habitude, le vieil animal lisait dans ses pensées. Le trio se dirigeait vers la sorti avec un espace vital de plus de deux mètres... Impossible de les agresser discrètement. Sauf par une arme à distance. Elio fixa son guide, se demandant quelle partie du visage on chercherait à transpercer d'une flèche. Risqué. Mais qui savait quel fou pouvait se trouver dans cet endroit ?
Étrange comme les gens s'étaient désintéressé de son cas alors que les conversations tranquilles reprenaient.

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Le Relais est superbe au printemps [PV Elio] Sand-g10Lun 14 Mai - 11:36
    La métamorphe gromella quelques mots dans la barbe qu'elle n'avait pas, et se glissa à une table libre, rangeant l'arme. Elle s'était certes attendu à ce que l'homme ne soit pas seul, mais une fois qu'elle l'avait aperçu, elle n'avait plus misé que sur ça. Alors qu'elle attrapa au vol une chopine qu'elle ne comptait pas boire, mais qui donnerait le change, elle arma discrètement son arbalète. Un carreau serait efficace... Mais bien moins discret. Soupirant, elle regarda de façon tout à fait désintéressée celui qui parlait avec sa cible : c'était un gamin aux étranges yeux verts, plus profonds que les siens, et qui paraissait bien plus vieux que la métamorphe ne l'était réellement. Mais celle-ci savait mieux que quiconque que les apparences étaient souvent trompeuses. Il semblait humain, mais elle semblait bien être une demi-elfe.
    Ils parlèrent un certain temps, mais elle ne put rien saisir, à cause du bruit ambiant. Si elle avait eu son corps elfique, ses sens surhumains auraient réussi à capter plus que les bribes qu'elle possédait à présent, et qui ne lui apprenait rien.
    Néanmoins, quand les deux hommes se levèrent, elle comprit à leur attitude qu'ils étaient au courant. Pour elle ou en général, elle ne savait pas : mais ils étaient méfiants et... Un loup ! Un énorme loup qui se tenaient avec eux. Une cercle de sécurité s'était établi dans un rayon impressionant, ce qui fit à nouveau jurer la métamorphe. Elle aurait pu le tuer dans son dos, d'un coup de poignard bien placé, mais dans l'actuel des choses, c'était impossible. Réfléchissant du plus vite qu'elle pouvait, évitant de succomber à son envie furieuse de sauter sur lui et de l'attaquer à l'épée, elle inspira profondément.
    Ils se dirigeaient vers la sortie... Là, là elle serait tranquille, dehors. Moins de témoins gênants, plus d'espace... Un coefficient mercenaire/mètre carré plus viable... Vidant la chopine par terre aussi discrètement que possible (trop d'alcool nuisait à ses capacités, sauf avec l'humaine qui était un pilier de comptoir), au milieu des autres flaques de toute façon inévitables dans ce lieu de beuveries, elle se leva, laissant le carreau enclenché dans l'arbalète, dague sur le point d'être sortie.
    Les deux hommes prirent la porte, et Aedis en quelques enjambées plus lestes qu'elle ne l'aurait souhaité rejoignit celle-ci, qu'elle ouvrit de façon tout à fait naturel, lançant au passage quelques pièces au tavernier. Ils étaient déjà quelques mètres plus loin, et la métamorphe se dirigea vers les écuries, suivant du coin de l'oeil sa cible. Elle hésitait encore : venir de front, le provoquer en duel et le tuer ? Ce n'était pas un gamin qui allait l'arrêter ! Ou alors, se poster quelque part, faire partir le carreau et le tuer net. Bien moins jouissif, il fallait l'avouer. Mais si elle réfléchissait trop, il risquait de s'en aller. Pesant rapidement le pour et le contre, elle grimaça. Se cachant derrière un mur, elle se baissa, posant ses genoux solidement au sol, ajusta sa visée... Et fit partir le carreau, qui fit siffler le vent le temps de sa course. Fermant les yeux, elle espérait de tout coeur ne pas avoir raté sa cible.
    Quoiqu'il arrive elle était repérée. Elle se leva donc, s'approchant du gamin et de l'homme (ou de son cadavre, c'est selon). Il fallait qu'elle donne une preuve que le boulot avait été réussi : s'il était mort, elle ramenerait ses effets. S'il ne l'était pas, elle le tuerait à l'épée...
    S'approchant donc des deux hommes, elle fit plus attention au visage du jeune homme. Elle le connaissait, elle le savait, elle l'avait déjà vu. Mais où ? Elle espérait juste que ce ne soit pas trop important.

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Le Relais est superbe au printemps [PV Elio] Sand-g10Lun 14 Mai - 14:30
- J'allais le faire...

Ils étaient à mi-chemin de la porte lorsque le chien-loup (car c'était un chien malgré son apparence effrayante) grogna à l'adresse de son compagnon. C'était un message d'alerte. Un conseil aussi. Vivement recommandé. Et pas si stupide que ça.
Il avait une pierre. Autant s'en servir. Mais à l'intérieur de la taverne... Avec autant de personne... Difficile de deviner qui était le danger potentiel. D'ailleurs, il n'en avait sentit qu'un seul de menaçant mais rien ne lui confirmait ce fait. Et les hypothétiques qu'il ne sentait pas lui apparaissait comme beaucoup plus menaçant. Principalement parce que pour ceux-ci, la cible ne serait pas l'homme qui se tenait à ses côtés...

La pierre de vérité se mit à luire d'un éclat violent, attirant vaguement l'attention de ceux qui se trouvaient proche. Elio, lui ferma les yeux, sondant les sentiments des gens autour de lui tout en leur offrant les siens. De la méfiance. De la haine. Et une foule d'autres, beaucoup moins importants.
Les humains - ce qu'il était plus ou moins... - étaient tout ce qu'il pouvait haïr. Et les raisons pour cela étaient nombreuses. Trop pour être citées. L'envie de meurtre était encore là. Présente. Accompagnée d'une rage muette, cette fois. Le gamin s'autorisa un sourire. Ils avaient quelques secondes de répit.
Il ouvrit la porte avec son air passif habituel, laissant Alain passer en premier. Lorsqu'il la referma, sans pour autant s'arrêter de marcher :


- Bon, on devrait avoir une vingtaine de secondes pour parler sans être entendu. Vous avez un cheval ?

L'homme nia d'un mouvement de la tête.

- Soit, trouvez en un rapidement. Non, Griev, je n'ai toujours pas l'intention de monter sur cette bestiole. On se débrouillera pour vous rattraper ensuite. Si un combat éclate, contentez vous de vous enfuir. C'est un jeu dans lequel nous excellons...

Il lui adressa un clin d'oeil et continua de le filer, derrière lui. Avec un sourire, il intensifia le pouvoir de la pierre. Quelqu'un était sorti, derrière eux. Elio sonda son coeur avec un sourire diabolique. C'était lui, pas de doute possible.
Il attendit qu'elle soit sur l'offensive, observant le personnage qui marchait en tremblant, bien conscient qu'il n'allait pas tarder à vivre quelque chose de pas très agréable. Alors, qu'allait-elle choisir ? La tête, le buste, la cuisse pour le ralentir ?
Non, elle avait clairement envie de le tuer. Simplement. Pas de s'amuser. Restait donc les points vitaux.
Il referma la main sur le couteau de cuisine rouillé, tendit le bras. La tête ? Le coeur ? Les poumons ? L'estomac peut-être ? Non, trop risqué. Il pouvait s'en tirer. Ne restait que la tête et le coeur. Ils étaient de dos...
C'était un pari risqué... Mais tirer sur le coeur de dos était beaucoup plus difficile à cause des côtes et de la colonne. Trop de chance pour le projectile d'être dévié. Les tireurs expérimentés le savaient. Il partait donc du principe : qu'il avait affaire à un tireur expérimenté ; qu'il avait affaire à un tireur doué ; qu'il n'y aurait pas d'évènements aléatoires.
Elle allait tirer. Il sentait les émotions tendues qui précèdent la tempête. Son bras se tendit lui aussi... Et zou. Il plaça sa main qui tenait fermement le couteau derrière le crâne de la cible. Il vérifia que le projectile avait bien été tiré. Pas le temps.
Il s'était trompé. Soit sur les évènements aléatoire, soit sur les capacités du tireur. Mais pas assez. Un peu surpris, il observa le carreau d'arbalète qui liait le manche du couteau à sa main. Le carreau était enfoncé jusqu'à l'empennage. Mais le couteau avait dévié le bout qui passait à ras du cou de l'homme qui venait de passer à côté de sa mort.

Elio soupira. C'était douloureux. Un peu stupide sa part de s'être servit de la main gauche. Mais la première partie de son plan génial était accomplie. Techniquement, ils ne recevraient plus de coup à distance. Ils n'avaient donc plus qu'à la retarder suffisamment pour laisser au bonhomme le temps de filer. Même si elle les suivait, le prochain coup serait à leur avantage.
Il laissa le chien-loup attraper un bout et, sous l'oeil surpris du charretier, brisa le projectile d'un coup de genoux. Puis avisa sa main. Elle saignait. Rien de grave de ce côté. Par contre, les os étaient brisés autour du trou. Chiant.
Il déchira en vitesse un pan de sa chemise assez immense et se confectionna un bandage - un peu l'arrache - en serrant et en grimaçant. L'animal gronda.


- Je sais... Mais on a pas le temps maintenant.

Les os tenaient, le sang ne coulait plus tant que ça...
Quant au couteau... Et bien... Il était plus ou moins difficilement concevable qu'il puisse encore s'en servir. Outre le trou, ce dernier avait provoqué une fissure assez radicale presque jusqu'à la pointe de la lame. C'était d'ailleurs un miracle que l'arme ait encore pu servir à quelque chose.
Il la balança en arrière, adressa un clin d'oeil à son guide qui ouvrait des yeux effarés et lui fit signe de filer. Ce que l'autre ne tarda pas à faire.

- C'est moins douloureux que le don, donc ça va.

Il sourit à son compagnon qui affichait une mine inquiète. Mais c'était vrai qu'il y avait difficilement pire que brûler vivant. Et les douleurs qu'il avait déjà expérimenté le laissaient de marbre devant cette nouvelle expérience.
Il se retourna, adressant un sourire à l'elfe qui courait vers eux.

- Tch... je refuse catégoriquement ce à quoi tu penses Griev. Je pars en dernier. De toutes façon, tu connais sincèrement quelqu'un capable de me rattraper dans une forêt ? Non le sanglier de l'autre coup ne compte pas... C'est pas régulier de faire la course en passant à travers les arbres...

Il ne lisait pas ses pensées. Il comprenait simplement ses poses et cris avec aisance. Et devinait le reste. L'animal faisait la même chose avec lui. Si bien que les paroles étaient plus ou moins inutiles. Mais Elio craignait d'oublier si il ne "répétait" pas.
Il se mit à lécher le bandage - assez inutilement d'ailleurs. La forêt n'était pas loin. Il n'aurait qu'une cinquantaine de mètres à parcourir. A partir de là, c'était facile. L'idée serait de laisser Griev filer la cible et le guider ensuite.
Il ferma les yeux. Oui, c'était parfait de cette manière.
Lorsqu'il les rouvrit, il sembla avoir quelque peu changé. Il avait une allure plus... sauvage. Ses yeux brillaient d'une soif de sang effrayante. Même sa posture étrange lui donnait l'air d'un animal. Il se mordait les lèvres, savourant à l'avance les quelques secondes de combat dont il allait bénéficier.
Griev à ses côté avait son penchant farouche. Mais il était d'autant plus effrayant qu'il ne montrait pas la rage folle du monstre. Juste cette détermination froide du tueur.

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Le Relais est superbe au printemps [PV Elio] Sand-g10Lun 14 Mai - 19:24
    Aedis continua à se diriger vers les deux hommes, surprise de la tournure des choses. Sa cible était toujours debout, mais s'était retournée, l'air hébété et vacillant. Vivant ?! Elle l'avait donc raté ? Imbécile ! Elle avait une arbalète faite par un artisan selon ses plans, une arbalète sur-mesure, et elle n'était pas foutue de savoir viser ? Elle se promit, une fois au calme, de passer quelques jours à s'entraîner à ça. Elle n'avait pas bossé des années pour faire de ce corps une arme élaborée pour que finalement elle gâche tout d'un coup malheureux ! Mais s'il n'y avait eu que ça...
    En se rapprochant à une vitesse assez raisonnable pour qu'elle ne soit pas épuisée une fois sur eux, elle fut voir le gamin se faire un bandage à la main gauche. Pourquoi ferait-il ça, si..? Elle comprit en un instant, et maudit ce mioche trop téméraire. Quel besoin avait-il eu de s'interposer ? Elle ne souhaitait pas le mêler à ça, elle avait tout de même une certaine dose de morale, même si cette dose était quelque peu... croupie et douteuse. Les femmes sans défense, les mioches... Vu son âge, les humains devaient le considérer comme un jeune adulte : mais il fallait bien avouer que la métamorphe avait une notion toute relative du temps. Avec ses 75 ans bien tassés, et sa possible immortalité, un humain de vingt ans lui paraissait bien peu de choses. S'approchant encore un peu, elle vit le guide s'enfuir, apparemment sous les conseils du garçon. Il fallait de toute façon qu'elle passe devant lui pour rejoindre cet homme qu'elle se devait de tuer. Elle espérait simplement qu'il ne tente rien de stupi...
    En s'approchant, son impression de déjà vu s'intensifia : son visage en général lui disait quelque chose. Pas quelqu'un qu'elle aurait rencontré, ou avec qui elle aurait parlé non... Plutôt une vague personne croisée dans la rue... Ce fut quand elle posa les yeux sur le loup (ou plutôt le chien-loup, maintenant qu'elle le voyait à la lumière du jour), qu'elle comprit instantanément. Et qu'un infime sentiment de peur s'insinua en elle. N'importe qui habitué et avec des sens suffisant saurait : l'odeur caractéristique de la transpiration si spécifique de l'angoisse, les battements de cœur quelques peu accélérés... La métamorphe ne savait pas que de tels signaux émanaient d'elle : elle sentait certes son cœur battre, et voilà la seule indication qu'elle avait. Elle tenta de résoudre ce problème, et inspira un bon coup, reprenant de l'assurance. Elle n'était peut-être pas recherchée, mais elle était douée aussi... Et tout à coup, le charretier lui parut bien moins intéressant par rapport à la prime qui était sur la tête de l'adolescent en face d'elle.


      - Pourquoi est-ce que tu te mêles des affaires qui ne te regardent pas ? Tu es blessé maintenant....


    Elle sourit et raffermit la prise qu'elle avait sur son épée. Un jour, elle en ferait une à la mesure de son arbalète : sur-mesure, adaptée au millimètre prêt à sa morphologie... Et là, elle lui donnerait un nom. Mais pour l'instant, elle avait du prêt-à-porter, et devait s'en contenter à cause de ses finances : elle n'achetait rien sans avoir le double de la somme demandée, "au cas où". Oui, un peu porté sur l'argent, le flambi machin bleu.

      - Qui es-tu ? Pas mal de gens te cherchent dans les environs, tu as du courage pour être venu au Relais...


    Elle se mit en garde, ce qu'elle venait de dire pouvait facilement être interprété comme une menace : en tout cas, si on lui avait dit ça, elle l'aurait pris ainsi.
    C'était dommage pour lui. Surtout qu'à la base, elle cherchait juste un pécore qui ne savait pas tenir sa langue.

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Le Relais est superbe au printemps [PV Elio] Sand-g10Lun 14 Mai - 20:56
Il perdu une fraction de seconde son air agressif. Son visage était retourné à une mine inexpressive.

- C'est une affaire qui me regarde puisque j'ai besoin de lui. Et puis blessé est un bien grand mot...

Avec un sourire il fit bouger sa main gauche. Quatre des doigts réagirent. Pas le majeur. Mais il les plia et déplia sans montrer la moindre émotion. Il sentit le regard réprobateur de Griev mais n'y prit pas garde. Après tout, l'idée était de gagner du temps. Puis de se faire la malle. Si ils pouvaient en profiter pour la blesser un peu... à la jambe ou quelque chose de ce genre...

- Et je préfère plutôt parler de fatalité que de courage, l'elfe... Enfin ce n'est pas comme si c'était quelque chose dont l'un de nous ce soucie vraiment.
Tch, Griev, c'est bien notre veine... Encore une épéiste... Je préfère les haches, les lances et les hallebardes... C'est quand même plus simple. Moi qui préfère me battre à la loyale...


Le loup poussa un grognement... De derrière le mercenaire. Elio fonça dans le même mouvement sur son adversaire, sa main gauche décidée à attraper la lame rutilante de la combattante. Impossible qu'elle traverse l'os sans élan. Il y laisserait au pire plusieurs jours sans sa main la plus habile. Le concept était simple. Deux fronts. Un combattant qui se servait d'une épée était entièrement focalisé sur cette dernière. Les pieds pouvaient servir en dernier recours mais Griev s'y attendait beaucoup trop pour se faire prendre par surprise.
La surprise jouait pour beaucoup dans ses victoires. Gagnées à la vitesse de l'éclair. Il n'avait aucun talent si ce n'était sa résistance mentale à la douleur et son agilité, c'est pourquoi il préférait finir ces moments là en une fraction de seconde.
Dans l'idéal, il saisirait le poignet tenant l'arme, l'obligerait à la lâcher et la saisirait à la gorge de l'autre main. Mais il savait bien que ce cas de figure n'était possible que contre un débutant ou une personne déjà impressionnée. Il y laisserait un peu plus de sang. Et ne pourrait sans doute pas donner de coup décisif. Mais qu'importe. Griev ferait son boulot.
L'objectif principal était simple aussi : endommager au maximum les capacités motrices en subissant un minimum de dégâts.
Au dernier moment, il avisa les dagues avec un sourire. Changement de plan...


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Le Relais est superbe au printemps [PV Elio] Sand-g10Lun 14 Mai - 22:25
    Aedis haussa les épaules. Après tout, ses questions étaient rhétoriques. Elle ne put néanmoins s'empêcher de sourire en voyant comment il avait éludé la question du nom. Elle se demandait s'il avait fait exprès, ou si c'était une habitude qu'il s'était donné avec le temps. Les gens peuvent devenir méfiants... Et si elle-même ne rechignait pas à donner son nom, c'était à cause de ses talents si spéciaux. Si un jour il lui arrivait quoi que ce soit, ce serait d'une facilité déconcertante de changer de vie. Personne n'avait connaissance de l'appropriation qu'elle avait faite de Kubrog Erm, elle n'avait du jouer avec qu'une fois ou deux, et toujours à l'abri des regards. L'elfe, elle avait vécu quelques temps avec chez ces espèces de lapins, puis était partie une fois que le régime végétarien lui avait tapé sur le système. Quant à l'aubergiste... Elle était assez commune pour se faufiler partout.
    C'est sur ces pensées un peu vagabondes que notre métamorphe fut plus ou moins surprise par le gamin.
    Oh, elle était toujours sur ses gardes, déjà qu'en temps normal elle était ouverte sur ses sens, mais pendant une phase d'intimidation, c'était encore plus le cas. Pourtant, encore une fois, ce fut l'imprévisibilité du mouvement qui la laissa de marbre. Ce gosse était fou, juste assez fou pour vouloir prendre en main ou sa main ou son épée. Une épée bâtarde a pour principale caractéristique son universalité : assez légère et précise pour être tenue à une main comme une broadsword, avec un bouclier, mais avec une poignet assez longue et une lame assez équilibrée pour être utilisée seule, comme un espadon ou une claymore. En ce sens, l'immobilisation ne la gêna pas outre mesure : elle n'utilisait jamais de bouclier.
    Quand elle sentit son poignet être attrapé avec succès par le gamin, elle lâcha la lame de la main gauche, sortant une dague avec laquelle elle tenta de frapper le gamin au niveau de l'estomac. Son coup était trop précipité pour être précis, et elle ne s'attarda pas à savoir si elle avait réussi.
    Parce qu'un second problème se profiler. Elle avait entendu du bruit derrière elle : un grondement sourd, agressif : le chien-loup ne semblait pas satisfait. Pivotant pour l'avoir à l’œil, elle tenta de dégager son bras droit d'un coup sec vers son adversaire.
    Si cela marchait, elle reculerait de quelques pas, pour avoir ses deux adversaires à l’œil, épée à nouveau en main, dague lâchée.
    Sinon, elle lâcherait sa lame, reculerait au risque de se trébucher sur l'animal et sortirait une seconde dague, se battant alors avec ces deux percemailles.

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Le Relais est superbe au printemps [PV Elio] Sand-g10Lun 14 Mai - 23:52
La suite des évènements lui échappa un peu. Il fut surpris. Déjà parce qu'il parvint à saisir la main droite de son adversaire sans trop de problème. Avait-il agit assez rapidement ? Où était-elle sous le choc du geste qu'il venait de faire ? Étonné par son échec, il changea ses plan une troisième fois pour en revenir à l'initial. Sa main droite se referma sur la gorge de sa cible alors que ses yeux prenaient une teinte argentée effarante.

- Elio, Héritier d'Elrath, pour répondre à ta question.

Sous ses doigts, la magie se mit à palpiter. Puis son bras prit feu. Tout simplement. Un feu d'argent aux reflets splendides. Ses ongles s'enfoncèrent dans la peau de l'elfe. Il sentit qu'elle forçait sur son bras gauche. Mais ne lâcha pas prise. Un sourire triomphant éclaira son visage diabolique. Puis disparu. Quelque chose de chaud coulait le longs de ses cuisses. Sans relâcher sa prises, il baissa les yeux sur la dague plantée dans son ventre.
Ses lèvres s'étirèrent à nouveau mais cette fois, son visage fut plus... triste.


- Pas trop tôt...

Les flammes se mirent à couvrir son corps entièrement. De son côté, Griev avait eu le temps d'agresser un mollet plutôt sévèrement avant qu'elle ne recule. Mauvaise idée, le chien s'y attendait aussi. Et ce fut la chute.

Elio la lâcha aussitôt. Un effort supplémentaire de sa part lui permit d'éteindre les flemmes autour de son corps. La marque de la brûlure était inscrite sur la gorge de la créature devant lui. Mais sa peau en était elle aussi couverte. Il s'écarta sans ménagement, rangeant dans une de ses poche la dague qu'il venait de lui dérober au moment de sa chute. Sa main gauche s'était faite entaillée mais ce n'était pas le principale problème.
Comme il s'y attendait, Griev s'était jetée sur la guerrière à terre, décidé à l'entraver au maximum sans prendre trop de risque, lui maintenant un bras et prêt à s'enfuir lorsque l'autre représenterait un danger.
Peu de temps donc.
L'orphelin tourna la tête dans l'autre direction. L'écurie. Trois chevaux attelés. Et... pourquoi pas ? Pas comme si il avait vraiment le choix... Il s'en approcha rapidement, en choisi un et utilisa la pierre de vérité pour lui faire comprendre ses intentions et surtout son problème.

Après quoi il grimpa maladroitement sur l'animal (non sans l'avoir détaché), sans scelle et lui souffla ses instructions toujours de la même manière. La créature sorti de l'écurie avec un étrange lien de confiance en son cavalier... qui n'était pas TOUT A FAIT réciproque. Ce dernier tentait d'ailleurs de se faire un bandage de fortune malgré les ballottements du cheval. C'était moche. Mais pas à l'endroit qu'il avait supposé d'abord. D'où le fait qu'il n'ait pas perdu toute son énergie en quelques secondes.
Mais les blessures à l'estomacs pouvaient tuer en quelques heures... Et même si il venait seulement de la recevoir, c'était peu. Il était mal. Quoi que...


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Le Relais est superbe au printemps [PV Elio] Sand-g10Mar 15 Mai - 18:01
    Aedis n'aimait pas la magie. C'était quelque chose qu'elle ne maîtrisait pas, et qu'elle ne prenait même pas la peine de découvrir : selon ses propres dires, rien ne valait la force brute d'une épée, ou la rapidité d'une flèche. La magie, dans son esprit étroit, c'était bon pour les soigneurs et les faibles.
    Sans doute changerait-elle d'avis sous peu. Elle ne connaissait pas Elrath : c'était simplement à ses oreilles un nom étrange, et peu importe que son adversaire soit né de Mars ou de Minerve, pourvu qu'elle arrive à le vaincre : c'était aussi valable pour Elio.
    La suite la prit sans doute encore plus au dépourvu : un type recherché ne peut être que fort... Mais ça ! Ça ! De la magie. Elle sentit sa main contre son cou, mais ne s’inquiéta pas outre mesure : il était frêle, même si sa poigne était plus forte que ce à quoi elle s'était attendue.
    Et tout à coup, une douleur. Vive, violente. Elle recula par réflexe, et hurla à la fois de peur et de douleur : le bras d'Elio était enflammé, et les flammes léchaient son cou, son menton, menaçant son visage. Alors que son mollet était mordu violemment par le chien-loup, elle ne le sentit pas. Ou plutôt, elle relativisa. Son adversaire prit entièrement feu, et ses yeux s'ouvrirent de terreur : ils allaient mourir. Tous les deux. Et elle n'en avait aucune envie. Elle recula, trop précipitamment, trébucha en lâchant ses armes. Il la lâcha, bien heureusement. Elle chuta, se fit asseoir dessus pendant qu'il fuyait. Elle en profita pour reprendre ses esprits, évacuer la douleur... Et tenter de rouler sur le côté. Elle n'y parvint qu'au moment où elle entendit un bruit de galop, et que l'animal se leva. Elle jura. Fort. Bien. C'était très moche dans la bouche d'une demoiselle, aussi peu féminine soit-elle. Elle se leva en grimaçant, et se dirigea vers l'écurie en boitillant. Dieu merci ce n'était pas son cheval.
    Mais il l'avait énervé. Terriblement énervé. Elle monta sur son cheval, et le talonna. Elle sentait sa peau noircie et douloureuse à la gorge, et ferma les yeux quelques secondes. La morsure était bien peu de choses face à la lancinante brûlure qu'elle ressentait. Elle avait des larmes aux yeux, mais ne comptaient pas abandonner. Il l'avait humilié, lui et sa bestiole...
    Mais en même temps, elle ne pouvait pas revenir de front. Inspirant longuement, elle réfléchit à la situation tout en sortant des fontes de quoi calmer la douleur. Il était très rapide, semblait ne pas se soucier des blessures... Et avait su qu'elle avait tiré un carreau. Et plus que tout, il trichait et utilisait la magie. L'attaquer, dans son état présent, ne serait que folie.
    Et puis elle était curieuse. Curieuse de savoir qui était ce gosse aux allures de mendiant qui arrivait à la tenir en respect. Elle n'était pas une bretteuse légendaire, mais sa maîtrise du combat comptait plus de soixante ans d'expérience... Elle ne pouvait rien faire. Elle avait mal, la douleur assourdissait ses sens, et sa jambe droite était à moitié hors d'usage. Elle sourit. Elle savait reconnaître ce genre de cas. Et cette situation la calma instantanément. Elle inspira, rangea les bandages, pommades d'achillée mille-feuille et autres pansements, fit ralentir le cheval, presque au pas.
    Elle finit par arriver dans une clairière. Elle espérait qu'Elio ne soit pas trop loin...
    Descendant de cheval, l'attachant par la bride à un arbre, elle tira une souche et s'assit dessus (ouh le vilain cliché), prenant toute la sacoche avec elle cette fois-ci. Ses armes, toutes ses armes, exceptée une dague posée en évidence à côté d'elle, étaient déposées à quelques mètres, par terre, et disposées de façon à ce qu'elle ne puisse pas les prendre rapidement. Elle était en position de faiblesse, elle le savait bien.


      - GAMIN ! JE SAIS PAS SI T'ES ENCORE DANS LES PARAGES, MAIS SI C'EST LE CAS, VIENT. DANS L’ÉTAT OU JE SUIS, JE POURRAIS RIEN TE FAIRE !


    Il n'était sûrement pas là, c'était stupide de sa part. Elle leva tout de même les bras au ciel quelques secondes, avant de reprendre, moins fort cette fois-ci.

      - Dans l'actuel des choses, je peux rien contre toi. Mais... J'ai des bandages, t'en as autant besoin que moi. En plus, je suis curieux de savoir ce que tu fais là, et qui tu es, plus en détail.


    Elle soupira, se donnant l'impression de parler toute seule.

      - Je te donne ma parole que je ne te ferais rien aujourd'hui.


    Et les dieux savaient à quel point sa parole avait de la valeur. Elle était sincère, ses promesses, elle les tenait toujours. La loyauté, voilà l'une des rares choses auxquelles elle tenait.
    En attendant qu'il ne vienne (ou pas), elle enleva ses bas-de-chausses et grimaça. Celle-ci étaient foutues, et sa jambe n'était pas belle. La douleur de sa gorge s'était atténuée, mais elle ne pouvait rien faire pour l'instant de toute façon. Prenant sa gourde, elle laissa couler de l'eau sur son mollet, et passa de la pommade d'achillée mille-feuilles directement après. Elle grimaça, mais c'était une gêne tout à fait tolérable. Puis elle commença à enrouler des bandages autour des marques de crocs...

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Le Relais est superbe au printemps [PV Elio] Sand-g10Mer 16 Mai - 3:23
Sa vision commençait déjà à devenir un peu trouble. Il pouvait ignorer facilement la douleur. Mais ses sens qui le trahissaient, c'était autre chose. Il sentait déjà son équilibre se fragiliser sur l'animal, lui qui n'y était déjà pas vraiment accoutumé...
Il utilisa la pierre pour savoir si elle le suivait. Même là, il n'arrivait plus à être sûr de lui. Quelques heures pour mourir. Oui. Mais combien avant de ne plus être en état de marcher ?

Et zou, un sursaut plus important que les autres et il était par terre, allongé sur le sol terreux. Il pesta et se releva avec difficulté. Son bandage s'était en partie défait et laissait couler du sang sur le sol. Ou... Il se mordit la lèvre, essayant de ne pas y penser.

Il tendit l'oreille en entendant un cri non loin. Il l'écouta, pensif, puis s'autorisa un sourire avant de s'approcher. L'avantage, lorsqu'on sondait le coeur des gens, c'était qu'on savait à quoi s'attendre. Il était aisé de connaître leur attachement à l'honneur et à la moral. Et pour elle, c'était acceptable. Elle venait d'annoncer qu'elle avait perdu.

Il se fraya un chemin entre les arbres vers la voix et vit l'elfe assise sur un tronc. Il grimaça en s'asseyant en silence contre un arbre, se tenant la poitrine. Du coin de l'oeil, il observa Griev qui ramenait déjà des herbes médicinales. Il sourit. Cet animal était juste fabuleux. Il fut presque surpris de constater qu'il avait AUSSI ramener de quoi soigner les brûlures. Chose qu'il ne prenait jamais la peine de faire pour lui.
ses yeux brillèrent de satisfaction. Fabuleux n'était peut être pas suffisant après tout. Il se connaissaient l'un l'autre sur le bout des ongles...
Il tendit la main vers le canidé qui y déposa le résultat de sa courte chasse, et commença à trier les herbes avec l'aide de son camarade à quatre pattes qui s'y connaissait presque... plus que lui...
Elio fit la moue, boudeur.


- J'm'occupait d'autre chose à cette époque... Bref...

Il se sentait fiévreux. Mais la situation s'améliorait. Il n'était pas si mal en point qu'il le pensait. Il observa sa main percée où subsistait désormais des traces de brûlures.

- Bien, je l'ai déjà dit mais je m'appelle Elio. Si ce prénom ne te plaît pas, tu peux toujours me trouver un surnom qui te convienne, j'en ai déjà une sacré ribambelle. "Le monstre du marais", "D95", la bête de la section trois, le démon de la forêt du sud... Bref, de quoi t'éclater.
Pour le reste, si on considère quelqu'un vis à vis de ses rêves et de ses convictions, je ne suis personne. Si on parle juste de rêve et de convictions, considère moi comme étant Elrath. Ou juste sa dernière volonté.
Wais, je savais pour la mandragore, Griev.


Il se mit à mâcher une partie de son futur remède, stoppant momentanément son discours. Puis appliqua le résultat sur la blessure à son ventre avant de manger d'autres herbes encore avec une appréhension enfantine.

]b]- C'est toujours aussi dégueulasse...
[/b]

Il s'avachit un peu pour faire tenir la pommade sur son ventre puis entrepris de défaire son bandage de fortune à la main gauche qu'il posa sur le sol avec d'infinie précautions, puis se mit à triturer étrangement pour remettre les débris d'os. Il avait déjà vu la "shaman" faire une bonne centaine de fois. Ça avait toujours paru facile. Il y avait juste la douleur en plus...

- Pour ce que je suis venu faire à la taverne ça n'a pas changé non plus. Je suis venu chercher un guide pour les Galeries du Crépuscule.
Griev, je sais qu'il faut désinfecter m'enfin t'aurais pu lécher avant... Tu viens de remettre le boxon...

L'animal lui adressa un sourire invisible mais moqueur. Elio soupira. Puis ramena des yeux de braise vers la mercenaire.

- Je méprise les mercenaires parce qu'ils me rappellent tous mes défauts, vieillarde sans rêve.

Il l'avait dit sans émotions, le regard aussitôt lointain.
Il entreprit de refaire le bandage de sa main droite avec plus de soin cette fois, demandant de l'aide au chien lorsque c'était nécessaire.


- Bien. Laisse moi deviner.

Il la détailla des pieds à la tête. Il ne l'avait pas remarqué tout de suite mais... Maintenant qu'il la voyait de près et l'étudiait avec attention...

- Illusionniste... Non... Pas exactement. Ça y ressemble. Je me demande...Hmm ?

Il observa le vieil animal. Puis la jeune femme.

- Mwais, bof. Pas terrible comme argument. Bon, tant pis. J'verrais ça plus tard.

Il ferma les yeux passivement.

- Bien, avant que tu ne m'assailles avec un lot de questions sans intérêt auxquelles je répondrais avec lassitude, j'aurais deux remarques à faire. La première est que vous êtes très agréable à... Tu pourrais arrêter de me brouiller la tête avec tes idioties, le clebs ?

Il ponctua sa remarque d'une tape de la main gauche sur la bête... D'où le juron qui suivit.
Et le regard noir.


- Je disais donc que la première concerne Elrath et la magie. Elrath était un dragon qui avait il y a quelques décennies menée de longues recherches sur la magie et les sentiments. Ou l'âme.
Et il y a une chose que l'on peut dire des magies banale que vous risquez de voir durant votre vie. On ne meurt pas plus tué par la lame d'un couteau que par un sortilège. Pas moins non plus cependant.


Il lui adresse un clin d'oeil moqueur. Son air terrifié lui revenait encore en mémoire, lui procurant un certain sentiment de... plaisir.

- La seconde... Griev, si tu ne la ferme pas j'te ferais avaler un sanglier par l'arrière train... c'est que vous devriez vous servir de ça.

Il lui tendit d'autres herbes qu'il avait mâchouille aussi.

- Les brûlures ne sont pas si graves. Surtout pour une... elfe...

Il échangea un regard avec le chien.

- mais paraît que certains trouvent ça douloureux...
Bien, des question capitaine ?


Il rajusta sa position contre le tronc. Il se sentait "mieux". Le fait d'être assis sans doute. Et que le sang ne coulait plus. Mais il allait avoir besoin d'eau avant de reprendre la route. Et de manger. Et de dormir. Tout ça pendant ce court cessez-le-feu d'une journée...

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Le Relais est superbe au printemps [PV Elio] Sand-g10Mer 16 Mai - 22:00
    Aedis vit le gamin s'approcher avec une surprise non dissimulée. Oh, bien sûr, elle l'avait appelé, l'avait invité à se montrer... Mais elle ne pensait pas qu'il aurait le courage de le faire : après tout, ils s'étaient battus et sa blessure à lui était bien plus importante que celle de la métamorphe, qui était plus impressionnante et douloureuse que dangereuse. Elle se demanda à quel point ce petit magicien était doué : il savait enflammer son corps, savait-il se soigner ? Voler ? Se transformer ? Elle haussa les épaules, chassant cas questions pour l'instant inutiles de son esprit, regardant le chien-loup de son antago... Non, aujourd'hui il ne l'était plus ; donc, elle regarda le chien-loup du mage apporter de quoi se soigner à son maître. Il semblait plus au fait des plantes médicinales à utiliser, contrairement à elle qui, à l'instar du narrateur moderne de notre histoire utilisant du doliprane pour tout et n'importe quoi, tournait à l'achillée mille-feuilles en tous ses dérivés.
    L'adolescent prit la parole, mais il ne semblait pas s'adresser à elle : sans doute à son chien-loup. Autre chose ? A l'époque ? Quelles paroles énigmatiques qu'il délivrait là ! Il finit par lui adresser la parole, se présentant à nouveau... Il semblait délirer un peu, elle ne lui en demandait pas tant. Elle ne savait pas qui était Elrath, et à dire vrai, si c'était encore un de ces mages, elle s'en fichait. Elle eut un sourire espiègle, et répondit avant qu'il ne parle à son clebs d'une plante, la mandragore :


      - Et bien... Enchantée Elio. Je m'appelle Aedis


    La suite de ses paroles stoppèrent son sourire presque amicale. Déjà, il détestait les mercenaires. A la fois ses propres agissements et la façon dont il la regardait, elle savait que ça la visait. Et la fin de sa phrase... "Vieillarde sans rêve" ? Que savait-il sur elle ? Il savait qu'elle était âgée, et ça ne se lisait pas sur son visage. Sans rêve... C'était sans doute vrai, mais elle s'en fichait. Les rêves, ce serait pour plus tard. L'instant ne méritait pas qu'on le rate : un rêve, ça sert à quoi, sinon à perdre de vue des objectifs réalisables ? Sur le court terme, elle désirait... Sur le long terme... Elle vivait, ou survivait, selon le moment. Piquée au vif, elle grogna :

      - Je ne suis pas si vieille... Et des rêves, tu n'en as apparemment pas plus que moi, gamin.


    Elle n'arrivait pas à l'appeler Elio. Il y avait cette distance qu'elle n'expliquait pas, l'impression qu'il n'était jamais totalement là, qu'il n'était pas totalement... Humain ? Matériel ? Elle secoua la tête : Elio semblait converser avec son animal, parlant d’illusionniste.... Finalement il répondit à ses questions muettes, certes à présent un peu en retard, mais elle fut tout de même intéressée par la réponse. Elrath, un dragon qui tripatouillait l'âme humaine ? Voilà qui était peu commun...

      - Sans doute qu'on ne meurt ni plus ni moins... Ca reste une chose dont je me méfie...


    Peut-être faudrait-il qu'elle apprenne les bases de tout ça : si elle connaissait un minimum de choses sur la magie, elle en connaîtrait quelques faiblesses aussi... Mais il fallait bien avouer qu'une décapitation propre et nette réglait pas mal des cas. Si on y parvenait.
    Elle sursauta quand il lui tendit l'espèce de bouillie qu'il avait faite. Elle pinça les lèvres, puis se détendit en prenant les plantes en main :


      - Merci beaucoup... Tu as assez de bandages ?


    Elle appliqua les plantes sur sa gorge : les blessures la brûlèrent quelques secondes, et une sensation agréable se répandit dans son corps. Tendant les rouleaux au jeune homme, elle fouilla dans les fontes, sortant un peu de fromage et du pain, tendant une partie des provisions à Elio.

      - Je ne suis pas une elfe, et quelque chose me dis que tu es au courant. Techniquement, j'ai le corps d'une demi-elfe... Ou demi-humaine c'est selon.


    Elle sourit sincèrement, et reprit, à la question suivante :

      - J'ai quelques questions, oui... Pas forcément très diplomates... Déjà, comment est-ce que tu sais tellement de choses sur moi ?


    Une fois qu'il eut répondu, elle continua, sans trop d'empressement :

      - Tu cherches à rejoindre les Galeries du Crépuscule... Et tu avais vraiment confiance en ce guide ? Même sans savoir ce que je sais sur lui, il m'avait l'air douteux...


    Et elle en savait quelques bribes, sur lui.

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Le Relais est superbe au printemps [PV Elio] Sand-g10Jeu 17 Mai - 2:40
Il l'observa longuement, la jaugeant. Griev avait raison donc. Ce n'était pas une elfe. Étrange. Elle en avait beaucoup de caractères pourtant. Elle avait aussi ce petit côté humain propre aux aventuriers. Un caractère normal donc. Mais y avait-il quelque chose en plus que le chien avait capté et qui lui échappait encore ? Dans l'allure peut être ? Ou à l'odeur ?

- Je ne sais pas "tant de choses" sur toi en particulier. J'apprend plus vite que les autres. Parce que l'univers que tu foules et fondé sur le mensonge et les secrets, la connaissances ne peut s'obtenir que par un regard pur.

Il passa sa main sous la chaîne qu'il avait à son cou, lui montrant le bijou d'un rouge sanguin qui brillait malgré la pénombre des feuilles.

- Cette pierre aide les gens qui veulent écouter la vérité en dissipant les illusion et en révélant le coeur des gens qui l'entourent. Ainsi, même si tu ne me le dis pas, je peux savoir qui tu es. Connaître ton nom. Tes peur. Tes envies. Tes doutes.

Il sourit.

- Ce qui serait assez ennuyant au final. Un guide reste un guide. C'est à moi d'apprendre. Ceci dit, si tu y avais porté un tant soit peu d'attention, tu l'aurais sentis. Ces sentiments qui émanent de moi.

Ses yeux reprirent une allure sérieuse et franche.

- On ne peut pas marcher sur un chemin de réalité quand on fait de sa propre vie une chimère. J'exige que le monde ne me cache rien en particulier. En retour, je juge normal d'imiter cet aspect. Et cette pierre aussi.

Il ferma les yeux, jugeant avoir suffisamment répondu au problème. Griev levait vers lui des yeux inquiets. Passive ou non, un ennemi restait un ennemi...
La seconde question vint sans tarder. Cette fois, le jeune homme rit. Brièvement mais franchement.


- Je hais les hommes.

Ses yeux étincelèrent.

- En faite je n'aime pas grand chose à part la spécialité de notre ancien professeur.
J'aime le hasard. Mais je ne m'y fie pas.
La mentalité des gens est une science et parfois les plus infidèles peuvent paraître les plus loyaux.
Cette homme reste un homme et il a peur de la mort comme tous les autres.


Son regard s'éteignit. Il jouait à taquiner Griev à l'aide d'un brin d'herbe. Le chien reniflait fortement pour lui montrer son agacement mais ne montrait pas d'avantage d'antipathie.

- A votre manière, vous êtes sa mort. Et moi le dernier rempart qu'il possède contre elle. Je l'effraie autant qu'il me juge utile. C'est suffisant pour qu'il me mène à bon port. Justement parce qu'il n'est pas digne de confiance et fait passer son intérêt avant celui des autres.
Et puis, puisque l'erreur est humaine, j'aurais pu me tromper. J'aurais avisé à ce moment là. C'est l'avantage de ne pas avoir de rêve. Chaque jour vient à nous. Et pas l'inverse.

Il soupira. Longuement. Puis leva la tête vers le ciel, cherchant de son regard d'émeraude l'éclat du soleil.

- C'est trouble, encore. Mais je me souviens d'une fillette qui avait un rêve autrefois. Elle était magnifique. Elle étincelait avec dans d'éclat dans un monde si obscure...

Il mit un temps avant de se rendre compte que son oeil droit pleurait. Il serra le poing et fit semblant de rien, continuant.

- Bref, je ne pourrais te critiquer de courir après l'argent. Les hommes qui ont le plus de valeur sont ceux qui s'accrochent à leurs idéaux, même les plus bas et les plus viles. Ce sont les seuls à avoir un impact dans l'histoire.

Il marqua un temps. La détailla à nouveau.

- Bien, changeforme qui abhorre la magie, je suppose que c'est ta seule capacité dans le domaine des arcanes ? Je pourrais même parier que c'est une capacité héréditaire ce qui expliquerait que tu ne soit jamais posé de question à ce sujet et que tu ignores autant de choses de cet art...

Il lui adressa un sourire moqueur. La magie de métamorphose... Il ne l'avait jamais vu avec son sixième sens mais il supposa que l'aura magique qui entourait la jeune femme devait correspondre. Un air d'illusion... la métamorphose y était d'une certaine manière liée. Les deux cherchaient à changer ce qui est. D'où cet air de ressemblance. Et puis (et surtout...), elle avait parlé de "corps" comme si elle en disposait de plusieurs...

- Je me demande quelle est ta véritable forme. J'espère pour toi qu'elle a des aptitudes au combat sinon tu pourrais avoir du mal à m'agresser...

Il éclata d'un rire jovial en jouant avec la pierre de vérité. La magie en général était quelque chose qu'il ne craignait pas. Mais par dessus tout celle-ci. Griev l'observa d'un air dépité.

- Bien, supposons que je pose une question aussi maintenant... Les enfants ont tous des rêves. Mêmes les plus brimés et les plus malheureux en possèdent. Alors pourquoi l'as-tu remplacé par cette soif pécuniaire ?
Qu'est-ce qui te fait lever la main contre ce que tu considère comme un être démuni et désarmé pour la simple raison qu'il possède son portrait sur toutes les auberges du pays ?
Oh allez, une seconde pour la peine.
Si jamais tu avais été certaine que toutes les ignominie citées sous cette affiche n'avaient jamais existé, aurais-tu tout de même agis de la sorte ? J'aimerais savoir à quel point tu es incohérente dans tes actes.


Ses yeux devinrent effrayant. Son sourire aussi. Il la fixait avec une intensité démente. Etudiant chaque mouvement du visage, chaque haussement de sourcil, chaque sursaut des lèvres, chaque goûte suintant à travers les pores de la peau...
Griev aboya, le faisant sursauter.


- Hum, désolé, ça m'arrive lorsque je réfléchit un peu trop. Paraît que les gens n'aiment pas... ce sale cabot lui-même n'apprécie pas spécialement...
Bien, après, tu n'es pas obligée de répondre... Si je pose la question c'est bien pour te laisser le choix. Comme je l'ai dit, j'aime le hasard.

Sa phrase mérita un grognement vexé alors qu'il se grattait le bras gauche, gêné. Puis, attendant la réponse, il retourna à son travail d'harassement à l'aide de son fidèle brin d'herbe qu'il magnait comme une épée - c'est à dire très mal.

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Le Relais est superbe au printemps [PV Elio] Sand-g10Mar 29 Mai - 9:57
    Une pierre qui dévoilait les âmes ? Aedis n'aimait pas ça. La magie en général ne lui paraissait pas de bon augure, mais quand en plus ça la gênait directement... Elle n'avait pas de lourd secret. Elle n'aimait certes pas qu'on dévoile sa nature, mais de la à cacher quelque chose de particulier...
    Elle sourit tristement. Si... Il y avait bien une chose dont aujourd'hui elle était la seule à se souvenir, et qu'elle n'avait jamais raconté. Pinçant les lèvres de façon très sèche, elle regarda fixement Elio. Savait-il ? Savait-il, pour ce jour ? Et connaissait-il toutes les conséquences que ça avait eu sur sa vie ? Son départ, ses voyages, son envie folle de tuer, ses crises de nerf et le temps qu'elle avait mis pour s'en remettre... Et le souvenir doux-amer qui habitait encore ses sens, et qui la faisait se réveiller, transie, nerveuse, accablée, certaines nuits...
    Elle secoua la tête. Les faits étaient là, terminés depuis un demi-siècle à peu de choses prêt... Pourquoi encore se casser la tête là-dessus ? Qu'il ne sache ou qu'il ne sache pas, voilà qui lui importait... peu ? Fermant les yeux douloureusement, elle inspira profondément, et se remit de son émotion à grand peine.


      - Mes sentiments ? On me dit impulsive, je les suis parfois. Mais ils mènent parfois bien trop loin... Je n'ai, à ma connaissance, jamais fait de promesses que je n'ai pu tenir. Qu'importe ce que je pense, ce que je suis. Si je suis utile, si je peux oublier un instant...


    Oublier quoi ? A vrai dire elle ne parvenait pas à exprimer son ressenti convenablement. Elle ne parvenait pas à s'expliquer... Quand... Quand elle était partie, quand elle avait commencé à vivre de sa lame, c'était d'abord pour oublier le chagrin. Puis, les années passées, elle avait appris à oublier, et à ne pas faire attention aux bribes éparses qui restaient. Parfois, par vague, elle se laissait submerger. Elle trouvait des substitus à la Fièvre, comme la boisson...
    Elio continua, parlant de pierre, d'imitation et de sincérité. Aedis ne comprit pas, et ne releva pas. Tant pis, elle posa sa questions suivante.
    Haïr les hommes ? Ce n'était pas un sentiment qu'elle arrivait à comprendre totalement. L'idée ne lui était pas étrangère, mais elle n'arrivait pas à l'étendre à tous : détester une personne, un groupe de personnes, pourquoi pas... Mais tous les hommes étaient différents. Elle avait connu un jour une demoiselle, qui était la personne la plus conciliatrice, gentille et adorable personne qu'elle connaissait. Bien sûr, elle avait en son sein des idées mauvaises, elle n'était pas pure, loin de là. Mais elle faisait son possible pour aider tout un chacun. Elle ne faisait pas de mal, essayait de concilier tous les aspects de sa vie, tous les gens qu'elle croisait... Elle n'aimait pas certaines personnes, mais les aidait de même, comme si c'était la seule chose importante. Et elle-même n'était pas heureuse. Entourée de sa famille, de ses amis, de son amour, elle ne parvenait pas à trouver un équilibre. Elle ne parvenait pas à être en paix avec elle-même, cherchant sans cesse à aider les autres à sortir de leurs problèmes. Même si ça lui faisait du mal. Elle n'était pas aimée de tous, elle en avait conscience. Mais de nature calme et flegmatique, nul doute qu'elle méritait plus d'attention qu'on en avait pour elle. Intérieurement, elle se plaignait... Extérieurement, elle paraissait toujours égale à elle-même, mis à part lors de crises de larmes d'où son entourage tentait de la sortir. Mais ses pensées moroses la poursuivaient.
    Toujours est-il qu'on ne peut réellement haïr un monde comprenant à la fois des personnes comme ça, malgré les incapables, les imbéciles et les meurtriers. Et les charretiers indignes de confiance.


      - Et si je n'avais pas été là ? Si vous n'aviez pas été le dernier rempart contre sa mort ?


    Elle commença à le vouvoyer, elle ne parvenait plus à le comprendre, il était plus mature qu'elle. Raison pour le respecter plus. Elle n'allait pas dire qu'elle l'appréciait, mais elle ne le comprenait pas, ce qui le rendait... Intéressant.
    La suite de son discours était étrange... Elle ne savait pas si c'était une critique ou un compliment, et choisi de l'éloigner d'un coup de tête. Puis il la décrit : changeforme qui abhorre la magie ? Elle rit. Franchement, clairement. Il n'était pas un menteur, il était surprenant.


      - Métamorphe... Du moins c'est comme ça que je m'appelle. Et oui, c'est héréditaire. C'est ce qui m'a servi de mère qui me l'a transmis. Je ne cherche pas à en savoir plus car mes capacités me conviennent déjà... Ma véritable forme peut vaguement être offensive, mais elle est indestructible, surtout...


    Elle pouvait lui révéler, elle ne la prenait jamais. Trop étrange. Sauf pour les missions d'infiltration, où pouvoir se glisser sous les porte était un énorme avantage.
    La suite la fit déchanter, stoppant son rire net.


      - Combattre m'a aidé un temps... Puis est devenu comme une drogue pour moi. Gagner de l'argent est un petit plus pas désagréable. Elle inspira, réfléchissant intensément, car elle n'était pas sûre elle-même de la réponse : Si j'en avais été certaine... J'aimerais me dire que je ne t'aurais pas touché. Mais je n'en sais rien... Peut-être que la Fièvre aurait été plus forte, si j'avais déjà lancé mon geste ? Et d'aillleurs... Est-ce le cas ?


    Elle reprit un léger sourire, un peu plus assurée. Elle avait répondu ce qu'elle pensait être le plus sincère, sans que ce soit réellement une réponse... L'état dans lequel s'était mis Elio ne l'avait pas effrayé. Elle l'avait déjà trop été pour vouloir l'être encore.

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Le Relais est superbe au printemps [PV Elio] Sand-g10Mer 6 Juin - 19:07
Il resta silencieux un long moment, l'écoutant parler. Il avait cessé d'importuner son camarade, trop fatigué par ses propres blessures pour continuer à perdre de l'énergie inutilement.
Les yeux fermés, les lèvres formant un vague sourire - trop pour être véritable - il semblait presque dormir d'un sommeil profond. Si les abysses où son esprit se perdait avaient effectivement une taille impressionnante, il était pourtant encore éveillé.
Ses lèvres s'entre-ouvrirent dans un souffle doux.


- Il semble que ma façon d'agir ne soit trop simple et franche pour que les autres puissent simplement la comprendre...
Si vous n'aviez pas été là, je me serais simplement servit d'une autre facette de sa personnalité. La soif de pouvoir, d'argent... il est de nombreuses promesses que je peux tenir, demoiselle. Aucune que je fasse, malheureusement. L'honneur est une chose bien trop précieuse pour la gâcher sur de simples mots.

Il soupira. Longuement, profondément. Griev poussa un gémissement en posant sa tête sur sa cuisse, fermant lui aussi les yeux.

- Vous êtes envers vous comme vous êtes envers le monde... Un mirage... Insaisissable, manipulatrice. Les gens qui cherchent à oublier cherchent toujours à se tromper eux-même...
Leurs mots sont pour eux des chimères auxquelles ils croient parfois si durement qu'ils en meurent... Et n'emportent avec eux qu'un parfum amer d'une vie vide de sens.
Pour ma part, j'évite de mélanger passion et actes irréversibles. C'est un ensemble qui provoquent toujours trop de regrets.
Bien, j'avoue être curieux. Un être sans honneur. Sans fierté. Sans devoir. Sans famille. Sans moeur. Sans ambition. Comment peut-il semblait prendre part à un duel ou une bataille... Surtout lorsqu'elles ne sont pas les siennes...


Son sourire s'intensifia, sans se défaire de son allure forcée. Il ouvrit à nouveau ses yeux d'émeraude qui, cette fois, prenaient des reflets d'argent.

- Aedis H. Darrek, changeforme qui ignore plus encore des autres que d'elle-même, vous souhaiteriez connaître la vérité parmi toutes les légendes qui circulent à mon sujet ?
Ce n'est pas que je n'apprécie guère les histoires... J'en suis au contraire très friand. Mais j'en ignore encore la plus grande part. De plus, en quoi mes mots vous paraîtraient plus réels que ceux d'un autre ?
Après tout, je suis un criminel... Menteur, fou, myope ou à moitié sourd... Tant de raison qui pourrait discréditer la plupart des conteurs...
Mais si vous le souhaitez, je peux vous narrez une histoire un peu sombre qui commence il y a déjà plusieurs décennies et dont la suite s'écrit encore aujourd'hui. Une histoire qu'on ne raconte pas aux enfants dont les yeux brillent encore de rêves glorieux. Une histoire où tous perdent leur fierté et le monde ses couleurs. Une histoire qui vous ferait perdre foi dans l'humanité, dans les démons, les elfes et tout ce en quoi quiconque aurait pu croire. Une histoire où le sang et les os brisés sont monnaie courante. Banalité. Une histoire qui reflète une infime partie de la vérité de ce monde. Mais suffisamment pour vous faire perdre l'envie de vivre à jamais...


La lueur s'éteignit et il ferma les yeux, reprenant d'un ton un peu plus jovial.

- Mais l'ambiance idéal pour ce genre de ragot serait plutôt au bout d'un long couloir au fin fond de ces montagnes... Et il est même possible que là-bas, on vous la raconte bien mieux que moi...

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